Danièle Obono, future Marianne ?

OBONO-

On peut dire que Danièle Obono revient de loin. En juillet dernier, la députée de Paris se voyait reprocher un tweet sur Jean Castex, nouveau Premier ministre : « Nom : Jean Castex. Profil : homme blanc de droite bien techno & gros cumulard. »

Pris séparément, ces mots relevaient du simple constat. Ou presque : il y a largement plus gros comme homme politique en France. Jean Castex est un homme, il est blanc, il est de droite - enfin, c’est ce qu’on dit - et, effectivement, il cumule les fonctions. Mais mis bout à bout, tout cela prenait un tout autre relief. C’est la magie des mots. Et certains avaient même cru voir du racisme dans ce tweet. Par exemple, la députée LREM des Bouches-du-Rhône, Anne-Laurence Petel : « Le racisme ordinaire des racialistes de l’extrême gauche est le même que celui du RN. Seule la cible change. » Si tant est que le RN soit raciste, mais passons : ça fait partie du kit de survie du petit macroniste en campagne. Samedi, la même Anne-Laurence Petel reprenait, sur son compte Twitter, c'est-à-dire à son compte, la réaction de Christophe Castaner apportant son soutien à Danièle Obono après la publication de Valeurs actuelles la représentant en esclave : « Racisme ordinaire d’un journal prétendu d’opinion. » Il est vrai qu'être représentée en esclave dans une fiction est autrement plus grave que d'être caricaturée en étron, comme ce fut le cas pour Marine Le Pen.

En 2017, alors qu’elle venait tout juste d’être élue députée de la République, l’Insoumise Danièle Obono s’exclamait, sur le plateau des « Grandes Gueules » de RMC : « Je peux dire “Vive la France”. Mais pourquoi, en soi ? Le 14 juillet ? Vous voulez que je me mette au garde-à-vous et que je chante la Marseillaise ? » Le journaliste Alain Marschall venait de l’interpeller en lui posant cette question : « Avec votre parcours, être devenue députée, vous dîtes “Vive la France” ? » Allusion à la pétition que Danièle Obono avait signée, en 2012, pour soutenir le groupe ZEP, attaqué en justice pour son titre évocateur « Nique la France ».

Aujourd’hui, on ne sait toujours pas si Danièle Obono chante « La Marseillaise », mais elle déclare : « J’ai mal à ma République, j’ai mal à ma France. » C’est sans doute vrai. Mais elle a mal comment ? Comme ces Français qui se sentaient insultés par ce « Nique la France » ? En 2017, elle embarrassait un peu La France insoumise lorsqu'elle peinait à se démarquer franchement des propos sulfureux de son ancienne camarade Houria Bouteldja, du Parti des indigènes de la République. Aujourd'hui, La France insoumise fait bloc comme un seul homme derrière elle.

Effectivement, Danièle Obono revient de loin. Elle est même sans doute bien partie pour être statufiée en Marianne, vu l'unanimité des soutiens dont elle est gratifiée de gauche à droite. Un observateur un peu cynique pourrait même s’exclamer, à propos de l’article de Valeurs actuelles, « O felix culpa ! » (« Ô heureuse faute ! »).

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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