Notre-Dame-des-Landes : maintenant, il faut aller jusqu’au bout

Troisième jour d’intervention des forces de l’ordre dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. "Les affrontements continuent…", titre Ouest-France. BFM TV relaye les appels au « retour à la négociation ». Un peu comme si nous étions dans un conflit entre deux pays qui se font la guerre pour, par exemple, un litige territorial. Ouest-France, encore, évoque le communiqué de France nature environnement, fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement, qui appelle à "l’arrêt sans délai de l’intervention sur la ZAD de Notre-Dames-des-Landes, afin de sortir de la spirale des affrontements". Et cette fédération d’ajouter : "Tout retard dans cette décision rendra plus difficile la recherche de solutions négociées ultérieures." L’expression "spirale des affrontements" renvoie en quelque sorte dos à dos les « forces en présence » qui, donc, auraient – c’est sous-entendu – chacune leur part dans cette "spirale".

C’est donc mettre sur le même plan ceux qui usent de la force comme loi avec ceux qui ont la force de la loi. C’est aussi faire fi des décisions de Justice sur lesquelles s’adosse l’intervention de la gendarmerie sur la zone. Comme le rappelait, en début de semaine, le général Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale, les vingt-cinq escadrons de gendarmerie mobile engagés à notre-Dame-des-Landes n’interviennent pas dans le cadre d’une opération de maintien de l’ordre mais pour appuyer l’exécution de décisions de Justice, notifiées par voie d'huissier - en l’occurrence l’expulsion des zadistes qui occupent illégalement le site. Le gouvernement n’a donc pas à négocier. L’État a trop laissé pourrir depuis des années la situation. Cette violence, qui est le fait des zadistes (voyez les images de ces gendarmes imperturbables face aux provocations verbales de certains de ces cagoulés…), est en fait proportionnelle à la durée du pourrissement de la situation.

D’une certaine façon, cette situation est d’ailleurs l’illustration en réduction, comme une tragédie classique, une allégorie, de ces situations que connaissent nombre de zones abandonnées depuis des décennies par la République. On a laissé faire. On a laissé pourrir. On a voulu discuter, concilier, dialoguer. Et un « beau matin », on a découvert que la République était reçue à coups de balles de pétanque ou de kalachnikov et qu’on n’avait pas besoin d’elle pour faire la loi, qu’à la limite on pourrait presque se passer de ses aides sociales argent de poche quand le trafic de la drogue est autrement plus juteux. Au fond, c’est bien ce que disent les zadistes les plus extrêmes : on peut, on veut faire notre propre loi. La loi de la jungle. Alors, exit de notre zone, de notre république. Encore un peu et on en appellera à l'ONU !

Et comme s’il n’y avait pas assez de confusion des « valeurs » dans les esprits, ne voilà-t-il pas qu’un député LREM, Matthieu Orphelin, élu de Maine-et-Loire, en "appelle à une pause dans l’opération pour permettre l’arrêt des affrontements et la reprise du dialogue". Entre autres arguments : les risques que cette opération fait courir "à nos gendarmes et à ceux, non violents, qui tentent de construire l’avenir de ces territoires". Et d’ajouter : "Une telle pause permettrait de protéger l’ensemble des personnes sur place, et en premier lieu les gendarmes face à l’afflux de personnes ultra-violentes sur le site." Tiens, une idée qu’aurait pu avoir Ségolène Royal : et si on mobilisait vingt-cinq compagnies de CRS pour protéger les vingt-cinq escadrons de gendarmerie !

Cet ancien d’Europe Écologie Les Verts découvre donc d’un coup que l’eau peut mouiller et le feu tuer. Pouce, dit-il. Alors que les Français veulent entendre : force à la loi ! Partout sur le territoire de la République. Le plus dur reste à faire...

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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