« Les missiles arrivent… » Emmanuel Macron peut-il sérieusement s’aligner sur les tweets de Trump ?

Après l'attaque présumée de Bachar el-Assad avec armes chimiques contre la Ghouta orientale – à moins de 20 km de Damas - que Le Monde qualifie de "carnage", les débats s’enflamment, les studios tremblent de face-à-face contradictoires, la bataille fait rage sur les ondes. À l'évidence, l'opinion des experts et autres chroniqueurs de l'Hexagone est plus que discordante !

Le Président, drapé du manteau de la morale et brandissant le flambeau des droits de l'homme, fait chorus avec les Occidentaux et, surtout, le plus imprévisible d'entre eux, Trump, qui vient malheureusement d'entrer une nouvelle fois dans l'Histoire avec ce nouveau tweet : "Tiens-toi prête, Russie, les missiles arrivent..."

Le va-t-en-guerre qui menaçait il y a peu de « carboniser » la Corée du Nord avertit le régime syrien d'une réponse rapide avec des frappes militaires. Macron semble se laisser un délai pour envisager des attaques ciblées contre les seules capacités chimiques de Damas. Il subordonne sa décision au jugement de l'Organisation internationale sur les armes chimiques (OIAC), laquelle a annoncé l’envoi prochain, sur place, d’une équipe pour enquêter. Wait and see...

Décidément, le chimique empoisonne la vie internationale ! Après l'affaire Skripal mettant en cause un président russe en pleine élection, voici que Bachar el-Assad utilise ses terribles – et dernières - cartouches pour concrétiser une victoire quasi totale contre ses insurgés. Deux cas qui ne manquent pas d’interroger les esprits lucides et logiques, voire même simples ?

Lesquels peuvent aussi être impressionnés par les termes belliqueux employés. Pour justifier les actions militaires envisagées, on entend « riposte », ce qui signifie contre-attaque. Sommes-nous menacés par la Syrie ? On argue également de « représailles », ce qui vaut punition. Et c'est alors la morale qui est brandie.

Une stratégie internationale réaliste de la paix repose-t-elle vraiment sur la morale ? La charte de l'ONU en fait-elle son premier principe ?

Pour revenir aux réalités, rappelons-nous l'intervention, il y a un an, du président fraîchement élu des USA , sous un prétexte identique, avec le bombardement d'une base aérienne syrienne. Résultat ? Ou bien elle fut efficace et dissuasive et, donc, Bachar n'est pas responsable de la réplique constatée avec force images par les ONG locales. Dans le cas contraire, elle fut inutile...

Plus antérieurement encore, les postures guerrières de Hollande et Fabius en 2013 pour défaire « le boucher de Damas » furent déçues par un autre président des États-Unis sans doute plus réaliste et moins boutefeu que l'actuel...

Saura-t-on, jeudi à 13 heures chez Pernaut, si Macron a pris une décision ou rendra-t-il compte de l'opération dimanche soir à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, deux journalistes voraces et pugnaces, d'une opération déjà menée et de ses résultats probants ?

En attendant, les petites gesticulations et provocations égayent le théâtre du conflit moyen-oriental. Une dernière facétie du jeu dissuasif semble avoir été menée par l'aviation russe au-dessus de notre frégate Aquitaine, déployée en Méditerranée orientale, qui selon certaines informations aurait été menacée par une posture « agressive ».

Mais ne serait-ce pas un petit signal encore « amical » de Poutine de ne pas envoyer un missile de croisière - dont est armé ce bâtiment - pour prévenir une éventuelle escalade plus ou moins contrôlée ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:56.
Henri Gizardin
Henri Gizardin
Ancien pilote de chasse - Son blog.

Pour ne rien rater

Revivez le Grand oral des candidats de droite

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois