Un couac dans la réforme de la CSG : les retraités en maison de retraite
Pour augmenter les revenus des actifs, M. Macron va voler, par l’intermédiaire de la CSG, dix millions de retraités. Ils perdront, en moyenne, 280 € par an. Pour compenser cette spoliation, le pouvoir veut utiliser « l’exonération » de la taxe d’habitation. Or, 15 à 20 % des retraités encore à leur domicile n’en bénéficieront pas. Pour ceux qui en profiteront, le gain sera en moyenne de 600 €, donc, au final, avec les deux réformes, le résultat sera neutre pour un couple, mais positif pour une personne seule. Cependant, la hausse de la CSG est immédiate alors que la taxe d’habitation ne baissera que de 33 % en 2018 ; 60 % des retraités éprouveront une perte substantielle pendant au moins deux ans.
La baisse continuera-t-elle en 2019 et en 2020 ? Et si le gouvernement était amené, par la conjoncture, à différer sa promesse ? Notre pays est sur le fil du rasoir ; il n’a aucune marge et s’il était une entreprise, il serait en faillite. Que se passera-t-il en cas de nouvelle crise ?
En outre, cette baisse de la taxe d’habitation ne sera-t-elle pas, au final, un marché de dupes ? L’État compensera les neuf milliards de pertes auprès des collectivités locales, mais il diminuera en même temps leurs dotations de treize milliards et il exige qu’elles augmentent leurs dépenses moins que l’inflation, ce qui est absolument impossible. Résultat : la taxe d’habitation pour ceux qui la paieront encore et les impôts fonciers (qui est un impôt sur le capital au même titre que l’ISF) exploseront de 20 à 30 %.
Mais, brutalement, le pouvoir vient de découvrir une catégorie de retraités à laquelle il n’avait pas pensé (ce qui prouve son amateurisme !) : les 600.000 personnes âgées qui vivent dans des maisons de retraite et qui ne payent pas de taxes d’habitation. Elles n’auront donc aucune compensation. Or, souvent, elles voient leur pension entièrement mangée par leur loyer et elles doivent parfois puiser dans leurs économies (si elles en ont) ou demander à leurs descendants de les aider. Leur enlever 300 € sera donc dramatique et provoquera l’indignation de l’opinion, déjà remontée contre M. Macron.
Du coup, le pouvoir imagine des solutions acrobatiques. En fait, les établissements payent une taxe d’habitation (comme tous les professionnels) qui est ensuite répercutée dans les tarifs. On supprimerait cette dernière, mais l’opération risque d’être délicate constitutionnellement. Comment n’exempter légalement que certains établissements et pas d’autres ? Ensuite, comment s’assurer que les usagers profitent de cette suppression ? Naturellement, les maisons de retraite confisqueront à leur profit la baisse de cette taxe et le gouvernement sera incapable de les empêcher, car les tarifs sont libres. Même si, par miracle, ces établissements jouaient le jeu, leurs pensionnaires ne récupéreraient que 150 €, bien moins que ce qu’ils vont perdre avec la hausse de la CSG. Non, rien à faire : M. Macron va une nouvelle fois passer pour le Président qui spolie les pauvres.
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