Le haut-commissaire au Plan, M. François Bayrou, a présenté hier son plan de relance de la natalité française. Voilà une nouvelle que l'on pourrait entendre aux« Actualités françaises » des années 1960. Il n'y manquerait que le folklore des années de Gaulle : serrements de mains, lunettes en écaille, ballet des DS noires... À tout cela ont succédé des visages interchangeables, masqués de papier pour éviter la « terrible pandémie », des gestes malhabiles, des Citroën tristes et des costumes trop petits. Sic transit gloria mundi.

Bref. Que dit le Haut Commissaire ? Pas-grand chose de neuf, à vrai dire: il manque 40 à 50.000 naissances par an pour permettre un vrai renouvellement des générations. Dans un système qui fait payer les jeunes pour la retraite des vieux (la célèbre « retraite par répartition », que le monde entier, au même titre que l'Éducation nationale ou la Sécurité sociale, nous envie), ce n'est pas anodin.

Partant de là, il y a deux solutions. La jeunesse, en effet, est comme n'importe quelle matière première : soit on la fabrique soi-même, soit on l'importe. M. Bayrou préconise donc, avec un sens du compromis typique de sa formation politique, un mélange d'incitation à la natalité et d'immigration. D'aucuns, sans doute les plus nombreux, voudraient un « tout immigration », soit l'accueil inconditionnel de ces Zodiac™ d'ingénieurs atomistes polyglottes qui viennent jusque sur nos côtes chercher avec bienveillance une patrie d'adoption. Seulement voilà - et le commissaire au Plan a raison de le rappeler -, ce n'est pas une solution viable. « D'abord parce que l'impact sur la démographie n'est pas immédiat et ensuite parce que cela présente des difficultés sociales et culturelles. »

S'en remettre à la fécondité des ménages français, il n'en est pas question non plus, me direz-vous. On a perdu l'habitude. Au-delà de 1,7 enfant en moyenne, on est dans la science-fiction. Une mère de famille nombreuse, c'est mal vu : d'abord, c'est bien connu, elle ne travaille pas, donc elle ne fiche rien. Ensuite, si elle renonce à une carrière (très important, la carrière), c'est parce que son mari la bat ou parce qu'elle est bête comme une valise. Il n'y a pas d'autre explication. Et puis, je ne vous parle pas de l'empreinte carbone de 4, 5 ou 6 enfants. Monstrueux. Un vilain geste pour la planète. Sans compter que les régimes qui glorifièrent la maternité furent principalement d'affreux régimes totalitaires, nauséabonds et à l'origine des heures les plus sombres, etc.

On peut, ici, saluer la relative clairvoyance du commissaire au Plan en ce qui concerne les « difficultés sociales et culturelles » liées à une immigration de peuplement. Cependant, je pense que l'on peut aussi regretter que la France ne soit pas capable de se renouveler elle-même, non seulement du fait de la paupérisation de sa population, mais aussi à cause d'un modèle de société complètement fou qui rembourse les avortements mais n'aide pas les ménages, exalte l'émancipation des femmes à coups de « plans de parité » absurdes mais leur dénie la possibilité matérielle, si elles le veulent, de fonder et de maintenir un foyer.

Marion Maréchal déclarait, hier, que la France de 2050 risquait, si l'on continuait sur cette lancée, d'avoir un peuple « de souche » minoritaire. Jean-Luc Mélenchon s'en félicitait, ce week-end, devant un parterre de septuagénaires, enchantés d'applaudir à leur propre disparition.

À quoi ressemblera la France de 2050 ? À ce que nous aurons fait, collectivement, et pas seulement d'un point de vue intellectuel ou économique.

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17 mai 2021 à 14:30

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