Tout juste rentré de son périple latino-américain, le commandante Mélenchon donne le coup d’envoi de sa campagne présidentielle, ce 16 mai, à Aubin, dans l’Aveyron. L’occasion de vérifier qu’aux pays des généraux Alcazar et Tapioca, on doit boire et fumer des substances n’ayant pas encore pénétré nos contrées.

D’où cette sortie hautement lysergique : « La population française est et sera métissée. Nous sommes ce peuple qui se créolise en ce moment même. C’est le résultat de l’amour. »

On attendait le retour du Che, c’était celui d’Enrico Macias. Bref, il ne lui manque pas une plume, à la colombe de l’arc-en-ciel de toutes les couleurs de la paix. Mais le meilleur reste à venir : « La haine et le racisme sont une horrible pâte qui ne peut plus être rentrée dans le tube quand elle est sortie. » Surtout quand le dentifrice de la discorde vous fait les dents plus blanches que blanches, faisant oublier les caries (noirâtres) et le tartre (jaunâtre), serions-nous tentés d’ajouter, quitte à faire du mauvais esprit.

Et saint Jean-Luc de conclure : « Épargnez cela à notre patrie : la première barrière contre le racisme est dans notre cœur. » Là, ce n’est plus Enrico Macias mais un bidule se situant quelque part entre podium de Miss Picardie et studios de France Inter.

À peine plus sérieusement, il évoque « l’islamo-gauchisme », lequel « ne nous menace pas plus que les zombies ou le monstre du Loch Ness, pour une raison simple : tout cela n’existe pas ! Il n’y a rien de plus ridicule que de combattre les effets d’une cause qui n’existe pas. » Certes, « l’islamo-gauchisme » en question est une forgerie sémantique sujette à caution. Accoler deux concepts n’ayant que peu à voir l’un avec l’autre – l’islamisme est une chose, le gauchisme en est une autre – est aussi hasardeux que cet « hitléro-trotskisme » jadis brandi par les communistes de l’espèce stalinienne.

Il n’empêche que ce vocable, pour approximatif qu’il soit, recouvre une réalité, même si plus conjoncturelle que structurelle ; soit l’alliance électorale momentanée entre carpe et lapin. Pour autant, même mal nommée, la chose existe et bien sot serait celui qui le nierait.

Au fait, pourquoi le choix d’Aubin ? Tout simplement parce que, pour le candidat de La France insoumise, il s’agit « d’un lieu qui garde en mémoire les luttes des mineurs ». Tiens donc, Jean-Luc Mélenchon se rappellerait-il qu’il peut encore exister des ouvriers en notre vieux pays ? Il fait bien, même si ces derniers se sont lepénisés depuis belle lurette, au même titre que ces jeunes qu’il a longtemps tenté de cajoler…

Ce qui explique pourquoi, vapeurs de tequila n’en finissant plus de lui embrumer le sombrero, notre révolutionnaire promet « une réduction du temps de travail avec les 35 heures réelles et une expérimentation de la semaine de quatre jours afin de s’approcher du plein-emploi et une sixième semaine de congés payés ». Car c’est dans la pampa que Mélenchon a connu cette illumination selon laquelle la question identitaire ne serait pas au cœur de l’élection présidentielle à venir. ¡Caramba!

Le problème, c’est que pour l’échéance de 2022, le petit Jean-Luc risque de faire caballero seul. Les communistes s’y rendront sous leurs propres couleurs, les écologistes sous casaque verte et les socialistes probablement en échappée solitaire. Si, lors d’une perquisition policière mouvementée, il assurait que la République, c’était « lui », l’union désormais, ce serait donc encore « lui ». Et lui seul ; ce qui fait toujours court pour une union.

Il est vrai que le doute est l’apanage des tièdes. D’où cette dernière tournée de mezcal pour la route, histoire de ne pas partir sur une seule jambe : « Comment je compte gagner ? C’est simple : en rassemblant une majorité ! » C’est un peu le cas de tous les candidats en lice ; mais qu’importe, il suffisait d’y penser. Un peu comme l’œuf de Christophe Colomb. Les latitudes tropicales ont décidément de ces vertus médicinales…

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17 mai 2021 à 16:11

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