Considération, pouvoir d’achat, vie personnelle : le malaise des officiers
3 minutes de lecture
Le Haut Comité d'évaluation de la condition militaire (HCECM) est une instance officielle capable de s'autosaisir de sujets de fond. Il a consacré son dernier rapport à la condition des officiers des armées - un rapport remis à Emmanuel Macron le 13 juillet dernier et dont Le Figaro parle cette semaine. On peut trouver le texte de ce rapport ici. La question de la considération des officiers, singulièrement par rapport aux fonctionnaires de catégorie A et A+, ne cesse de revenir dans les conversations de la haute fonction publique. Bruno Le Maire avait parlé de former les énarques (élèves de ce qui s'appelle désormais l’Institut national du service public, INSP) à la manière de l'École de guerre. Les antimilitaristes primaires qui singent la discipline caricaturale du service militaire obligatoire ne sont plus très nombreux. La France aime son armée. Et pourtant...
Le rapport insiste sur certains points importants : d'abord, les officiers s'engagent par vocation. Ce mot peut sembler pompeux mais n'est probablement pas faux : par rapport à d'autres diplômés de grandes écoles, les militaires gagnent moins, ont davantage de subordonnés, mettent leur vie en jeu et ne choisissent que leur première affectation en fonction de leur classement de sortie d'école. Il faut donc un peu plus de densité morale que la simple logique de profit. D'ailleurs, c'est le second point important, les officiers sont déclassés ; par rapport au monde civil, évidemment, mais aussi par rapport aux hauts fonctionnaires auxquels ils sont assimilés lorsqu'ils atteignent les échelons supérieurs de la hiérarchie. Leur pouvoir d'achat, sévèrement entamé par le gel du point d'indice durant des années, ne permet pas à un capitaine de vaisseau ou à un colonel de vivre comme son statut l'y obligerait. Tout au plus peut-il se mentir à lui-même en jouant le jeu de la fiction sociale : prises d'armes souvent étiques avec fanfares enregistrées, petits fours surgelés avec une poignée d'élus locaux...
Troisième point, à ce propos : la considération. Les officiers des trois armées (et de la gendarmerie) peuvent se passer de beaucoup de choses (le confort, la chaleur, leur famille pendant plusieurs mois, etc.) mais il est une chose dont ils ont un peu plus de mal à faire l'économie : le respect. L'officier est-il vaniteux ? Peut-être, mais pour le pouvoir politique, ça semble plutôt commode : voilà un homme ou une femme qui peut se faire trouer la peau sans problème, autant de fois qu'on voudra, tout ça pour une bande de tissu sur la poitrine et une poignée de main. On peut dire que c'est pratique. Il suffit seulement, pour se concilier les faveurs des militaires, de ne pas glapir « je suis votre chef », de ne pas traiter leurs sages conseils par le mépris (comme en Afrique, par exemple...), de ne pas mettre des héros de guerre aux ordres de petits conseillers impubères ; bref, il suffit de les considérer.
Au terme de cette centaine de pages d'investigation, qui montrent un profond mal-être dans une catégorie méconnue de la population, le HCECM formule des propositions de bon sens : grille indiciaire, fin du célibat géographique, facilités administratives... On espère pour eux que ce sera suffisant et suivi d'effets.
43 commentaires
Le suprême affront serait de les obliger à faire les gardes-chiourme dans un hypothétique futur rétablissement du service militaire.
Encore une destruction très « en même temps «
Désespérant? le « tri »…
Ca commence à faire beaucoup de temps que les « Hauts gradés » n’ont vu que leurs « parachutes dorés » en guise de parachute ! … Les « parachutages » d’engagés officiers et S-officiers viennent finir leurs « pantouflages » ( pour bon nombre … ) dans des « emplois réservés » sont légion ! … Et pas qu’eux ! … Les coucous politicards leurs dament le pion haut la main …
Pour avoir un frère dans cette caste militaire, je ne l’ai jamais entendu se plaindre d’avoir eu un « poste » au ministère des Affaires étrangères après ses 25 ans d’Armée ( sergent-chef ) ! …
Que l’Armée se comporte en « gardien de la souveraineté française » serait déjà un bon motif de « servir la Nation » ! … Le « chef suprême actuel » ne leurs donne pas l’envie et je comprends tout à fait cette désillusion puisqu’il joue à « la 7ème Compagnie » … Qu’ils fassent leurs « 562 version bidasse » ! …
Je voudrais voir la gueule que feraient ces détracteurs ne serait-ce que si une seule de ces 3 armées venait à manquer. Ils seraient les premiers à hurler contre l’abandon par l’Etat. La mauvaise foi est sans limite. Le respect est la moindre des choses qui est due à ceux qui nous protègent au péril de leur vie et qui méritent toute notre gratitude.
Victorine31
Les deux tendances mondialistes concurrentes (le mondialisme issu de l’Internationale socialiste des débuts communistes et le mondialisme issu du capitalisme exclusivement financiarisé actuel) sont actuellement d’accord sur quantité de points.
Au nombre de ces points d’accord, la disparition obligatoire de l’Armée française en tant que telle !
Cette armée ne doit plus subsister qu’en qualité de groupement supplétif de l’Internationale Socialiste pour les premiers et qu’en qualité de groupement supplétifs de l’OTAN et des USA, bras armés du N.O.M. pour les seconds.
Monsieur Macron et ses affidés obéissent aux seconds.
J’en sais trop sur l’armée de Macron aujourd’hui, mais je préfère me taire. Petite question: pourquoi croyez vous que
les états Africains nous éjectent tous et reçoivent Vladimir Poutine en héros ?
Vous posez la bonne question. Leur carrière dépendant du pouvoir civil, on comprend que des officiers se comportent davantage en militaires obséquieux qu’en soldats Kamikazes.
Les militaires comme quasiment tous les fonctionnaires (sauf le petits privilégiés à statut d’emploi pour lesquels tout est possible) souffrent d’un manque de considération de la part de leur employeur. Ils vivent sur le temps long alors que nos politiques vivent sur le temps court, sauf un certain nombre d’entre eux. Servir l’État n’a jamais rendu riche, mais la grande majorité des cadres de la fonction publique se préoccupent plus de servir leur pays que de leur émoluments.
L’armée c’est comme dans tous les métiers ;il y a des avantages et des inconvénients. Un avantage :j’étais à la retraite de colonel à 50 ans à taux ple
Les sous-officiers pouvaient partir à la retraite à 35 ans avec toutes leurs annuités, en effet, mais je reconnais bien le discours d’un officier qui ne parle que d’une infime partie qui reste une exception. Ceux qui ont cet avantage sont des volants de l’ALAT ou de l’armée de l’air, en mission. Quant aux autres, tous les autres, il leur faut des années de service à l’étranger et sur les théâtres d’opération pour glaner quelques années supplémentaires. En effet, les officiers ne se plaignaient pas trop, mais les autres si à cause de leurs faibles salaires ; cependant il aurait fallu les écouter peut-être pour connaître leurs problèmes. Quand je parle du mépris des officiers vis-à-vis de leurs subalternes, il se voit dans la réponse de Jill.
Et pourtant, si on parlait de ces opérations « OPEX3 qui durent des années mais dont le temps en campagne rapporte combien pour la retraite ? 5c’est peut-être pour cela qu’elles durent autant !) Si on parlait de ces armées mexicaines de généraux, alors que la conscription a disparu et qui touchent en retraite le montant intégral de leur solde ?