[L’œil américain] Une procédure de destitution lancée contre Joe Biden

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Kevin McCarthy, chef républicain de la Chambre des représentants, a annoncé, mardi 12 septembre, l’ouverture d’une enquête en destitution du président Joe Biden en lien avec les affaires commerciales de son fils à l’étranger. D’après l'article II de la Constitution des États-Unis, le président peut être démis de ses fonctions « en cas de mise en accusation et de condamnation pour trahison, corruption ou autres crimes et délits graves ». McCarthy a déclaré que les républicains de la Chambre « avaient découvert des allégations sérieuses et crédibles sur la conduite du président Biden » témoignant d’une véritable « culture de corruption ».

« Les républicains de la Chambre ont enquêté sur le président pendant neuf mois et n’ont pas trouvé une seule preuve d’un acte répréhensible », a immédiatement dénoncé sur X (anciennement Twitter) Ian Sams, un porte-parole de la Maison-Blanche. L’heure est à la mobilisation. Dès le lendemain de l’annonce du lancement de la procédure, l’administration Biden n’a pas hésité à s’adresser directement aux principaux groupes de presse afin de les exhorter à reprendre tous en chœur le récit officiel et à ne pas se tromper de cible.

« Il est temps pour les médias de renforcer leur contrôle des républicains de la Chambre des représentants pour avoir ouvert une enquête de mise en accusation fondée sur des mensonges », a indiqué le courrier. Il convient donc de se ranger au plus vite du côté de la Maison-Blanche et de « dévoiler l’illégitimité des affirmations sur lesquelles les républicains de la Chambre fondent toutes leurs actions ». Le public américain « compte sur la presse indépendante », ajoute la missive.

À vrai dire, on peut douter de la nécessité d’un tel courrier, tant la presse, outre-Atlantique, brille par son unanimisme dans le traitement du sujet. Depuis plusieurs mois, en écho avec les déclarations de l’administration Biden, un même refrain se fait entendre : « pas de preuves ». On s’émerveille devant ces prudences juridiques. Il ne faudrait surtout pas colporter de fausses nouvelles sans un examen minutieux des éléments présentés.

On aurait aimé qu’une même rigueur déontologique anime ces médias lorsqu’en 2020, à partir de la révélation du contenu d’un ordinateur portable de Hunter Biden, un article du New York Post avait dévoilé les frasques du fils de l’actuel président des États-Unis et de possibles affaires de corruption. À quelques semaines de l’élection présidentielle, les démocrates avaient tout fait pour étouffer l’affaire et la presse mainstream avait joyeusement relayé la thèse d’une manipulation orchestrée par les services de renseignement russes.

Trois ans plus tard, pas de Russes à l’horizon mais, en lieu et place, l’ombre menaçante de Donald Trump et de ses affidés qui seraient parvenus à faire céder le pauvre McCarthy. Les médias préfèrent ainsi se concentrer sur les jeux de pouvoir au sein du Parti républicain plutôt que d’évoquer les découvertes des commissions d’enquête de la Chambre.

Dommage, car les révélations ne manquent pas et on peut même constater que leur accumulation provoque une évolution des « éléments de langage » : on passe ainsi de « pas de preuves » à « pas de preuves directes » et, pour les plus audacieux, à « ce n’est pas bien mais ce n’est pas un crime ». « Une tentation dans l'affaire Hunter Biden, écrivait le Washington Post, en août, pourrait être d'enquêter sur le président lui-même, comme le souhaitent nombre de ses détracteurs. Jusqu'à présent, le dossier suggère que le comportement du président Biden n'était pas irréprochable – mais pas non plus criminel. »

Pour se faire une idée des arguments avancés par les élus républicains, il faudra donc oublier les médias mainstream. Mercredi dernier, James Comer, le président du Comité de surveillance de la Chambre, a présenté une synthèse de ce qu’il décrit comme des « stratagèmes de trafic d’influence ». D’après lui, ce ne sont pas moins de neuf membres de la famille de Joe Biden qui auraient bénéficié, à l’époque où il était vice-président d’Obama, de versements suspects en provenance de l’étranger, à hauteur de 20 millions de dollars.

Les républicains étant à la fois minoritaires au Sénat et divisés à propos du lancement de l’enquête en destitution, celle-ci n’a quasiment aucune chance d’aboutir. On comprend alors qu’il s’agit avant tout pour eux de renforcer leurs moyens d’investigation et de contrecarrer d’éventuelles tentatives d’entrave. Avec l’espoir d’affaiblir toujours plus la candidature déjà bien chancelante de Joe Biden.

Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

31 commentaires

    • Cela ne risque pas,avec cette « classe politique »car il leur faudrait du, outre de la volonté,du courage,de l’entente,et passer au dela de bien des choses « politiquement correctes »!!!!

  1. Une procédure de destitution est par essence bipartisane. Et si les Républicains l’ont lancé, à raison, et dans la volonté de trouver d’autres méfaits de la part du clan Biden-Obama-Clinton…, c’est parce qu’il ont déjà compté un certain nombre de Démocrates prêts à les soutenir, comme Kennedy par exemple. (Déjà visé par une tentative d’assassinat… Bizarre, non?)
    Les Américains, comme les Français et bien d’autres peuples européens, en ont marre de la corruption, des trafics en tous genres, et des mensonges du sommet: réchauffisme, fausse pandémie, etc., … Certains hommes politiques en ont conscience, et Trump a déjà félicité un certain nombre de Démocrates en les qualifiant d’honnêtes…

  2. Jamais le terme de marionnette n’aura été aussi mérité. Qui dirige le pays derrière cet homme de paille qui sombre progressivement dans la démence sénile ?

  3. « « Il est temps pour les médias de renforcer leur contrôle des républicains de la Chambre des représentants » Mais on se croirait en France!

  4. Un président trop âgé pour diriger un grand pays, c’est un problème comme peut l’être également un président trop jeune et politiquement inexpérimenté.

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