Congrès du RN : le triomphe de Bardella !

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« Notre parti est promis à un très bel avenir. » Le sourire satisfait du trésorier du parti, le député Kevin Pfeffer, en introduction de ce XVIIIe Congrès, résumait l’ambiance de cette journée. Journée au cours de laquelle Jordan Bardella a été élu président du Rassemblement national avec plus de 84 % des voix. Ce raout à la Mutualité de Paris était fondamental, sinon fondateur. C’est ici que Jordan Bardella a prononcé ce premier discours de tête de liste aux élections européennes en 2019. C’est aussi ici qu'Éric Zemmour a goûté à sa première défaite électorale.

« En 2011, le parti était convalescent, couturé, victime de nombreuses blessures. » Par ces mots, Marine Le Pen fait mesurer le chemin parcouru et confirme qu’elle-même et le parti qu’elle a présidé reviennent de loin. « Je remercie Marine et son père de m’avoir permis de vivre cette aventure. Du fond de l’Ariège jusqu’à la mairie de Perpignan », salue Louis Aliot à l’issue de son discours. « J’ai compris que Marine Le Pen était la chef de parti qui allait nous faire passer de l’ère des éclaireurs à celui des bâtisseurs », abonde Jordan Bardella.

Après sa défaite au second tour de l’élection présidentielle, la déception des élections régionales de 2021 et, surtout, la guerre quasi fratricide qui l’a opposée à Éric Zemmour, Marine Le Pen peut quitter définitivement la présidence du parti fondé par son père, cinquante ans auparavant. Celle qui a « mené la bataille des législatives aux côtés de Jordan Bardella » a officiellement légué à ce dernier les rênes du RN. En effet, le désormais ex-président par intérim a été élu largement face à Louis Aliot avec près de 85 % des voix. Si sa victoire est tout sauf une surprise, la largeur du score en a surpris plus d’un. En dix ans, Jordan Bardella aura gravi quatre à quatre les marches du parti. De la Seine-Saint-Denis à Bruxelles. De la vice-présidence à la présidence, il est le premier président du parti à la flamme à ne pas s’appeler Le Pen. « L’équipe qui gagne », pour reprendre l’expression des partisans de Jordan Bardella, ne changera donc pas. Marine Le Pen au palais Bourbon, Jordan Bardella à la tête du parti. « Le cas de Jordan ne souffre pas de discussion. Il est très aimé par les militants », se félicite Jean-Paul Garraud. Le chef de la délégation européenne a par ailleurs été nommé au bureau exécutif du parti.

De nouvelles têtes

Outre Gilles Pennelle, nommé directeur général du RN, les visages de L’Avenir français c’est-à-dire les députés Alexandre Loubet et Jean-Philippe Tanguy (ex-Debout la France) arrivent au bureau national ainsi que l’ancien Insoumis Andréa Kotarac avec les anciens LR Thierry Mariani et Jean-Paul Garraud. Ce sont des transfuges de tous les partis qui se retrouvent autour de Jordan Bardella.

Les Hauts-de-France perdent la tête !

« Entre nous, il n’y a pas de clan, il n’y a pas de notables et des militants mais seulement des camarades. » Fidèle à son discours de victoire, Jordan Bardella a fait ce que ses soutiens promettaient. Il a mis fin à un clan qui ne compte pas parmi ses camarades. C’est d’ailleurs le point le plus saillant de cette nouvelle présidence : la disparition pure et simple de Steeve Briois et Bruno Bilde des instances dirigeantes. Le tandem très mariniste et très anti-Bardella d’Hénin-Beaumont a fait les frais de la nouvelle direction. « Hénin-Beaumont est fondamental dans l’histoire récente du RN, ce serait un très mauvais signal de les voir disparaître des instances », confiait Louis Aliot, juste avant l’annonce de la composition des bureaux national et exécutif du RN sauce Bardella. Quelques dizaines de minutes après la nouvelle de la chute de la maison du nord de la France (Marine Le Pen est députée du Pas-de-Calais), le maire Steeve Briois publiait un communiqué rageur de plusieurs pages. Dénonçant une « reradicalisation » réduisant à néant « des années de dédiabolisation », l’élu espère que le RN « n’est pas en train de céder au compromis nationaliste » et annonce qu’il refuse la proposition faite par Bardella de siéger au bureau national.

Comme en écho aux critiques que les partisans de Louis Aliot avaient adressées au jeune président par intérim Jordan Bardella accusé de zemmourisme. « Philippe Olivier, qui arrive 40e au Conseil national, est au bureau exécutif, mais pas Steeve Briois, qui arrive 4e ? » fulmine par SMS le député Bruno Bilde. « Il n’y a aucune purge. Cela faisait plus d’un an qu’ils ne venaient même plus siéger aux instances dirigeantes du parti », balaye Philippe Olivier. L’eurodéputé, conseiller et accessoirement beau-frère de Marine Le Pen se voit, quant à lui, largement récompensé pour son action durant la campagne présidentielle. Celui qui est l’un des métronomes de la stratégie politique de Marine Le Pen enfonce le clou : « Jordan a voulu des gens opérationnels. Au fond, ils se sont purgés eux-mêmes. »

Quel avenir pour Louis Aliot ? « Je suis déçu par le score national mais content du score au Conseil national », confie-t-il à Boulevard Voltaire. Louis Aliot ne peut dissimuler une part d’amertume. On lui promettait une défaite mais c’est une gifle qu’a prise le maire de Perpignan confirmé dans son statut de premier vice-président. Celui qui revendique « 35 soutiens sur les cent nouveaux conseillers nationaux ». Les projets du premier vice-président ? « Retourner sur le terrain, continuer à s’étendre et dans les Pyrénées-Orientales et dans la ruralité », affirme le maire de Perpignan.

Victoire pleine et entière pour la machine Bardella. Avec quelques grippages dont la presse se régale : l’affaire Fournas en cette fin de semaine et la ruade pleine de ressentiment de Steeve Briois démontrent aussi que la route qui s’ouvre devant lui n’est pas sans danger. Mais ce samedi 5 novembre, le RN s’offrait une parenthèse festive. Au-delà des remous internes et des espoirs déçus, tous ont 2027 en ligne de mire. « C’est inévitable, nous sommes devenus un parti de gouvernement », s’enthousiasme un cadre du parti. « Un parti qui s’est affranchi du clivage droite-gauche a vocation à parler au peuple de France dans son entier », scande Bardella dans son discours clôturant ce congrès. Et c’est Louis Aliot, le grand perdant de la journée, qui a avancé cette prédiction : « C’est à l’Élysée que tout cela se finira. »

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

62 commentaires

  1. Je n’avais aucune préférence, j’apprécie ces deux personnages. Je n’ai pas voté, n’étant que sympathisant depuis l’origine, tenant à ma liberté de penser. J’attends la suite vu la déliquescence de la France.

  2. Bravo à Bardella pour ce succès bien mérité ;
    Et longue vie au RN qui , malgré toutes les embûches et les traquenards , arrive plus fort que jamais.

  3. Louis Aliot nous donne un final qui plaira je pense, et c’est sous la forme d’un alexandrin d’une poésie dont j’imagine mal la suite et fin qui dans la rue se pourrait dérouler…..!
    « Marine Le Pen au Palais Bourbon » ai-je lu plus haut et c’est là, en effet, que nous devons la souhaiter mais comme Présidente ce qui signifiera que le RN est majoritaire et que, quelque soit le locataire de l’Elysée, s’il est du même bord tant mieux sinon on en sera enfin retournés à 1986 qui enregistra les « frasques » antidémocratiques du couple que l’on sait, effrayé par les 35 FN au point de voir Mitterrand se satisfaire du Maj à 2 tours, renonçant à remettre le mode de scrutin qui d’ailleurs fut fatal et lui valut de céder le gouvernement à Chirac…
    Après cette cohabitation, si peu Vème République, nous avons subi l’alternance et le Front républicain dispensateurs des des bonnes soupes de l’Etat une génération d’hommes e(t femmes politiques de très mauvais aloi et des citoyens hélas poussés vers le vote utile plutôt que réfléchi
    C’en est à ce point que j’avais imaginé que la tiédeur de Marine dans son tête-à-tête venait de son peu de chaleur pour la 2ème place à la dernière, va savoir !

  4. Quel contraste avec les primaires chez les LR qui ne savent toujours pas où ils habitent ou EELV qui nous régalent avec leurs déchirements !

  5. Je trouve M. Bardella très déterminé, son discours était clair et net. Je pense qu’il mérite ce poste au RN et qu’il fera plus de choses que MLP

  6. Félicitations à Jordan Bardella qui a le sens de la réparti et dont les propos sont toujours précis. C’est un bon orateur, puisse t’il réussir à rétablir la France en démontrant auprès des électeurs la duperie de ceux qui sont au pouvoir actuellement.

  7. L’affaire Fournas est bien entendu une manipulation de la Nupes qui sert bien Macron. Les français sont loin d’être stupides et l’ont bien compris.
    Pour autant il est prouvé une fois de plus qu’il faut être vigilant tant concernant les mots employés que les postures et les actions. Le RN est le parti à abattre car il est au milieu de la route et va obliger les autres à s’arrêter ou à utiliser les déviations

  8. Bravo a Mr BARDELLA, il est jeune, parle bien n’est pas idiot et au moins il a une chance ‘arriver au pouvoir sans être « barré » du nom LE PEN; maintenant il va falloir penser a faire une alliance complète de la vraie droite francaise en laissant de coté les égos. comme beaucoup je suis pour mais bon courage.

  9. On peut dire que Jordan Bardella ne s’est pas ménagé pour accéder à la présidence du RN , il a mouillé la chemise! je suis content pour le camp national et patriote parce que je pense sincèrement qu’il va dynamiser le débat . Macron et consort vont avoir du fil a à retordre . Bardella contre Macron c’est le petit garçon gâté d’Amiens qui a été dans une bulle élitiste pendant toute son enfance pour parfaire son éducation chez les « young leaders » et la Banque Rotschild et Bardella c’est le petit gars de banlieue qui a été le témoin impuissant pendant toute sa prime enfance du résultat des différentes politiques produites par ceux qui nous ont été représentés comme des élites formatées à l’ENA ! Je n’ai rien contre des élites , on ne peut être contre, parce que ce serais un non-sens, mais si c’est juste pour faire bien sur son CV, et pouvoir faire du « pantouflage », cela n’a aucun intérêt pour la nation . C’est même un handicap pour la société, surtout quand on met ses compétences au service d’un système qui veut écraser les peuples, pour les vider de leur substance identitaire et en faire uniquement des consommateurs . Sans compter que la formation des élites coûte chère à la société, tout cela pour créer des monstres qui vont se retourner contre leur propre peuple pour servir une cause dont on ne connait toujours pas les desseins, puisque cela ne se débat pas démocratiquement !

  10. Bravo à Jordan Bardella, plein de talent et surtout celui de garder son calme en toute circonstance. J’ai également de la Sympathie pour Louis Aliot.

  11. Bardella comme leader d un parti pas comme président pas assez de bouteille, mais avec MLP on ne gagnera jamais , il faut une pointure comme Zemmour , Zemmour /Bardella lle seul duo qui peut gagner

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