Conflit Russie-Ukraine, Chine-Taïwan… Joe Biden pourrait-il arrêter de jeter de l’huile sur le feu ?

Durant tout le mandat de Donald Trump, on s’est dit partout effrayé de ses déclarations intempestives à l’international. Il était entendu dans les chancelleries bien-pensantes que le président des États-Unis n’était alors qu’un abruti sans culture qui risquait de précipiter le monde dans la guerre.

On a viré Donald Trump. Joseph Robinette Biden, ex vice-président de Barack Obama, l’a remplacé. Pas sûr que la paix dans le monde y ait gagné…

Joe Biden est un vieux monsieur nourri à la guerre froide. À 79 ans, elle semble demeurer son horizon indépassable, du moins sa seule grille de lecture. Les USA sont les rois du monde, habilités à dire en tout temps et en tout lieu qui incarne le Bien – eux – et qui incarne le Mal, soit (globalement) tous ceux susceptibles de porter sur leur règne absolu une ombre économique. Le monde occidental est à leur botte, l’Europe en particulier, soumise à toutes les injonctions et suiveuse pour le reste. C’est au nom de ce magistère moral autoproclamé qu’ils ont tissé leur toile, multipliant les bases stratégiques sur la planète.

Au nom de son cœur qui saigne et des larmes qui lui viennent tellement facilement, invoquant Dieu à la moindre occasion, le président Biden a pris l’habitude de se lâcher : il dit, sans filtre, ce qui lui passe par la tête. S’en prend ainsi à Vladimir Poutine, le 26 mars dernier : « Pour l’amour de Dieu, cet homme ne doit pas rester au pouvoir. » Comme la voiture-balai sur les courses cyclistes, les pompiers de la Maison-Blanche prennent le relais : cela n’a rien à voir avec la politique, c’est juste qu’il « a parlé avec son cœur ». Et tant pis pour les conséquences.

En voyage en Asie pour la conférence du Quad, l'alliance réunissant les États-Unis, le Japon, l'Australie et l'Inde, Joe Biden a encore laissé parler son cœur lors d’une conférence de presse à Tokyo, expliquant que les États-Unis étaient prêts à « défendre militairement Taïwan », parlant même d’« engagement » ferme.

En réponse, la Chine et la Russie ont fait voler leurs avions durant treize heures au-dessus de la mer du Japon. Avertissement sans frais… et rétropédalage de la Maison-Blanche : « Notre politique n’a pas changé. » Repris le lendemain par Biden lui-même : « La politique n’a pas changé du tout. » On continue le business as usual (vente massive d’armes à Taïwan) et on laisse les autres s’entretuer.

Alors les experts s’interrogent : Biden est-il gâteux ou fin stratège ? Joshua Shifrinson, professeur de relations internationales à l’université de Boston, se confie à l’AFP : « Il est très difficile de dire si ce sont des gaffes ou un double jeu », mais « si c’est un double jeu, c’est incroyablement dangereux ».

Et qu’en pensent les Chinois, premiers visés ? Pour la réponse, Sonia Mabrouk (Europe 1) avait invité, ce vendredi matin, l’ambassadeur de Chine à Paris, M. Lu Shaye. Elle l’a d’abord interrogé sur le conflit en Ukraine, relevant que « dans toute prise de parole officielle de la Chine, il n’y a jamais eu véritablement de condamnation » claire de Vladimir Poutine. Réponse de l’ambassadeur : « Oui, maintenant, l’actualité, c’est la guerre, mais on doit réfléchir sur la cause profonde. D’après nous, pour les Chinois, c’est les cinq cycles d’expansion de l’OTAN vers l’est. » Quant à la perspective d’une « nouvelle guerre froide entre les USA et la Chine », il confie la « redoute[r] ».

C’est aussi la crainte d’un analyste, Stephen Wertheim : « La réponse forte de l’Occident à l’agression russe en Ukraine pouvait servir à dissuader la Chine d’envahir Taïwan, mais les déclarations de Joe Biden risquent d’annuler ce gain. » Reste à savoir si ce n’est pas, au fond, ce que Biden recherche…

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

49 commentaires

  1. Biden n’est ni gâteux ni fin stratège. il est simplement Démocrate, donc socialiste…Différent toutefois de nos zozos antinationaux, il pense et agit « América FIRST ». Les US ont pouri l’Ukraine et influencent l’Occident tout entier: encensant le pitre Zélensky et condamnant l’ignoble Poutine.. . lequel me rappelle un certain Kennedy en 1962. Pardon de ne pas être dans la vertueuse mouvance officielle.

  2. Heureusement les WASP (white aglo-saxon people) vont être submergés par les latinos qui j’espère ne seront pas adeptes du wokisme. Dans les années 90 j’avais dit à un de mes patrons, yankee, que les USA parleraient un jour espagnol car aux USA il n’y a pas de langue officielle. Je ne vous décris pas sa tête. J’espère que cela arrivera vite

  3. Il faut ouvrir les yeux. Les US allument des feux partout dans le monde pour attirer la Russie dans leur piège et continuer la guerre froide qui n’a jamais cessé, et en se servant de ses vassaux dont les pays occidentaux font malheureusement partie. Pauvre France qui va être obligée de se soumettre au commerce américain et tout le reste!

  4. Le bon Biden, que l’on dit sénile, n’est que la marionnette rassurante de ce que l’on appelle « l’état profond américain » et de ses faucons, responsables de toutes les guerres perdues américaines depuis 1945, et aujourd’hui de la guerre d’Ukraine. Il semblerait que l’Europe qu’ils ont assujettie commence heureusement à en prendre conscience.

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