Comptage des manifestants : la gauche conteste ses propres observateurs indépendants !

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Dénombrer les manifestants est une falaise infranchissable de la politique française. Ce qui se confirme une fois encore avec les querelles relatives au nombre de participants à la manifestation "contre la vie chère et l’inaction climatique" de Mélenchon organisée dimanche : 140.000 manifestants selon les organisateurs et 30.000 à en croire les autorités.

Autrefois, les calculs étaient plus simples : on additionnait les chiffres de la police et ceux des manifestants, on divisait par deux et on n’était guère loin de la réalité. Les choses sont plus complexes depuis qu’un troisième larron a été invité dans ce jeu de dupes ; à savoir ces observateurs tenus pour indépendants, au premier rang desquels le cabinet Occurrence.

Pour mieux comprendre la présence de ce troisième intervenant, il faut revenir à l’éditorial de Thomas Legrand, sur France Inter, le 25 septembre 2017. Extraits : « En ne donnant que deux chiffres (la préfecture et les organisateurs) sans plus de précision, on accrédite cette idée folle selon laquelle il y aurait plusieurs vérités, dont ces fameuses vérités alternatives. » Il est vrai que durant les innombrables Manifs pour tous, on était en droit de se poser la question sans forcément passer pour un paranoïaque de l’espèce compulsive, tant les foules n’avaient visuellement que peu à voir avec les statistiques avancées par les autorités publiques. Mais il est vrai qu’il s’agissait là d’une affaire d’État, le mariage homosexuel étant l’une des promesses majeures du Président François Hollande.

D’où la sincérité du même Thomas Legrand. Comme quoi, il demeurait alors sur cette radio de service public un cerveau pas encore trop amidonné par l’air du temps : « C’est vrai que notre aura n’est pas beaucoup plus élevée que celle des partis et des syndicats, mais ce n’est pas une raison pour ne pas décider collectivement (télés, radios, AFP et le plus de journaux possibles) de mutualiser nos moyens pour fournir un troisième chiffre. Pas une vérité de plus, mais la réalité. » Mieux encore : « Mediapart et France 2 ont déjà tenté, par le passé, leur propre comptage. Et surprise ! Ils étaient arrivés, soit en dessous du chiffre de la préfecture, soit très proche. Libération, de son côté, avait enquêté sur la façon dont la préfecture et les syndicats comptaient. Le résultat est sans appel. Depuis, Libération (pas Le Figaro !) met en avant le chiffre de la police… »

A croire que la gauche extrême ayant foulé le pavé parisien, ce dimanche, n’écoute pas plus France Inter qu’elle ne lit Libération, puisqu'elle met en cause Assaël Adary, patron du cabinet Occurrence, pour ses sympathies macronistes. Ce dont ce dernier se défend par tweet interposé en renvoyant à un long article publié par Libération, le 30 mars 2018. Il y est rappelé que si Assaël Adary a pu tweeter en faveur de personnalités de LREM, telles qu’Aurore Bergé ou Céline Mas, directrice générale d’Occurrence se félicitant de l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, ce ne fut que pour raisons amicales et personnelles, ces gens-là ayant jadis frayé ensemble dans la haute société, tel qu’il se doit. Pourtant, Libération a aussi l’honnêteté de rappeler qu’Occurrence compte également la SNCF, la CFDT et la CGT au nombre de ses clients.

On en déduira donc aisément qu’Assaël Adary fait plus de business que de politique politicienne ; ce qui n’a rien d’odieux, pour un simple observateur de la chose publique. En revanche, ce qui paraît aisément intelligible par un enfant de moins de cinq ans ne l’est pas forcément par des mâles blancs d’extrême gauche de plus de soixante ans préférant mettre en cause le thermomètre par leurs soins créé plutôt que de soigner la fièvre qui monte. La vraie, pas celle des Français entendant travailler plus pour gagner davantage, travailler moins pour gagner plus ou ne plus travailler du tout pour gagner moins que rien. À rebours de ceux qui entendent seulement pouvoir vivre dignement de leur travail et donner – c’est probablement le plus important – un sens à leur vie. Le jour où ceux-là se réveilleront pour de bon, il sera probablement trop tard pour en mesurer l’audience réelle ou supposée…

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

7 commentaires

  1. On sait maintenant que le gvt n’a que faire du nombre des manifestants. La Manif pour tous qui avait compté 1 million de personnes (j’avais passé 3h dans l’après-midi à les compter par paquets de 100 en allant en velib de l’Etoile à la Défense, rues adjacentes comprises – comme c’était une manif statique, c’était plus pratique). Et malgré çà, Hollande est resté droit dans ses bottes en nous faisant un « 49/3 populaire » (ce que même Mitterand n’avait pas osé en 86 sur la loi Devaquet). Il est vrai qu’il y avait eu la mort d’Oussekine ! Doit-on regretter qu’il n’y ait pas eu de mort en 2013 ?)

  2. Que ce soit 30 000 ou 140 000, c’est ridicule ! Pour une extrême Gauche qui occupe 22 % des fauteuils à l’A.N.
    Philippot a rassemblé jusqu’à 450 000 personnes en France et avec bien moins de moyens
    Et Surtout, Surtout, Zemmour le Parti RECONQUETE n’a que 9 mois et a déjà le plus d’adhérents que tout autre Parti, c’est à dire autant que les balladeurs à Mélenchons..Adhérez à Z R……

  3. 30000 participants, c’est déjà beaucoup pour un parti en perte de vitesse fait de bric et de broc. On est loin de la participation à la manif pour l’Ecole libre et des marches de la Manif pour tous. La grève de la CGT confirme ce fait. Malgré le mécontentement généralisé et l’appel au réchauffement climatique, les Français sont plus inquiets de la récession qui se profile que partisans de déclencher la Révolution et d’acclamer le grand soir !

  4. La conclusion me plait bien , j’espère juste que le réveil de cette population ne tarde plus trop il y a urgence .

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