Colonna rouvre la porte migratoire avec le Maroc au moment où l’on parle de Moroccogate !

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Comme nous l'écrivions dimanche dernier, l'affaire de corruption présumée de députés européens socialistes, dont une vice-présidente du Parlement européen, n'en est qu'à son début. Et il est des coïncidences - ou des « en même temps » - étonnantes. Coupe du monde au Qatar, le Maroc en demi-finale, et puis ces deux informations tombées hier et qui ne produisent qu'un simple murmure dans une actualité marquée par les violences des milices d'extrême droite en France : la visite au Maroc de Catherine Colonna et, au Parlement européen, un Qatargate qui pourrait se transformer en Moroccogate.

D'abord, un soudain réchauffement diplomatique entre la France et le Maroc, annoncé par le ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna lors d'une conférence de presse à Rabat : fin de la crise des visas. Rien que ça... On rouvre les portes ! Rappelons qu'en septembre dernier, la France avait décidé de réduire de moitié les permis d'entrée marocains. Retour à la normale, donc.  La France a-t-elle obtenu des progrès sur le dossier des OQTF ? On n'en sait rien et beaucoup en doutent.

Pour le ministre, il s'agit d'« être dans une relation de partenariat exemplaire avec le Maroc, un partenariat d’exception, fraternel et moderne ». « Un partenariat moderne » : une formule creuse mais qui fait bien. Quant au « partenariat exemplaire », on espère que c'est déjà le cas et que cela n'a rien à voir avec celui un peu spécial que l'on découvre entre le Qatar et l'Union européenne !

D'ailleurs, ce retour soudain du beau temps entre Paris et Rabat fait un peu désordre, si l'on y songe : ce même vendredi 16 décembre, on apprenait que le Maroc pourrait aussi être impliqué dans le Qatargate. Sacré sens du timing, la diplomatie macronienne ! En effet, le quotidien italien la Repubblica a publié, jeudi 15 décembre, la confession détaillée d’un des protagonistes, Francesco Giorgi, compagnon de la fameuse Éva Kaïlí mais aussi, depuis treize ans, assistant dévoué d’Antonio Panzeri, ancien syndicaliste et parlementaire européen, fondateur d’une ONG de défense des droits de l'homme et qui est soupçonné d'être la cheville ouvrière de cette tentative de corruption. Et, donc, le Maroc serait aussi dans le coup, avec des objectifs bien précis : « Pour influencer les décisions de l’Europe sur les dossiers du Sahara occidental et du contrôle des flux de migrants, les deux hommes auraient été en contact avec trois personnes dont l’ambassadeur du Maroc en Pologne, Abderrahim Atmoun », selon L'Express qui relaye la Repubblica.

« Au bénéfice du Qatar et du Maroc », donc, comme l'indique le mandat d'arrêt européen émis par le parquet belge contre l'épouse et la fille de Pier-Antonio Panzeri, soupçonnées d’avoir bénéficié des avantages financiers ou en nature perçus par l’ex-eurodéputé. Elles sont aujourd'hui en résidence surveillée.

En Belgique, Le Soir rapporte également que Pier-Antonio Panzeri et Abderrahim Atmoun apparaissent comme « bons amis » sur les réseaux sociaux.

Cela commence à faire beaucoup et à faire désordre : que la politique européenne (et donc française), notamment en matière migratoire, puisse être soumise à des pressions, on pouvait s'en douter. Qu'elle puisse être influencée par des responsables politiques corrompus, c'est gravissime. Marc Baudriller parlait à juste titre d'UEgate. Mais comment imaginer qu'il n'y ait pas, d'une façon ou d'une autre, de déclinaison française de cet UEgate ? Ou alors, ce serait admettre que la France ne pèse rien dans le dispositif de l'Union européenne !

Au Parlement européen, les députés européens ont décidé de suspendre « tous les travaux sur les dossiers législatifs relatifs au Qatar ». Et d'abord ceux concernant une libéralisation des visas pour le Qatar et le Koweït. Si le Maroc est aussi cité, pourquoi pas une mesure semblable ? Non : le Parlement européen a rejeté (d'une courte majorité...) un amendement concernant aussi le Maroc. Citée par Mediapart, une députée espagnole de gauche, proche de LFI, a déclaré : « Nous pensons, à en croire les sources proches de l’enquête citées dans la presse, qu’il ne s’agit pas seulement d’un Qatargate mais d’un Moroccogate. On ne peut pas séparer l’un de l’autre. J’ai bien peur […] que celles et ceux qui ont voté contre cet amendement devront s’expliquer sur le sujet. » Le même journal constate que les députés européens macronistes sont ceux qui se sont le plus divisés sur le sujet...

En tout cas, la visite de Mme Colonna à Rabat pour rouvrir la porte migratoire dans un tel contexte tombe plutôt mal et, répétons-le, fait désordre.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Jamais eu autant de répulsion pour toute cette cour macronienne , et ils osent appeler çà « Renaissance » un peu plus de brio sous François 1er , cette période éblouissante de l’Histoire de France résonne encore dans nos récits d’histoire , or ce « Renaissance » là un ersatz , un simulacre qui ne brille plus depuis quelques années.
    Des incapables qui se renient chaque jour et nous entrainent dans la décadence la plus absolue.

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