Qatargate : la vice-présidente socialiste du Parlement européen écrouée. Jusqu’où l’affaire ira-t-elle ?

Qatar

On savait bien que cette Coupe du monde de football au Qatar sentait le soufre. Comme on sait, aussi, que quelque chose est pourri au royaume de l'Union européenne (UE). Fatalistes, nous attendions donc la fin du spectacle et 2023 pour que les informations sortent. Le parquet fédéral belge a devancé nos attentes : respect.

Plusieurs figures de proue du groupe de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) sont donc soupçonnés de corruption au profit du Qatar. Ce groupe d'environ 150 parlementaires est le second du Parlement européen, derrière le PPE (centre droit). Les enquêteurs, selon un communiqué du parquet fédéral publié par Le Monde, soupçonnent « un pays du Golfe d’influencer les décisions économiques et politiques du Parlement européen, cela en versant des sommes d’argent conséquentes ou en offrant des cadeaux importants à des tiers ayant une position politique et/ou stratégique significative au sein du Parlement européen ». Des positions étranges, des revirements étonnants, des complaisances étonnantes pour le Qatar de la part d'élus prétendument progressistes s'éclairent d'un nouveau jour, comme l'affaire de la résolution de fin novembre contre le Qatar que le groupe social-démocrate a cherché à adoucir...

On repense forcément aussi à l'enquête de la Justice française (du parquet national financier, PNF) sur un possible pacte de corruption dans l'attribution de la compétition en 2010, où Nicolas Sarkozy joua un rôle clef.

Des journalistes d'investigation, comme Georges Malbrunot, rappellent ce qu'ils savent depuis longtemps sur le barème de cadeaux qataris selon l'importance politique de l'interlocuteur.

Mais il faut aller plus loin, et c'est tout l'honneur de François-Xavier Bellamy de faire ce pas de plus. Pour l'indéfectible vigie de l'infiltration de l'islam politique dans nos institutions, cette corruption présumée d'une partie des élites européennes explique aussi la complaisance envers l'islam, dont la promotion du voile par les instances de l'UE est l'exemple le plus criant.

Pour beaucoup de parlementaires européens cités par Le Monde, comme pour le député RN Jean-Paul Garraud, cette première bombe n'est que la partie émergée de l'iceberg.

On attend avec impatience que le rideau soit levé sur les ramifications de cette Qatar Connection à Bruxelles et Strasbourg, comme au niveau des États. Pour le moment, le Qatar dément. En France et dans l'UE, on regarde ailleurs : les réactions à cette première bombe sont rares et mesurées. Un signe, pour plusieurs observateurs, que l'onde de choc n'est qu'à son début.

Ce dimanche, on apprend que l'eurodéputée grecque Éva Kaïlí, vice-présidente du Parlement européen, vient d'être suspendue de toutes ses fonctions par la présidente du Parlement et qu'elle a été inculpée et écrouée en Belgique, avec trois autres personnes. Vite, le prochain match !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 14/12/2022 à 19:14.
Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

91 commentaires

  1. Il ne serait pas normal que quelques un de nos hommes politiques n’aient pas partagé cette soupe ,comme nous connaissons nos saints ……………

  2. Bonjour Curieusement cette affaire déplorable de compromission est promptement mise sur le devant de la scène comme un rideau de fumée pour cacher le décors des coulisses Ne serait ce pas pour masquer d’autres affaires bien pires encore

  3. En tirant sur le fil de la pelote de mafieux, on risque de découvrir un sacré paquet de malversations ! Et dame Von der Layen dans tout ça? Les mains propres?

  4. La corruption au sein du Parlement européen, conséquence évidente mais niée d’un sur-lobbyisme effréné qui constitue un complément de privilèges sonnant et trébuchant « toléré » par la masse des bénéficiaires de ces retours sur investissements. Les socialistes, majoritaires à l’UE progressiste et donneurs de leçons, peuvent toujours dénoncer la corruption mortifère « chez les autres », tant que ça ne sens pas le gaz chez eux. Un gaz très explosif, souhaitons le au niveau de l’enquête., sans craindre que la justice belge ne puisse étouffer un si gros scandale. « Pour l’Europe, Votez! » qu’y disaient…. Ben ça donne envie, en effet…

  5. En règle générale, le corrupteur préfèrera toujours garder son argent. Or c’est toujours ce dernier qui est cloué au pilori. Les grands coupables sont bien les corrompus que notre justice a bien du mal à punir…hasard, non. Avec autant de corrompus, l’issue était certaine, alors pourquoi le Qatar a t il payé ? Cet Etat a ses coutumes dont l’une s’appelle le «  »bakchich ». Aucune affaire ne se passe, des ces Etats, sans ce fameux « bakchich » objet d’une « instruction » de complaisance en France….dans les années 80. On attendra avec impatience les modalités de paiements….et les sanctions. Tous les Etats n’ont pas leur « propre » paradis fiscal !!!!

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