CNews et C8 menacées : à l’Assemblée, un député LR s’indigne des propos du ministre de la Culture

Pour la droite française, la liberté d'expression sur le média dominant, la télévision, est un problème. Dans une intervention à l’Assemblée nationale, ce 14 février, le député de l’Ain et conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes Xavier Breton a tenu à interroger en direct le ministre de la Culture Rima Abdul-Malak sur son intervention polémique du 9 février à l’antenne de France Inter. « De très nombreuses personnes ont été choquées par les menaces que vous avez formulées à l’encontre des chaînes C8 et CNews, lance-t-il en séance à l'Assemblée, dans une ambiance chaude. En menaçant ces chaînes de ne pas renouveler leurs fréquences, vous avez bien sûr heurté les téléspectateurs qui y trouvent une autre manière de s’informer, mais vous avez aussi choqué tous ceux qui sont attachés au pluralisme de l’information, tous ceux qui défendent la liberté d’expression. » Pour le député, le gouvernement doit respecter une stricte réserve, sans prendre parti. Il ajoute que les propos du ministre, qui peuvent laisser croire à un Arcom aux ordres du pouvoir, discrédite le gendarme des médias héritier du CSA. Des reproches parfaitement justifiés, balayés d’un revers de la main par la gauche et le camp présidentiel.

En fond sonore, on entend très bien un député hurler : « Ah, le voilà qui vient défendre Bolloré ! » Une manière de se vendre à l’Allemagne en 45, ou tout comme... La même voix, subtile et pleine de mesure, traitera les chaînes CNews et C8 de « délinquantes », en référence à leurs condamnations judiciaires, sans doute. Allons-y ! Et pourtant, justement, ces condamnations posent question. La dernière, tombée le 9 février, porte sur 3,5 % du chiffre d’affaires de C8, soit 3,5 millions d’euros. Un incroyable record. La précédente sanction, une autre amende infligée à C8 et à Cyril Hanouna, portait sur 3 millions d’euros, en juillet 2017. Le montant avait sidéré les observateurs des médias. Le mois précédent, en juin 2017, la même chaîne C8 avait été privée de publicité pendant trois semaines, soit l’équivalent estimé de 3 millions d’euros, encore.

On frôle donc les 10 millions d’euros de sanctions en quelques années pour C8. Certes, on peut convenir que les canulars et autres pitreries de Cyril Hanouna ne sont pas toujours d’une élégance et d’un goût exquis. Mais il y aurait à redire aussi, entre nous, sur certains programmes des chaînes de la Télévision numérique terrestre, par exemple… À redire, aussi, sur l’objectivité de nos très chères chaînes publiques, de leurs feuilletons et de leurs partis pris sociétaux lisibles notamment dans les contenus destinés aux jeunes via le Web.

Tout cela donne aux sanctions infligées à C8, à leur sévérité, à leur répétition, à ces hurlements de haine dans le cadre de la représentation nationale, une couleur inquiétante. Où en est la liberté d’expression ? Devant les députés, le ministre botte en touche et se réfugie derrière la loi, sous les horions. La loi ou l’idéologie sans frein ?

Le 19 janvier 2022, dans le cadre d’une commission parlementaire, le sénateur PS David Assouline interroge Vincent Bolloré. Sa question en dit long : « Personne ne jetterait la pierre à une réussite économique. Mais nous sommes dans le domaine où se façonne l’opinion et le domaine de l’information est fondamental pour que les citoyens soient informés de ce qui se passe et se fassent des opinions. La liberté et l’indépendance sont fondamentaux (sic), poursuit-il. La télévision est très prescriptrice d’opinion. » Donc ? Donc, voilà : pour faire de l’information en France, pour accéder à l’opinion, il vaut mieux se conformer aux diktats de ce sénateur et de ses amis. Bolloré n’est pas le bienvenu au cœur de ce qui doit rester la fabrique de la bien-pensance. Il faut donc déposséder Bolloré, lui retirer ses fréquences. Tant pis s’il emploie des journalistes professionnels. C’est non.

CNews a inventé le débat d’opinion en plateau. A-t-on le droit d’informer un peu différemment, aujourd’hui, en France ? Quelle différence, en tout cas, avec le modèle américain ! Outre-Atlantique, l’existence d’une chaîne clairement de droite comme Fox News n’est jamais remise en cause, alors même que le pouvoir ne dispose… d’aucun média public ! La France, elle, en possède à foison, aux frais des contribuables (3 milliards d’euros par an). Or, nos chaînes publiques sont accusées par une partie des téléspectateurs, non sans raisons, de diffuser une idéologie très à gauche : c’est cela qui devrait mobiliser nos grandes consciences aveuglées par la haine anti-Bolloré.

Pour l’instant, le public de C8 et de CNews ne parvient pas à croire que la ligne éditoriale de ces chaînes, ses chaînes, pourrait être menacée. Et pourtant...

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