Raquel Welch, incarnation de nos amours adolescentes

RAQUEL WELCH

Ah, Raquel Welch… Nous nous sommes tant aimés, mais l’auteur de ces lignes était bien le seul à le savoir, au même titre que tant de timides adolescents du siècle dernier. L’objet de nos rêves inavouables est parti hier, ce triste 15 février. Elle n’avait que 82 ans, toujours belle comme au premier jour.

Au début de sa carrière cinématographique, durant les glorieuses sixties, il n’y en avait que pour ces blondes, pas forcément certifiées d’origine - « paille au grenier ? charbon à la cave ! », comme disaient les plus malicieuses de nos grands-mères. Tandis que Raquel Welch, forte de ses racines boliviennes, affichait crânement son teint mat et ses cheveux sombres ; sans oublier son sourire ravageur, sa sensualité animale, ses formes de rêve. Autant dire qu’elle a beaucoup œuvré pour l’éveil à la sensualité des boutonneux introvertis que nous étions.

Jo Raquel Tejada, de son vrai – et si joli - nom, ensoleille la journée pré-automnale du 4 septembre 1940, à Chicago, en ouvrant des yeux dans lesquels on devait déjà avoir envie de se noyer. Dix-sept printemps plus tard, elle gagne son premier prix de beauté, à San Diego. Tôt remarquée par Hollywood, elle fait ses premières armes dans des séries télévisées avant de littéralement exploser sur grand écran, en 1966, année durant laquelle la jeune Raquel Welch tourne deux films majeurs.

Le premier, Le Voyage fantastique, de Richard Fleischer, à l’occasion duquel une équipe de scientifiques, embarquée dans un bathyscaphe, est miniaturisée afin d’être injectée dans le corps d’un savant soviétique afin d’y soigner le caillot de sang l’ayant plongé dans le coma. Certes, Raquel Welch n’est pas Bette Davis et encore moins Meryl Streep, mais ses capacités d’actrices sont bel et bien réelles. La preuve en est qu’elle parvient même à se montrer convaincante en femme de sciences. Sa très chaste combinaison, en revanche, laisse quelque peu les spectateurs de l’époque sur leur faim, malgré l’extraordinaire succès de ce film aux effets spéciaux en leur temps révolutionnaires.

Le second, Un million d’années avant Jésus-Christ, de Don Chaffey, dans lequel elle inaugure un look parfaitement inédit : le bikini en fourrure ; lequel sera pour beaucoup dans le triomphe de cette fantaisie préhistorique qu’elle a la mauvaise idée de renier ensuite. Dommage, car ce rôle de Loana vient de la hisser au rang d’icône de la pop culture. Et puis, ce film permet de joindre l’utile à l’agréable : la fascination pubère pour les dinosaures et la découverte d’autres créatures de jadis, même si les deux ne cohabitaient pas alors. Au grand dam des tyrannosaures, on imagine.

On la voit ensuite rayonner en 1969, millésime hautement érotique, dans un remarquable western, Les Cent fusils, de Tom Gries. Là, face à Jim Brown et Burt Reynolds, elle brûle de mille feux, Winchester™ en main, chemise largement échancrée sur ses appas bronzés, moue ravageuse et regard de louve. On en connaît qui ne s’en sont jamais vraiment remis. Bibi, par exemple.

Mieux, les courbes apocalyptiques de son anatomie sont d’autant plus fantasmatiques que jamais elle ne les dévoile : des clichés dénudés, parfois. Mais des photos de nu, jamais. Car avant d’être une femme, Raquel Welch est avant tout une dame. À cet âge, l’espoir fait vivre ; la preuve par cette lueur traversant nos ténèbres amoureuses quand on apprend qu’en 1980, elle épouse un Français, André Weinfeld.

Donc, tout serait possible, ce mari (dont elle divorcera néanmoins dix ans plus tard) nous ressemble un peu, sorte de fils caché que Sim aurait pu avoir avec Alice Sapritch. On se dit qu’un miracle peut donc toujours survenir, ne serait-ce que sur un malentendu. Fortuitement, il n’en fut jamais rien. Raquel Welch est partie en ignorant à quel point nous pouvions l’aimer. Là où elle est, elle le sait, désormais.

On se console comme on peut.

 

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

11 commentaires

  1. Bel hommage d’un amoureux du cinéma, ou peut-être d’une autre époque, ou peut-être de Raquel Wech qui incarnait tout une époque révolue.

  2. J’avais 16 ans et j’avais punaisé la photo du film un million d’années avant J.C. au plafond de ma chambre. Je vais pas pouvoir m’en remettre.

  3. Si je pouvais en tant qu’homme être transformé avec un coup de baguette magique en Raquel Welch, je vote tout de suite pour le Transgenre Woke ! Mais malheureusement ce n’est pas ça…..

  4. Respect à cette dame qui nous a fait rêver … Le voyage fantastique (1966), un morceau de bravoure dans lequel elle jouait une sous-marinière attaquée par de méchants anticorps ! Le film serait jugé un peu kitsch aujourd’hui, mais les effets spéciaux étaient pas mal pour l’époque.

  5. L’idylle de Raquel avec André Weinfeld prouve s’il était besoin que la beauté chez un homme, ça fait gagner deux heures…

  6. Raquel Welch , toute une époque ! bien loin à présent ;
    J ‘ ai beaucoup apprécié la description truculente et réaliste de Weinfield : « une sorte de fils caché de Sim avec Sapritch  » !

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