[CINÉMA] Life of Chuck, un OVNI qui a toute sa place au cinéma

Le film est agréable à suivre, bien que porteur d’une vision naïve et un tantinet adolescente de l’existence.
Copyright TOBIS Film GmbH
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Quand nous avons appris que Mike Flanagan allait de nouveau adapter Stephen King au cinéma, après Jessie, en 2017, puis Doctor Sleep, en 2019 – suite honnête, bien qu’inférieure au Shining de Kubrick –, nous étions plutôt optimiste. Cinéaste de l’épouvante, Flanagan a maintes fois prouvé son potentiel créatif, autant au cinéma qu’à la télévision (The Haunting, Sermons de minuit, La Chute de la maison Usher).

Avec Life of Chuck, étrangement, celui-ci s’écarte de son genre de prédilection et porte à l’écran une nouvelle à caractère fantastique qui, elle-même, s’écarte du domaine de compétence de Stephen King, le maître de l’horreur.

Construit sur trois chapitres, présentés de façon antéchronologique, le film raconte la vie fictive de Charles Krantz, dit « Chuck », homme ordinaire mais danseur hors pair qui, sur l’insistance de son grand-père, se passionna très jeune pour les mathématiques et la complexité de l’univers, vécut dans l’adolescence une expérience surnaturelle et transcendantale et, depuis lors, appréhenda la fin du monde avec sérénité, quand tous ses contemporains perdaient pied.

Le culte de l’instant présent

Différenciés visuellement par leurs formats d’image, les trois chapitres semblent à première vue décorrélés, surtout le troisième par lequel commence le film. Finalement, une explication logique survient dans le dernier quart du récit, au bénéfice d’un propos philosophico-métaphysique plutôt convenu sur l’acceptation du destin et les joies du présentisme. En somme, un discours en phase avec l’époque actuelle qui ne jure que par la spontanéité, l’instant présent, l’insouciance, voire une certaine inconséquence. Bien sûr, le tandem Flanagan/King ne tire jamais le fil de sa philosophie ni les implications de celle-ci, appliquée à une société entière…

Porteur d’une vision naïve et un tantinet adolescente de l’existence, ce film volontiers onirique dégouline de bons sentiments (de mièvrerie ?) dont seuls les Américains ont le secret. C’est bien simple, Life of Chuck aurait tout aussi bien pu être réalisé par Steven Spielberg ou par son complice Robert Zemeckis, tant leur influence se fait ressentir tout du long.

Un film qui a son identité propre

Néanmoins agréable à suivre de par son ambiance ouatée, la beauté de ses plans, la chorégraphie de ses danses (chapeau à l’acteur Tom Hiddleston), l’originalité de sa proposition initiale et son absence totale de cynisme – qui dépareille clairement avec la production actuelle –, Life of Chuck apparaît comme un OVNI qui a toute sa place au cinéma.

En outre, l’amateur de films d’épouvante qu’est Mike Flanagan a eu la bonne idée d’offrir un rôle aux trop rares Matthew Lillard (Scream, premier du nom) et Heather Langenkamp (la saga des Griffes de la nuit). Mark Hamill a également droit aux honneurs, avec un rôle taillé à sa mesure qui l’éloigne résolument de Luke Skywalker et de l’univers de Star Wars.

3 étoiles sur 5

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Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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