Certains sujets comme l’industrie, l’école ou la fiscalité sont fondamentaux, mais j’ai une priorité : l’immigration

Zemmour

Épisode 4

Ce 5 octobre 2021, Éric Zemmour, que le sondage Challenges-Harris Interactive donne au deuxième tour de l’élection présidentielle, s’est longuement confié, sans fard et sans tabou, au micro de Boulevard Voltaire. Son nouveau statut, Bernard Tapie, son livre La France n’a pas dit son dernier mot, les limites du libéralisme, les chefs d’État qui l’inspirent : Zemmour nous dit tout. Durant quatre jours, nous publions pour vous en quatre épisodes les confidences de celui qui fait trembler le paysage politique français.

 

Gabrielle Cluzel : Vous êtes presque candidat. Pourriez-vous nous dire deux mots sur votre presque shadow cabinet ? Quel Premier ministre ? Marion Maréchal ? Quel ministre de la Culture ? Philippe de Villiers ? Seriez-vous prêt à recycler le personnel politique en place ?

Je ne peux pas répondre à votre question parce que je ne le sais pas. Je vous ai cité la devise de Napoléon « On avance et on voit ». Je suis dans cet état d’esprit. Qui eût cru, fin août ou début septembre, que je serais à 17 % et quasiment qualifié pour le second tour. Qui l’eût cru ? Pas moi, en tout cas ! En un mois, passer de 5 à 17 % et que tous les autres dégringolent, franchement, je ne m’y attendais pas. Laissez-moi un peu réfléchir. Tout cela avance très vite. Il faut donc stabiliser et organiser [cette campagne] de façon rationnelle.

 

Marc Baudriller : Qui travaille sur votre programme ?

Beaucoup de gens. Parfois, le responsable dit que c’est trop. Des hauts fonctionnaires, des polytechniciens, des gens de tous bords, des préfets, des gens d’une remarquable qualité. Je suis très impressionné par la qualité de ces hommes et femmes.

 

M. B. : Projetons-nous un peu. Si jamais vous étiez élu, quelle serait votre première mesure ?

Je le répète, certains sujets comme l’industrie, l’école ou la fiscalité, les charges, sont fondamentaux, mais j’ai une priorité : l’immigration. La première mesure avant l’été sera l’organisation d’un référendum sur l’immigration, non pas par fétichisme référendaire, mais parce que, sinon, les juges, et en particulier le Conseil constitutionnel, casseront la totalité ou presque des mesures que je veux prendre, et qu'il faut arrêter les flux à zéro.

C’est-à-dire arrêter le regroupement familial, supprimer le droit du sol, supprimer toutes les dépenses de solidarité nationale aux étrangers - plus précisément RSA, allocations logement, allocations familiales -, mettre les demandes de droit d’asile en dehors du territoire national ou encore expulsion des délinquants étrangers, fin des titres de séjour automatiques. Il y a beaucoup de choses à faire. Je pense qu’il faut faire une liste et un référendum pour que le peuple français soit enfin consulté sur cette question [de l’immigration] qui le hante depuis des décennies et pour lesquelles il n’est jamais consulté.

 

M. B. : Qu’est-ce qui sera le plus dur à surmonter ?

Nous avons une haute administration dont certains sont complètement accros au politiquement correct, et puis nous avons effectivement laissé se constituer des enclaves étrangères par dizaines ou centaines sur le territoire français où le droit français n’est plus appliqué, où la police française n’entre plus (le fil BAC Nord été vu par tout le monde, je crois), où les mœurs françaises ne sont plus en vigueur, où les femmes ne rentrent pas dans les cafés, où elles se font cracher dessus ou frapper lorsqu’elles se mettent une jupe. C’est cela, aujourd’hui, dans des dizaines de quartiers soi-disant français qui, en vérité, ne sont plus en France. J’aime faire cette comparaison. Nous avons un système de concession. En Chine impériale, au XIXe siècle, la Chine était tellement affaiblie que toutes les puissances occidentales étaient venues prendre quelques portions de territoire chinois : l’Angleterre, les États-Unis, la France et l’Allemagne. La loi n’était plus chinoise mais anglaise, allemande, américaine ou française. Eh bien, c’est exactement ce que nous avons refait. Il y a, sur notre territoire, des concessions d’ordre colonial où règne l’ordre islamique et où le maintien de l’ordre est pris en main par les caïds de la drogue. C’est cela, aujourd’hui, la France. On ne veut pas le voir parce que l’on vit dans quelques arrondissements parisiens bénis des dieux. Moi le premier, je ne le cache pas. Je ne vis plus là où je vivais quand j’étais enfant. Cela serait impossible. Tous les quartiers où j’ai grandi ne sont plus la France, aujourd’hui. Allez dans le 18e arrondissement où j’ai habité, c’est manifestement l’Afrique noire ; dans le Drancy où j'ai grandi, ce n'est plus la France, la civilisation française n’y est plus présente. Voilà ce que l’on a accepté et ce que notre classe politique a accepté. Et ce sont ces gens-là qui donnent des leçons de gaullisme, aujourd’hui. C’est le plus ironique de l’affaire.

 

M. B. : Le démographe Hervé Le Bras explique, dans Le Monde du 5 octobre, que les adeptes du Grand Remplacement suivent la trace des totalitarismes. On suit aussi son regard qui se dirige vers vous. Les millions d’immigrés de France sont-ils assimilables ?

Je connais bien Hervé Le Bras. Je le lis depuis trente ans. J’ai débattu avec lui à la télévision. J’ai l’habitude de le comparer à Lyssenko. Pour les plus jeunes, Lyssenko était ce scientifique, sous Staline, qui pensait que les lois de l’hérédité découvertes par Mendel n’étaient pas socialistes et qu’il fallait d’autres lois qui correspondent mieux à l’idéologie communiste. Hervé Le Bras, c’est exactement cela. Il estime que la réalité n’existe pas et qu’elle doit être changée par le regard de l’idéologie. Voilà, pour moi, ce qu’est Hervé Le Bras. Donc, vous imaginez que ce qu’il dit sur moi m’indiffère assez. Je sais d’avance où je suis en le lisant : exactement de l’autre côté. Les immigrés sont-ils tous inassimilables ? Non. Je ne fais pas de distinction entre l’islam et l’islamisme. Je pense que l’islamisme est un islam en action et qu’il est l’aboutissement de l’islam depuis le début de l’Hégire, quand Mahomet est parti de La Mecque pour arriver à Médine et qu’il est devenu à la fois chef religieux, chef de guerre et chef politique.

En revanche, je fais la distinction entre l’islam et les musulmans. Je pense que les musulmans ne sont pas obligés de suivre la charia. Ils ne sont pas obligés de considérer que la charia est au-dessus des lois de la République. Ces musulmans-là peuvent avoir une pratique détachée, que j'appelle « christianisée » : la foi intérieure est plus importante que la pratique quotidienne, alors que l'islam privilégie les normes dans la pratique extérieure, sociale. Il faut que les musulmans choisissent. Pour l’instant, on a plutôt une évolution à l’envers. Selon tous les sondages, plus de la moitié des jeunes gens disent que la charia est plus importante et au-dessus des lois de la République et des lois françaises. On voit bien que dans les quartiers, c’est effectivement une espèce de charia qui s’applique, on est loin des lois françaises. Il faut que les musulmans soient au clair avec cela. Beaucoup voudront vivre à la française en France. Certains pensent que leurs parents ou grands-parents ont fui leur pays parce que, justement, ils subissaient tous les travers de la civilisation islamique. Le grand Ernest Renan a dit : « L’islam est le pire boulet au pied de l’humanité. » Cette phrase n’est pas rien. Renan était un grand spécialiste de l’islam. Ces gens-là se sont arrachés ce boulet, ce n’est pas pour se le remettre ici, ou alors il y a une incohérence totale.

Je pense que beaucoup de musulmans ne voudront pas de cette islamisation. Mais il y en a beaucoup, aussi, qui la voudront et ils ne sont pas tous des militants islamistes. Je pense qu’il faut refaire ce que l’on a fait avant. Je n’invente rien ! C’est-à-dire mettre des contraintes d’assimilation et demander aux nouveaux arrivants - et aux anciens arrivants, d'ailleurs - s’ils les acceptent. Les Italiens, les Espagnols, les Juifs polonais, les Juifs d’Afrique du Nord, les Russes se sont soumis à ces règles et à ces contraintes. On me reproche souvent cette histoire de prénom, mais tout le monde s’y est soumis avant les années 70-80. Je suis très frappé par ça. Aujourd'hui encore, les Asiatiques pour la plupart changent volontiers de prénom. D'ailleurs, les Berbères eux-mêmes le faisaient dans les années 70-80. Aujourd’hui, pourquoi seuls les musulmans ne le feraient pas ? Ceux qui disent que c’est un scandale considèrent-ils que les musulmans ne peuvent pas s’assimiler ? Je pose la question. Je dis, moi, que tout le monde doit faire la même chose.

 

M. B. Et ceux qui refusent ?

Il y a ceux qui sont Français, et on ne peut rien faire, on verra comment ça se passera. Pour ceux qui ont un titre de séjour, on supprimera toutes les automaticités. La règle d’or de ce que je propose, c’est plus aucune automaticité dans le regroupement familial, plus d'automaticité pour les femmes ou les hommes mariés que l’on ramène de l’extérieur, plus d'automaticité pour les étudiants, plus d'automaticité pour rien. Pour les titres de séjour, il n’y aura plus de reconduction automatique au bout de dix ans. On étudiera là l’assimilation. C’est dans les textes, je n’ai rien inventé. Il y a encore le terme « assimilation ». D’ailleurs, Emmanuel Macron a dit : « L’assimilation n’est pas ce que l’on veut. Nous, on veut l’intégration. » C’est notre désaccord de fond, puisque moi, je veux l’assimilation. L’intégration ne me suffit pas. C’est [une notion] économique. L’assimilation est culturelle, elle touche à l’âme. J'en sais quelque chose, je sais comment mes parents ont fait. Je sais comment les immigrés italiens ont fait, comment Michel Platini a fait. Il n’y a aucune raison que les autres ne le fassent pas, ou alors (ce que je peux comprendre) ils préfèrent leur culture et leur pays [d’origine]. Vous savez que la plupart des Algériens, des Marocains, des Tunisiens ont la double nationalité. Dans les années 1980, le roi du Maroc disait à Anne Sinclair, sidérée et effarée, que « ses » Marocains ne seraient jamais français et que la trame était différente. Il expliquait très intelligemment qu’il y avait la même trame, la même culture, la même histoire entre les peuples européens, sous-entendu la même civilisation et la même religion. Comme disait Malraux : « Qu'est-ce qu'une civilisation ? Tout ce qui s'agrège à une religion. » L’islam, dans l’Histoire, a montré qu’il ne voulait jamais s’assimiler mais qu’il assimilait, lui, très fortement. Je note, d'ailleurs - pour revenir à cette polémique des prénoms -, que les musulmans, eux, imposent le changement de prénom aux convertis, ce n'est pas un hasard. Les musulmans peuvent choisir. Je pense que beaucoup de musulmans, je le répète et je leur tends la main, voudront s’assimiler à la France. On ne peut pas ne pas aimer la civilisation française !
Pourtant, on a eu le « génie » de créer des générations de Français qui haïssent la France. Ce n’est plus possible ! Il faut en finir avec cela. On ne va pas continuer à faire grossir un nombre de jeunes gens français, de carte d’identité française qui haïssent la France. Lorsque vous leur demandez s’ils se sentent français, ils répondent « non, surtout pas, nous sommes algériens, marocains ou maliens ».
Ce n’est plus possible !

 

M. B. : Êtes-vous d’accord avec la politique de Macron vis-à-vis de l’Algérie ? Il semble désormais montrer les dents et serrer la vis.

C’est de la com' ! On est à six mois de la présidentielle. Il s’agite. Je crois que je fais un peu de bruit dans ce début de campagne. Il sait lire une courbe de sondages, donc il a compris. Je déjeunais avec un ancien ministre de l’Intérieur qui me disait que cela [cette fermeté vis-à-vis des pays du Maghreb] s’était toujours fait, mais en douce et discrètement. Seulement, lui fait de la com' pour faire croire qu’il est ferme. En vérité, je le répète, le résultat de cinq ans de Macron, ce sera deux millions d’étrangers légaux en plus, [la population de] la ville de Paris.

 

Marc Eynaud. Vous avez été menacé plusieurs fois, on s’en est pris verbalement et physiquement à vous. Craignez-vous pour votre vie ?

C’est une question que je ne me pose pas, sinon je ne ferais rien. Cela fait longtemps que l’on me pose cette question. Je suis protégé, j’ai la protection des personnalités. D’ailleurs, je remarque que tous ceux qui sont protégés, en France, c’est parce qu’ils parlent de l’islam. Cela devrait nous faire réfléchir, cela prouve que la question se pose. Mais je dors très bien la nuit, ne vous inquiétez pas.

 

M. B. : Voudriez-vous rester en politique avec un parti durable après le scrutin, si jamais vous n’étiez pas élu ?

J’ai envie de vous dire, on avance et on voit ! Ce sera la devise de l’interview.

FIN

Eric Zemmour
Eric Zemmour
Journaliste et écrivain

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