Souvenez-vous : c’était en septembre de cette année, Benjamin Griveaux flambait à la City de Londres pour vanter les atouts de la place financière de Paris. Un objectif louable, certes. Mais derrière les promesses et les roulements d’épaule du requin du gouvernement Macron, pas grand-chose d’autre que du vent. L’événement était médiatisé, savamment mis en scène pour servir l’habile communication à laquelle l’exécutif « en marche » nous a habitués : entretiens divers avec des responsables d'institutions financières, rencontre avec des entrepreneurs français du secteur financier, déjeuner avec des investisseurs institutionnels, interviews sur les télés Sky News, puis sur la BBC, échanges avec la presse britannique et avec la communauté française, etc.

Bref, le grand jeu, la parade du paon pour attirer ceux qu’il convient désormais d’appeler les « brefugees ». Mais, au juste, qui sont ces réfugiés économiques qui fuient la Grande-Bretagne pour rejoindre la France, baluchon Hermès dans le dos tels des Oliver Twist qui auraient passé leur scolarité à Eton plutôt que dans les rues du Londres malfamé d’autrefois ? Le Financial Times a un début de réponse : pas grand monde ! Dans une enquête publiée mardi 12 décembre, l’exode ne concernerait que 4.600 personnes et non les dizaines de milliers annoncées par quelques fantasques experts favorables à l’Union.

Pis, ces modestes chiffres profiteraient surtout à la Bourse de Francfort, grande rivale de la Bourse parisienne. En réalité, les catastrophistes jouaient à leur jeu favori, qu’on peut résumer en un mot rentré dans le langage courant : désinformation. Les clients des grandes banques britanniques n’ont, en effet, nullement l’intention de déménager, obligeant de fait les employés à rester à la City.

Avant le référendum de sortie de l’Union organisé par David Cameron, avec le résultat que l’on sait à l’arrivée, le PDG de JP Morgan hurlait à qui voulait bien l’entendre qu’il déplacerait 4.000 employés de Londres vers d’autres grandes Bourses européennes. Résultat ? À peine 700 emplois de JP Morgan seront délocalisés d’ici au moins d’avril 2019. Des chiffres comparables sont avancés pour Goldman Sachs ou la HSBC.

Reste néanmoins une inconnue : les négociations du Brexit toujours en cours pourraient concerner les services financiers. Évidemment, en cas d’interdiction d’accès à l’Europe pour les banques installées à Londres, l’exil pourrait être plus massif. Nous en sommes encore bien loin ! En outre, ce courant risque de profiter une fois de plus à Francfort, donc à l’Allemagne, qui a une longueur d’avance sur notre pays. Du moins à l’heure où j’écris ces lignes.

Députée européenne, j’œuvre pour le bien de la France et la vérité. Si nous pouvons attirer des capitaux, je dirais banco. Pas au prix de mensonges sur les conséquences du Brexit tendant à discréditer l’éventualité que la France renégocie les traités qui la lient à l’Union européenne. Pas en cautionnant la publicité infondée que se fait un gouvernement prompt à s’attribuer des victoires qui n’en sont pas.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:03.

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18 décembre 2017 à 23:02

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