Borne préside le « Conseil des ministres… des enfants » ! Franchement, à quoi bon tous ces gadgets ?

© Laurent Coust/SOPA Images/Shutterstock
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Élisabeth Borne présidait, ce lundi 21 novembre, lendemain de la Journée mondiale de l’enfance, un Conseil des ministres des enfants. Vingt galopins âgés de 8 à 12 ans, dont on peut douter qu’ils maîtrisent totalement la division et le passé composé, ont donc été accueillis par le Premier ministre afin d’élaborer des propositions sur l’environnement, l’école, la santé et le handicap, l’accès à la culture et au sport et le numérique. Ils ont pu s’adresser directement aux ministres concernés, puisque Pap Ndiaye (Éducation), Christophe Béchu (Transition écologique), Rima Abdul-Malak (Culture), François Braun (Santé) et Jean-Noël Barrot (Numérique) étaient également présents. Rien que ça.

Dans la famille des gadgets gouvernementaux, je demande le baby-sitting. Si la France était un pays en paix, prospère et en pleine croissance, on pourrait imaginer qu’Élisabeth Borne, lasse de se tourner les pouces ou de se vernir les ongles des doigts de pied, cherche quelques activités pour occuper ses journées. Dans une école de l’excellence qui coifferait au poteau au classement PISA tous les autres pays, on pourrait faire perdre leur temps à une vingtaine d’élèves à l'âge des apprentissages fondamentaux. Mais là !

Dans la République de la « com' » et de l’esbroufe, être gentil avec des bambins, faire mine de tous les prendre pour des mini-Greta Thunberg en les écoutant avec componction fait joli dans le décor. Un moment « inspirant et nécessaire », comme disent les recensions littéraires de Elle. Un précédent Conseil des ministres des enfants avait d’ailleurs déjà eu lieu en 2017 avec l’UNICEF. Il s’était déroulé à l’Élysée avec Emmanuel Macron.

Mais entre 8 et 12 ans - ceux qui ont la tranche d’âge chez eux le savent -, que pourraient exprimer des enfants sur des sujets régaliens qui ne leur aurait été soufflé, d’une façon ou d’une autre, par un adulte, en dehors d’une blague Carambar ? N’est-ce pas précisément parce qu’un enfant n’a pas le recul, l’indépendance, l’expérience, la maturité pour analyser par lui-même qu’existe le concept de minorité ? Ce sera un « Conseil des ministres inversé », peut-on lire dans La Croix : « Ce sont eux qui présenteront des projets de réforme à une brochette de ministres. » C’est follement drôle, qu’est-ce qu’on s’amuse. Encore une-idée-disruptive-pour-casser-les-codes.

Ce Conseil des ministres des enfants s’inspire sans doute du Conseil municipal des enfants (CME) imaginé dans les années 70 (on en compte environ 2.000, aujourd'hui). C’est peu ou prou, d’ailleurs, à la même période (1969, dans la foulée de Mai 68) qu’est apparue l’élection du délégué de classe, scrutin qui envoie bien souvent dans les pattes des professeurs des caïds pérorants, parce qu’à cet âge, ce sont ces « qualités » qui s’imposent. Sans que l’école, en France, s’en soit trouvée améliorée d'un iota, bien au contraire.

Car, paradoxalement, alors que l’on porte l’enfant au pinacle, que l’on boit ses paroles comme celles d'un oracle, on le laisse conspuer par les écolos, qui en ont fait un synonyme de pollution, on constitutionnalise l’avortement qui le menace, via l’IMG, jusqu’à la veille de sa naissance, on le met en danger via une impéritie sécuritaire et migratoire croissante, on fait fi de sa santé mentale via des mesures sanitaires d’enfermement (dont les conséquences pourraient se ressentir durant de nombreuses années, selon un rapport récent de l’UNICEF). On pourrait rajouter, pour rester dans l’actualité, qu’on se moque bien, aussi, qu’il soit arraché à sa famille : car si les mineurs isolés sont bien ce qu’ils disent être, c’est une grande violence de les inciter implicitement à venir chez nous et à quitter les leurs. La Convention internationale des droits de l’enfant, dont on parle si souvent, donne pourtant à tout enfant le droit à une famille.

Mais il est vrai que la famille n’a plus la cote. François Hollande est le dernier à avoir créé un ministère dédié, « des familles »,  qui était en fait un déprivatif. Son ministère « défamille » a détricoté son objet, ce qui explique peut-être pourquoi il a ensuite disparu.

Aujourd’hui, l’UNICEF réclame d’ailleurs un ministère de l’Enfance, comme si celle-ci était un électron libre sans attache. L’État appelle depuis longtemps de ses vœux un citoyen « né orphelin, resté célibataire et mort sans enfant », comme l’écrivait Ernest Renan. Nous y serons bientôt.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

48 commentaires

  1. Franchement tout ce cinéma n’a pas de sens ! N’y-a-t-il pas assez de problèmes à résoudre en France ? Que ces ministres, au lieu de s’amuser, s’occupent sérieusement des questions relevant du domaine qui leur est confié. D’ailleurs, leur agenda doit être bien vide quand on voit par exemple Beaune débarquer du jour au lendemain dans les Hauts de France parce Xavier Bertrand se plaint de la diminution importante des trains dans sa région ou la venue d’Attal dans le Pas-de-Calais le lendemain matin suite à l’assassinat d’un inspecteur principal du Trésor Public ! Pourtant, vu la situation de notre pays : sécurité, immigration, délinquance, violence… les heures de travail et de réflexion ne devraient pas manquer ! Encore faut-il qu’ils en soient capables car les les Français attendent mais ne voient rien venir !!!

  2. Consternant de stupidité ! C’est de l’esbroufe à l’état pur.
    Il serait en effet beaucoup plus utile à l’avenir de ces enfants et à celui de la France que Mme Borne et M. Pap Ndiaye s’occupent de rétablir la vocation de l’école pour des enfants de cet âge : apprendre d’abord à lire, écrire et compter. Chaque jour démontre les lacunes grandissantes dont souffre notre jeunesse à cet égard.

  3. Lassés de prendre les Français pour des enfants, ils ont donc décidé de s’adresser directement à eux. C’est plus facile et ça râle moins.

    • Personnellement j’ai un petit-fils âgé de 7 ans. Il n’irait certainement pas jouer les marionnettes avec Borne et ses ministres. Il a bientôt plus de réflexion que ceux qui nous gouvernent !

  4. un « truc » de plus stupide inutile et risible à l’image du Président que reçoit à l’Élysée deux comiques dont j’ignorai l’existence avant cette pitrerie présidentielle, une de plus…..A quand la prochaine ? Sauf que cela ne fait absolument pas rire, au contraire.

  5. Essayons de voir le côté positif des choses. Vu que ce gouvernement considère qu’en modifiant le droit au chômage cela conduira les sans-emploi à accepter le premier travail qui se présentera, alors quand ces ministres seront remerciés, ils pourront offrir leurs services dans les crèches et tous ces établissements en sous effectifs pour assurer la garde des enfants.

    • Ils n’auront pas besoin de chercher du travail. Ils seront recasés comme notre ancien premier ministre CASTEX (RATP) et bien d’autres. Et de toutes façons ils toucheront leurs indemnités de ministre et de député ou les deux indemnités pour certains. Vu le montant des indemnités ils auront le luxe de ne pas travailler !

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