Les esprits s’échauffent autour de l’idée d’instaurer un référendum d’initiative citoyenne. Toute contestation sociale, numérisée ou pas, n’a de sens que si elle renverse véritablement la table. Or, qu’en a-t-il été, depuis ces deux derniers mois ? Des vidéos, des débats, des vedettes, des dérapages et de la casse. À l’évidence, rien n’est plus fort que "la société du spectacle" (Guy Debord). Mais le problème est ailleurs : tout cela aura montré la suprématie de la technostructure de l’État français. En effet, les acteurs, la mise en scène et le décor ont été sauvegardés. Chamfort avait écrit : « La société, les cercles, les salons, ce qu’on appelle le monde, est une pièce misérable, un mauvais opéra, sans intérêt, qui se soutient un peu par les machines et les décorations. » Il convient de comprendre pourquoi la comédie du Président Macron est faite encore pour perdurer. Ce Noël 2018 ne livrera pas les jouets escomptés. La dinde est déjà au four et les marrons resteront glacés.

La Bastille de la France actuelle n’est certainement pas l’Élysée (qui n’a pas de pouvoir), mais Bercy. Le système colbertiste qui réclame toujours davantage de mille-feuilles administratifs, au nom du maintien d’un conglomérat industriel central, prend une autre forme, mais sans que cela se voie. Jusqu’à la fin du XXe siècle, colbertisme et jacobinisme faisaient bon ménage. Seulement, depuis la mise en place de la décentralisation (entre 2003 et 2004), les régions ont récolté de nouvelles compétences, notamment la gestion administrative, logistique et financière des lycées. En fait, toute décentralisation est le cheval de Troie de la déconstruction d’une nation. L’avenir des territoires se réduit à la construction d’immenses régions et de cités-États. La sur-administration des sociétés civiles européennes signifie déjà un renforcement du pouvoir central de la Commission de Bruxelles.

La présence d’Emmanuel Macron à l’Élysée permet à l’inspection des finances de faire tomber le masquer sans vergogne. Son projet est simple et sans appel : germanisation des territoires et numérisation de toutes les formes de service. Les groupes Orange, Bouygues, Altice (de Patrick Drahi) et Iliad (de Xavier Niel), d’ailleurs très énarquisés dans leurs modes d’organisation, sont les maîtres de ce jeu d’influence. À cela s’ajoutent davantage de parts de marché pour des sociétés étrangères comme les géants du Web, McDonald’s et Starbucks. Les élites françaises ne veulent pas être stratèges, mais juste glaner des sièges. Car seules les technologies de l’information et de la communication font la pluie et le beau temps. La France de la 5G et du 3.0 entend malheureusement avancer sans gilets jaunes.

En outre, le Conseil d’État, avec Thierry Tuot - haut fonctionnaire ouvertement immigrationniste - dans son escarcelle, œuvre d’ores et déjà en vue d’un renouvellement de la masse citoyenne française. Il s’agit de faire en sorte que le Français coûte moins cher à l’État tout en consommant plus. Celui-là doit pouvoir obtenir un microcrédit pour 500 euros de revenu par mois. Autant d’éléments qui montrent que la souveraineté du peuple ne sera jamais entendue, et encore moins écoutée. Un référendum, quelle qu’en soit la modalité, n’a aucun sens si sa réponse est contredite par un tour de passe-passe juridique. Pis encore lorsque la technostructure sera intégralement dirigée par des algorithmes hautement sophistiqués. Les valeurs humanistes ont tragiquement vocation à se retourner contre elles-mêmes : l’humain n’aura plus droit de cité pour une intelligence artificielle.

Bienvenue en technocrature...

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20 décembre 2018 à 15:33

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