Avortement pour tou.te.s : il fallait y penser !

"Pas de liberté pour les ennemis de la liberté", s’exclamait le révolutionnaire Saint-Just. C’est, en quelque sorte, le slogan de ceux qui s’opposaient, dimanche, à la Marche pour la vie. Puisque, par définition, les marcheurs pour la vie sont les ennemis de la liberté. La liberté de celles et ceux, selon la formule désormais consacrée, qui se proclament « pro-choix ». Curieux, d’ailleurs, que l’on oppose le choix à la vie. Il est vrai qu’on peut difficilement se dire pro-mort. Alors, va pour « pro-choix ». Du reste, cela fait quarante ans que l’anesthésie des mots produit ses effets. On ne va pas vous refaire l’historique depuis le début, vous le connaissez par cœur : l’avortement changea de nom pour s’appeler interruption volontaire de grossesse pour, très vite, « s’acronymiser » en IVG.

Pas de liberté pour les ennemis de la liberté, donc. Cela a commencé dimanche matin à Rennes par le blocage d’un car de manifestants pour la vie qui se rendaient à Paris. Blocage provoqué par une quarantaine d’encagoulés. Des antifas, selon un tweet de la Marche pour la vie qui, en outre, a précisé que des passagers ont été gazés. Une banderole résume le haut niveau intellectuel de ces amoureux farouches de la liberté : "AVORTEMENT POUR TOU.TE.S". La défense de l’égalité femmes/hommes et son corollaire sémantique ubuesque – l’écriture inclusive - ne savent vraiment plus où donner de la tête pour se rendre ridicules. Ou bien c’est qu’on n’a pas tout expliqué à ces jeunes gens... Mme Schiappa, va falloir faire quelque chose ! Point positif, tout de même : ils appellent un avortement un avortement.

Pas de liberté pour les ennemis de la liberté, disions-nous. Réaction sur Twitter à cet acte d’héroïsme d’une certaine Margaux, "professeure stagiaire d’histoire-géographie à Paris. Féministe, Lgbt+ friendly" : "Bravo les pro-choix. Ne laissons pas ces obscurantistes [on croirait lire du Schiappa dans le texte : le Moyen Âge et ses horreurs, tout ça, là…] brimer la liberté des femmes. La violence vient d’eux et de leur volonté à nous faire devenir de simples esclaves sexuelles et reproductives. Mon corps, mon choix !" Une prof – enfin, stagiaire – qui applaudit à des actes s’apparentant à du brigandage de grand chemin, on se dit que ça fout un peu la trouille. Donnez-nous vite le nom du lycée ou du collège où la donzelle exerce, pour qu’on n’y mette pas nos gamins. Entre parenthèses, c’est pas gagné, M. Blanquer,au niveau du retour de l’ordre

En allant plus loin dans l’historique des tweets de cette Saint.e-Just.e, défenderesse de la liberté des femmes, on lit des choses pas mal, non plus : "Parce que tout enfant a le droit d’avoir autre chose qu’un père et une mère manif pour tous ! L’enfant a besoin d’amour de deux papas, de deux mamans, d’un papa et d’une maman, d’une maman, ou d’un papa. Tout ce que l’enfant ne doit pas avoir ce sont : des fous homophobes." À bien lire et relire ce charabia, on se demande finalement si ce n’est pas aux enfants de choisir la combinaison qui leur convient. Du moins, pour ceux qui sont vivants.

C’est là qu’on peut voir le profond confusionnisme dans lequel notre société est tombée. On attend beaucoup des états généraux de la bioéthique. On sait comment ça commence, les états généraux. Et où ça peut finir...

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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