Autonomie, le risque épidémique : après la Corse, la Bretagne ?

drapeau breton

Depuis l’accession de l’île-de-beauté à un début d’autonomie relative, il était logique que d’autres provinces françaises plaident à leur tour pour un « statut particulier ». Ainsi, Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne (ex-PS), vient-il de demander à Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, et Gérard Larcher, président du Sénat, que le cas breton soit à son tour examiné.

Sans surprise, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, s'y oppose et poste illico, sur X : « #Corse il fallait s’y attendre hier le président du #Sénat Gérard Larcher a reçu une lettre du pdt de la région Bretagne pour demander à son tour la modification de la #Constitution #BoitedePandore »

De son côté, Gérard Larcher affirme : « Je ne transigerai pas sur l’unité et l’indivisibilité de la République. »

Force est de constater que si Gérard Larcher est parfaitement dans son rôle de républicain de stricte observance, le cas du Vendéen Bruno Retailleau peut laisser pensif. En effet, la République n’a pas toujours été bonne fille vis-à-vis de sa terre natale, ravagée par les colonnes infernales du général Turreau. Comme quoi l’homme n’est pas rancunier.

Un « totem républicain » bien mal en point ?

Au-delà de ces polémiques - le RN est contre ces « statuts particuliers » alors que Reconquête est pour -, tel qu’expliqué hier en ces colonnes, une question demeure : le totem républicain ne serait-il pas en perte de vitesse ? En effet, dans une République plus tournée vers la mondialisation et l’Europe que vers ses propres terroirs (désormais appelés « territoires »), dans un pays qui se plie chaque jour davantage à des revendications communautaires d’importation – voile islamique et Gay Pride, menus halal dans les cantines scolaires et toilettes non genrées –, il n’est pas incongru que l’identité provinciale fasse figure d’ultime recours pour des Français se sentant désormais oubliés par la capitale où tout se décide peu ou prou. Et dans leur dos le plus souvent, tant qu’à faire.

Certes, la France n’a pas attendu la république jacobine pour devenir centralisatrice, Colbert était déjà passé par là, sachant qu’au contraire de nos voisins européens, c’est l’État qui a ici créé la nation plutôt que le contraire. Pour autant, nos monarques de l’Ancien Régime étaient « rois des peuples de France ». La Bretagne, au même titre que les autres provinces (Normandie, Bourgogne et autres), bénéficiait alors de droits coutumiers. C’est la Révolution française qui a mis à bas ce bel et fragile édifice, massacrant au passage les Français dubitatifs devant tant de sollicitude républicaine.

Vers un effet domino ?

Depuis, la République, non sans violence – le fameux « interdit de cracher par terre et de parler breton » –, s'imposa. La Troisième du nom fut même particulièrement intransigeante en matière d’immigration, légale comme clandestine, tout en assurant une école dont les lustres ne sont plus aujourd’hui que lointain souvenir.

Inutile de préciser que la situation a changé depuis. Résultat ? Cité par Le Figaro, le constitutionnaliste Benjamin Morel affirme : « On entre dans une concurrence identitaire, les Corses visent le statut de la Nouvelle-Calédonie. Les Bretons visent le statut de la Corse, et ainsi de suite. »

Mais à qui la faute ? Sûrement pas à ceux qui se réfugient dans une identité locale, faute d’identité nationale : Corses et Bretons préfèrent ressembler à la terre les ayant façonnés, de génération en génération, plutôt qu’à l’affiche, bienveillante et inclusive, des JO façon Anne Hidalgo. Qui pourrait les en blâmer ?

Aujourd’hui, la seule à se prévaloir de manière cohérente de ces fameuses « valeurs de la République », dont les contours demeurent néanmoins à définir, n’est autre que Marine Le Pen. Certains le lui reprochent, mais si ces mêmes « valeurs » n’avaient pas été abandonnées dans le caniveau, elle n’aurait pas eu besoin de les y ramasser avant de haut les brandir…

Au fond, si certains ressortissants des « peuples » de France entendent retrouver une souveraineté immédiate, loin d’une nation qui se délite de jour en jour, c’est peut-être qu’ils ont leurs raisons. Et ces dernières ne sauraient être que mauvaises.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

36 commentaires

  1. La République française a apporté beaucoup de malheurs à la Bretagne :
    – Après la nuit du 4 aout 1789, les impôts ont doublé. Depuis l’annexion de la Bretagne en 1532, il était établi que la Bretagne devait payer deux fois moins d’impôts que dans le reste du royaume de France.
    – La République française a lancé des campagnes militaires génocidaires contre la Bretagne et la Vendée.
    – La conscription a envoyé la jeunesse bretonne au massacre, surtout avec Napoléon et en 1914.
    – Au niveau économique le XIXème siècle a été le pire de toute l’histoire bretonne.
    – A la fin du XIXème siècle la République a empêché les enfants Bretons de parler leur langue, et
    l’histoire de la Bretagne ne leur a pas été enseignée.
    – Au XXème siècle la République française a mis en oeuvre un génocide à bas bruit du peuple réel, de race, de souche,
    par le nivellement biologique, avec l’immigration allogène, de remplacement et de dilution.

  2. « De son côté, Gérard Larcher affirme : « Je ne transigerai pas sur l’unité et l’indivisibilité de la République. » Air connu, de Gaulle nous a sorti le même en 58 pour l’Algérie.

  3. La Corse, l’île de beauté, c’est vrai, mais les autres, des îles de mocheté? Merci pour les Bretons. Ils vont peut-être finir par se réveiller, eux qui ont des « chances pour la France » de plus en plus nombreux!

  4. Au mois de novembre j étais à Ajaccio, la une de Corsica titrait, « nous voulons l autonomie, commençons par gérer nos déchets » et oui un vrai problème pour l île le retraitement des déchets !

  5. Je suis Corse, fier de l’être, mais je suis aussi Français et tout aussi fier de l’être. Quand donc mes compatriotes, de l’île mais aussi du continent, arrêterons de croire aux chimères que leur lancent le président et son gouvernement. Leur seul objectif, et il ne s’en cache même pas, est de casser la France et de transformer ses provinces en régions européennes sans histoire, sans pouvoir, sans culture et donc sans avenir. Après la Corse, la Bretagne, l’Alsace-Lorraine, le Pays Basque et combien d’autres encore, le Poitou-Charente, par exemple ? Et dites-vous bien que nombre de nos politiques véreux n’attendent que cela par ambition et envie en particulier financière.

  6. Tous ceux qui croient que leur autonomie régionale, voire leur indépendance, va leur apporter plus de bien-être et d’identité culturelle, se mettent le pouce (et la main entière) dans l’œil : avec l’UE, la réalité du bienfait de l’Etat Providence français va très vite revenir au galop dans les cerveaux. La naïveté la plus désolante s’est vue lors d’un entretien du nationaliste corse Guy Talamoni devant les caméras de télévision: derrière lui, drapeau corse et drapeau européen enlacés, mais pas de drapeau français. Seul le militantisme idéologique aveugle peut expliquer que cet homme croit que la petite Corse résistera au rouleau compresseur de la Commission alors que les plus grands pays de l’UE (France, Allemagne) sont laminés par le multiculturalisme dogmatique et abstrait de l’UE.

  7. Et si on parlait de la SAVOIE et de NICE pour qui le traité d’annexion n’a toujours pas été ratifié par L’ONU depuis 1860.
    La France aurait t’elle quelque chose à se reprocher? Elle occupe donc illégalement ces territoires!!!

    • Bien d’accord avec vous. Les médias ne parlent que de l’identité corse, bretonne, basque et alsacienne. Ils oublient que la Savoie et le comté de Nice sont les derniers à être devenus français en 1860. A Annecy, il y a une rue de l’Annexion et non du Rattachement : tout un programme…

  8. Ceci est très exactement ce que souhaite Macron , c’est à dire morceler la France afin de la faire disparaitre complètement

  9. Avant de vouloir réclamer une quelconque indépendance, il faudrait déjà être capable de défendre sa propre culture face à l’entreprise d’Islamisation de la France… Et ne pas faire comme les Écossais, par exemple, qui ont élu un Musulman à la tête de leur Parlement…

  10. Cela sera nettement plus compliqué pour tracer la ligne, qui sera en Bretagne, qui sera en pays Basque etc…, qui pourra s’en prévaloir, bataille au mètre près entre les partisans et les non partisans…..ça va occuper pendant un moment les nigauds qui passeront à côté des vrais faits importants que vit notre monde. C’est le principe du prestidigitateur, regardez là pendant que je magouille ailleurs…… enfin… si ce genre d’ineptie vous importe, lisez  » l’Atlas du mondialisme  » de Pierre Hillard, il a tout dit.

  11. Après la Corse, la Bretagne et d’autres régions, pourquoi pas un statut d’autonomie pour la « communauté musulmane » de France, qui ne demande que ça ? On joue là un jeu dangereux en ouvrant la boite de Pandore.

    • Dans l’ex-Yougoslavie de 1971 à 1995, 6 nationalités coexistaient : les nationalités serbe, croate, slovène, monténégrine, macédonienne et… musulmane. On voit ce qu’il en est advenu.

  12. Beaucoups d’alsaciens(nes) réclamment l’autonomie pour l’Alsace, cette réclamation est voulue pour faire face au délaissement (voir au mépris) de la région par les instances nationales, pour que les affaires de la région soit gérées par elle-même et non par Paris. L’ALsace un pays libre, identique au Liechtenstein ou à Monaco est souhaité. Plusieurs fois vendu par la France et l’Allemagne nous restons un peuple avec une histoire très particulière. L’Alsace n’est donc pas la France mais également pas l’Allemagne. Dans le passé une partie Sud était même rattachée à la Suisse. Alors le Grand Est est à nouveau une belle trahison du gouvernement français. Je comprends la Corse et la Bretagne et je souhaite qu’un jour l’Alsace se batte pour retrouver sa liberté et sa souveraineté.

    • En 2013, les Alsaciens ont été consultés sur le projet de Conseil d’Alsace Unique avec la fusion des 2 départements. Ils n’en ont pas voulu et ont donc été rattachés au Grand Est en 2016…

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