Autisme : l’arnaque des traitements prétendus miracles

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Le 2 avril était la Journée mondiale de l'autisme, occasion, pour les spécialistes, de faire le point des connaissances sur ce syndrome, longtemps accaparé par des théories psychanalytiques douteuses, très culpabilisantes pour les parents estampillés « mal aimants ». Opinion, hélas, persistante chez certains thérapeutes, tenant du mythe de la maladie psychique créée et entretenue par un environnement familial perturbé. Or, on connaît aujourd'hui le caractère prédominant de la génétique dans cette difficulté de communication sociale, accompagnée de comportements limités et répétitifs.

La précocité de prise en charge d'un trouble du développement cérébral est, évidemment, capitale pour son amélioration. Et c'est là que le bât blesse. Parce qu'entre la constatation, vers 18 mois, qu'un enfant ne sourit pas, ne réagit pas à son prénom, ne babille pas, etc., et l'accès à une consultation spécialisée, il peut s'écouler un an dans le meilleur des cas, et jusqu'à trois ans et demi, par exemple, dans le Finistère… La prise en charge de l'autisme, qui touche en France 700.000 personnes, est un vrai problème.

On comprend, ainsi, combien les parents désemparés sont des proies faciles pour les charlatans, coachs, rebouteux, hypnotiseurs et autres « patathérapeutes » (parfois médecins diplômés, hélas) qui se targuent de diagnostiquer la cause du mal : pour tel « naturopathe », ce sont les vaccins, pour une « nutri-détoxicologue », tout vient du microbiote... Fatras pseudo-scientifique qui aboutit à des « traitements miracles », au mieux inefficaces, au pire toxiques, et toujours onéreux.

L'Ordre des médecins fait ce qu'il peut contre ces formes d'exercice illégal de la médecine, et radie les aigrefins lorsqu'ils sont médecins. Avec la MIVILUDES (organisme de lutte contre les sectes et leurs abus de faiblesse), l'Ordre a créé un groupe de travail sur le sujet. Mais la répression a ses limites, comme ce praticien qui, bien que radié, donne des consultations téléphoniques à 160 euros… depuis la Suisse !

Pour sa part, Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, annonce s'attaquer sérieusement au problème en main par la création de parcours coordonnés de soins pour les moins de sept ans, dotés d'un budget de 90 millions d’euros. Reste à recruter les équipes et à former les compétences, ce qui ne sera peut-être pas si facile…

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

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