Assurance maladie : les serviettes périodiques plutôt qu’une technique pour traiter l’AVC !

médecin

Tandis que, demain, l’intelligence artificielle est appelée à modifier profondément le processus de diagnostic médical, un des progrès thérapeutiques les plus spectaculaires est dû, depuis des années, aux radiologie, cardiologie et neurologie interventionnelles. De minces tuyaux (les cathéters), introduits par simple ponction dans un vaisseau superficiel et sous anesthésie locale, cheminent sous guidage radioscopique pour atteindre des organes sans cesse plus nombreux.

Ils peuvent alors dilater un vaisseau, le « ramoner », y introduire du matériel prothétique ou injecter un produit de manière strictement locale. On peut même remplacer une valve aortique. Pour les maladies du cœur, c’est un progrès équivalent à celui des antibiotiques pour les infections.

C’est pourquoi il est curieux de voir, aujourd’hui, l’assurance maladie cesser de rembourser les cathéters de thrombo-aspiration, ceux qui permettent de déboucher une artère par aspiration d’un caillot mal placé, notamment lors des accidents vasculaires cérébraux (AVC) dont le pronostic a été transformé par cette technique.

Le matériel, à usage unique, coûte l’équivalent d’un iPhone™ haut de gamme. On conviendra que ce prix - qui ne constitue que 15 % du coût de l’intervention - est raisonnable quand il s’agit d’éviter la paralysie de la moitié du corps et la perte de la parole...

Aussi Julien Gottsmann, directeur de l’hôpital Rothschild - auquel cette suppression coûtera 450.000 € par an -, se déclare-t-il « dans l'incompréhension la plus totale », cette technique étant « l'indication de référence dans le traitement [...] tellement efficace que le gouvernement a décidé qu'on en déploie davantage sur tout le territoire au plus près des patients. » Allez comprendre !

La recherche d’économie est, on le sait, l’ardente obligation des politiques hospitalières. Mais quand, avec l’AME, on soigne gratuitement les personnes en situation irrégulière, quand on prend en charge nombre de cures discutables ou de primesautières opérations de changement de sexe, des moyens contraceptifs pour « tous et toutes », et que cette semaine, on annonce qu’Élisabeth Borne promet le remboursement par la Sécurité sociale des protections périodiques réutilisables à partir de l'an prochain, il semble aberrant de porter les économies sur un matériel aussi primordial que les cathéters de thrombo-aspiration.

La lutte contre la « précarité menstruelle » rapporterait-elle plus de voix que celle de la première cause de handicap chez l’adulte et que le sauvetage des fonctions intellectuelles et motrices des Français ?

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Dans les années 60 et dans certains hôpitaux et cliniques, les infirmières « débouchaient » les drains de Redon pour pouvoir s’en resservir. Va-t-on en arriver là à nouveau?

  2. Et quand on pense que pour certains médicaments , la Sécu impose aux prescripteurs de justifier la nécessité d’un tel médicament , bien souvent pour le patient indispensable ; mais par cet effet d’annonces pour ces dames Mme Borne pense redorer son blason , elle qui se trouve dans une mauvaise passe avec ses annonces à l’emporte pièces , de sa politique totalement inepte, et des incartades de ses ministres . N’ y a t-il pas plus urgent en ce moment que de se pencher sur les inconvénients mensuels de ces dames , alors que la France est en pleine crise . Et si on évitait aussi de déverser des millions d’euros pour l’AME , notre système de santé s’en porterait mieux.

  3. Mon cher Docteur, vous avez oublié que nous sommes dans « Ubuland ». Rien à rajouter. Il en va de la santé comme de tout le reste dans ce pays à la dérive.

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