Assassinat de Sarah Halimi : des intellectuels demandent justice et lucidité !

Entre les deux tours de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron s’est rendu à Oradour-sur-Glane pour honorer, non sans arrière-pensées, la mémoire du massacre abominable commis, il y a 73 ans, par une colonne infernale de SS. Le martyre du village de Haute-Vienne, gravé dans nos mémoires, reste l’une des images les plus fortes de la barbarie crue, dure, aveugle. Quelques jours plus tôt, le 4 avril, une femme juive de 65 ans était torturée et assassinée, en plein Paris. Ce « fait divers », dont la presse n’a guère parlé, suscite la réaction de plusieurs intellectuels français dont le communiqué, digne et ferme, dénonce l’inaction de la police et le profil du tueur : un musulman.

Ce jour-là, Sarah Halimi a été réveillée vers 4 heures du matin par son voisin, Kobili Traoré, 27 ans. Après avoir pénétré dans son domicile, il l’a torturée pendant près d’une heure. Les hurlements de sa victime ont été enregistrés par un voisin. D’autres ont appelé la police, mais personne n’a osé intervenir. Les policiers, venus sur place, ne sont pas intervenus non plus ! Victime d’une vingtaine de fractures au corps et au visage, traitée de démon par l’agresseur, Sarah Halimi a finalement été défenestrée du 3e étage, sous les yeux des policiers. Traoré, qui hurlait « Allah Akbar » pendant qu’il accomplissait sa sinistre besogne, a finalement été interpellé et interné en hôpital psychiatrique.

Ce crime a été commis en plein Paris, par un individu déjà condamné à plusieurs reprises pour des faits de violence et de stupéfiants. Il l’a été par un musulman pratiquant, fréquentant la mosquée radicale de la rue Jean-Pierre-Timbaud, et connaissant parfaitement la religion de sa victime. Il l’a été par un musulman, pour des raisons apparemment liées à la judéité de Sarah Halimi. Il l’a été au nom d’Allah. Pourtant, le parquet de Paris poursuit un « homicide volontaire » et non un assassinant précédé d’actes de torture et de barbarie. Il n’a pas retenu la circonstance aggravante d’antisémitisme. Pourquoi ? La religion de l’assassin serait-elle à ce point anecdotique qu’elle n’aurait joué aucun rôle dans cette horrible affaire ? Les cris d’Allah Akbar auraient-ils été poussés par un autre, sans lien avec le crime ? Soyons sérieux.

Il est aisé, et sans risque, de dénoncer la barbarie nazie : nul ne sortira plus jamais du passé pour déclarer la guerre à ceux qui dénoncent leurs crimes. Le nazisme a été éradiqué il y a 70 ans. Les rares traces qui en subsistent ne constituent aucune menace sérieuse pour la paix de nos sociétés. Les antisémites d’aujourd’hui sont musulmans. Ce sont eux qui agressent, tuent, torturent, violent les juifs de notre pays. Comme l’écrivent les signataires de cette tribune, "tout laisse penser, dans ce crime, que le déni du réel a encore frappé. […] Nous demandons que toute la vérité soit établie sur le meurtre de Sarah Halimi. Que toute la vérité soit dite sur la profondeur des fractures françaises. Il faut que la politique de l’autruche cesse et que nos dirigeants prennent conscience de ce qui se passe dans le pays. Pour Sarah et sa famille, mais aussi pour la France."

« Il ne faut pas stigmatiser », diront certains. Sans doute. Mais à force de dire cela, on refuse la réalité, celle d’une catégorie de la population qui, sur notre terre, se livre à des actes qu’aucun respect pour la foi de chacun ne saurait justifier. Lorsqu’un homme tue sa victime au cri d’Allah Akbar, il faudrait être sourd et aveugle pour ignorer ses motivations. « Plus jamais ça », disent-ils à l’évocation de la Shoah. Mais « ça » recommence, et ils refusent de le voir. Merci à vous qui, dignement et sans haine, demandez justice et lucidité.

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