Nathalie Kosciusko-Morizet est morte mais ne le sait pas encore. Morte en devenir, tel le lapin aveuglé par les phares de la voiture, égaré en pleine route et attendant d’être écrasé, assure Éric Zemmour, lors d’une récente chronique ayant fait grand bruit sur RTL.

NKM réfute la métaphore, assurant ne pas être un lapin. Et pointe la misogynie présumée du journaliste. L’antienne est connue : si l’on l’attaque, c’est en tant que femme et bel et bien parce qu’elle est femme. Fastoche, il suffisait juste d’y penser. Remarquez que la martingale peut se décliner à l’infini. Racisme anti-blonde pour Marine Le Pen, anti-cougar pour Brigitte Macron...

Plus sérieusement, Nathalie Kosciusko-Morizet est morte, donc ; électoralement, s’entend. Emmanuel Macron l’a tuée, tout simplement, au même titre que tant d’autres, qu’ils soient ou non plus ou moins lapins. Déjà, il est plus jeune qu’elle, le lapin NKM n’ayant plus rien du perdreau de l’année ; le jeunisme cèle en lui ses propres limites - voyez Giscard d’Estaing ou Chaban-Delmas en leur temps…

Elle se prétendait rebelle ; lui, au moins, a eu le courage de brûler ses vaisseaux et de rompre définitivement avec sa maison mère. Nathalie Kosciusko-Morizet, c’est la dernière Jupette d’Alain Juppé. Les mêmes idées, l’âge en moins et les cheveux en plus. Elle entend être ce qu’Emmanuel Macron incarne, à ce détail près que, tout ceci, lui l’incarne mieux qu’elle. Comme le maire de Bordeaux, elle a passé, elle a manqué son tour.

À défaut de destin national, elle aurait éventuellement pu se rêver en maire de Paris, sauf que, dans ce registre, Anne Hidalgo lui a déjà piqué le boulot. À l’heure de l’Internet à haut débit, NKM fait figure de 78-tours. Alors, oui, être femme, le dernier argument, même si, depuis la mort de Jean Yanne, les véritables machos se font de plus en plus rares. Mais toujours la même ritournelle. Son disque est rayé et son éternel retour, façon âge bête et tête de bois, ne provoque guère plus qu’une indifférence vaguement amusée.

Devenir ringarde avant même d’avoir été à la mode, c’est un comble. Elle est pourtant loin de faire figure de cas isolé, sachant que c’est la majeure partie de la droite qui se trouve aujourd’hui en voie de "NKMisation". À force de vouloir jouer aux modernes, ils sont tombés sur plus moderne qu’eux. Ils rêvaient de partis politiques en forme de start-up ? Emmanuel Macron est une Silicon Valley à lui tout seul ; c’est Elon Musk à l’Élysée. Ils se voulaient plus européens que les Européens ? Ils ont trouvé plus européiste qu’eux.

Entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, il n’y a plus rien. Et surtout pas Nathalie Kosciusko-Morizet, victime d’une sorte de coup du lapin, pour continuer de filer la métaphore automobile.

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03 juin 2017 à 1:11

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