Alexandre del Valle : « Hamza ben Laden avait été préparé par Oussama pour être un jour son successeur »
Hamza ben Laden, fils d'Oussama ben Laden, a été tué, lors d'une opération antiterroriste conjointe au cours des deux dernières années. Ce trentenaire préparait la relève, au sein d'Al-Qaïda.
Explications d'Alexandre del Valle au micro de Boulevard Voltaire.
Hamza ben Laden, le fils d’Oussama ben Laden, est mort. On le connaissait très peu, mais il faisait, semble-t-il, partie de ceux qui avaient repris Al-Qaïda à la mort d’Oussama ben Laden...
Oussama Ben Laden a été tué par les services américains au Pakistan en 2011. Hamza a été préparé par son père pour être son successeur.
Il avait la trentaine et commençait à prendre du grade. L’actuel chef d’Al-Qaïda avait confirmé qu’il pouvait être un jour le chef d’Al-Qaïda. Il n’avait pas encore repris l’organisation. Il était en train d’être préparé et commençait à faire ses preuves. Il avait pris les armes dès l’âge de 12 ans. On le voit sur des vidéos menaçant les Américains, les juifs et les croisés.
Le galon qu’il avait pris était pour le futur.
Les Américains ont en quelque sorte tué l’arbuste avant qu’il grandisse…
On n’est pas sûr que ce soit uniquement les Américains. C’est peut-être une opération avec d’autres services. Trump a lui-même dit qu’il aurait eu intérêt à s’en vanter. Il ne l'a pas fait et n’a pas fait de commentaires.
C’est probablement une opération conjointe dans laquelle les Américains ont eu un rôle important. Des commandos des services américains ont contribué à l’éliminer.
C’est une bonne nouvelle pour la lutte contre le terrorisme. Les symboles sont importants. Il a encore beaucoup de demi-frères et même de petits demi-frères, la troisième génération. Il a aussi un frère, Mohammed. La dynastie des terroristes ben Laden n’est pas morte.
Où en est Al-Qaïda ? Est-elle encore l’organisation d’il y a quelques années ?
En Syrie, les structures de Daech ont été éliminées. Il reste bien quelques militants, mais rien au niveau opérationnel. En revanche, aujourd’hui, Al-Qaïda y est très puissante. La Syrie abrite une des plus grandes concentrations de terroristes djihadistes dans le monde.
On parle de Daech en Syrie comme s’il n’y avait que Daech qui était dangereux. Il s’agit, en fait, de minimiser le travail et la lutte du régime syrien contre des milices liées à Al-Qaïda et aidées par l’Occident. Il y a eu une sorte d’omerta. On a fait croire qu’Al-Qaïda n’était pas très importante. Mais tout le monde sait qu’Al-Qaïda est beaucoup plus puissante aujourd’hui en Syrie que Daech. La majorité des djihadistes est liée à Al-Qaïda. On en trouve, notamment, à Idleb, qu’on présente comme martyre des méchants Russes et Syriens. Aujourd’hui, le régime syrien, avec la Russie, doit lutter contre une poche extrêmement importante où se trouvent plus de dix mille militants et djihadistes d’Al-Qaïda ou liés à Al-Qaïda.
Hamza ben Laden était important à ce niveau. Il dirigeait une brigade liée à Al-Qaïda qui alimentait le réseau en Syrie. Il acheminait beaucoup de djihadistes internationaux vers la Syrie.
C’est une occasion de nous rappeler que la guerre en Syrie n’est pas terminée.
La Syrie lutte contre des djihadistes d’Al-Qaïda. Al-Qaïda est alimentée par des gens comme Hamza ben Laden. À Idleb, on sait que la zone de l’ouest-nord regroupe tous les djihadistes de Syrie. C’est une concentration de djihadistes internationaux, aussi dangereuse que celle de Daech. Ce sont de véritables djihadistes liés au terrorisme international. Il y a même des Français et des francophones dans cette zone.
Si nous étions un État normal, nous reprendrions langue avec le régime syrien, non pas pour lui dresser des lauriers, mais pour une coopération froide et pragmatique de lutte conjointe contre une menace commune : Al-Qaïda.
Fabius disait, il y a quelques années, qu’Al-Nosra faisait un bon boulot en Syrie. Al-Nosra était la section d’Al-Qaïda en Syrie. À l’époque, Al-Qaïda était liée aux rebelles islamistes de l’ALS et d’autres sections qui, hélas, étaient aidées par l’Occident pour essayer de renverser Bachar el-Assad. L’Occident paye très cher son calcul cynique, comme en Afghanistan, où on a utilisé certains djihadistes comme béliers contre un régime pro-soviétique qui nous dérangeait.
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