¡Aïe, aïe, aïe, Caramba! Le pistolero Mélenchon est de retour !

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Deux mois de chevauchées dans la pampa, ça vous regonfle un homme. Voilà donc notre Mélenchon, retour d’un pèlerinage qui l’a mené du Mexique en Uruguay et de l’Argentine au Brésil, plus teigneux que jamais.

L’Amérique latine, c’est sa fontaine de jouvence. Il l’aime de tout son petit cœur, aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain. Il est donc allé « tirer des leçons utiles », comme il dit, des révolutions de gauche opérées sur ce continent avec le succès qu’on sait. « Les Amériques sont la seule région du monde où se tentent des ruptures avec le néolibéralisme de notre époque », écrit Mélenchon, et de Castro à Maduro, il a pour ses leaders les yeux de Chimène. C’est ainsi qu’il est allé visiter Lula dans sa prison et qu’il a reçu, mardi, dans ses bureaux, l’ex-présidente Dilma Rousseff, accusée elle aussi de corruption.

Selon la technique bien connue, chez les politiques, du portrait en miroir – voyez à qui je me compare, vous saurez qui je suis (François Bayrou et Henri IV, Jack Lang et les Médicis…), Mélenchon aligne les victimes. Rien que de blanches colombes prises, comme lui, dans les filets d’odieux procès politiques.

Car Jean-Luc Mélenchon, à peine rentré de cette tournée qui l’a tenu éloigné de sa chère France insoumise, va devoir affronter les juges. Son procès pour « rébellion, provocation et actes d’intimidation contre l’autorité judiciaire » s’ouvre, ce jeudi 19 septembre, devant le tribunal correctionnel de Bobigny. Les faits, on s’en souvient, remontent à octobre 2018, le patron de La France insoumise jouant alors le gorille écumant devant les affreux venus perquisitionner ses bureaux : « La République, c’est moi ! »

La bouffée délirante due à un accès de mégalomanie paranoïde étant difficile à plaider, Jean-Luc Mélenchon est donc allé respirer le parfum des révolutions sud-américaines pour pondre un livre en forme de plaidoyer pro domo : « Et ainsi de suite. Un procès politique en France » (Éd. Plon). Parution jeudi, pour l’ouverture du procès où il comparaîtra avec cinq de ses proches, dont deux députés et un élu européen. Un procès qu’il a évidemment l’intention de transformer en meeting pour dénoncer « un régime autoritaire » prêt à tout pour disqualifier l’adversaire. Qu’il dit.

Pour les médias, les éructations de Mélenchon sont pain béni, d’où la tournée des grands ducs : interview dans le JDD, passage sur BFM TV, site Internet dédié… L’Insoumis a sorti le grand jeu, ce qui marque un changement de stratégie après un printemps plutôt profil bas. C’est que Mélenchon est désabusé, le pauvre ; il n’a « plus confiance dans la justice ». Il écrit dans son livre : « Une illusion terrible vient de s’écrouler en nous, comme ce jour de notre enfance où nous avons compris que le Père Noël n’existait pas. » Sortez vos mouchoirs…

À l’entendre, il fut même le premier martyr de l’odieuse répression qui allait s’abattre sur le pays : « La haine de caste dont j’ai été accablé pendant la semaine qui a suivi [les perquisitions, NDLR] annonçait celle qui, bientôt, allait se déchaîner sans vergogne un mois plus tard contre les gilets jaunes », lit-on dans les bonnes feuilles livrées à la grande presse. Les coupables sont connus dont la tête mérite d’être brandie au bout d’une pique : « Le duo de la répression aveugle que forment Castaner et Belloubet », soit « deux politiciens carriéristes fuyards du naufrage du PS ». Le ministre de l’Intérieur et le garde des Sceaux deviennent ainsi porteurs du « plus honteux bilan de violences et de répressions depuis de nombreuses décennies ».

On l’a compris, pour son procès, Mélenchon va endosser les oripeaux de son héros, Maximilien de Robespierre, coiffé pour la circonstance d’un sombrero. ¡Aïe, aïe, aïe, Caramba!

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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