L’un des deux ment. Elle, de son côté, affirme qu’il lui aurait demandé une petite gâterie sexuelle et lui aurait laissé entendre qu’en retour, il l’aiderait pour obtenir un logement. En tout cas, c’est comme ça qu’elle aurait compris la chose. Lui, les yeux dans yeux, la semaine dernière chez Bourdin, affirmait qu’il n’avait jamais abusé d’aucune femme et qu’il n’avait jamais abusé de son pouvoir. On ne peut être plus clair. Elle, c’est une habitante de Tourcoing. Elle a déposé plainte, la semaine dernière, pour abus de faiblesse. Lui, c’est évidemment Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics et maire de Tourcoing de 2014 à 2017.

C’est parole contre parole, pour l’instant. D’un côté, l’honneur d’un homme, accessoirement ministre en vue. De l’autre, l’honneur d’une femme, inconnue au bataillon.

À la différence de la précédente affaire – classée sans suite – où le nom de Gérald Darmanin avait été cité, affaire dans laquelle une ancienne call-girl accusait le ministre de l’avoir violée en 2009, la personne en cause dans cette nouvelle histoire, qui remonterait à 2015 et 2016, ne semble pas, pour le moment, présenter une moralité douteuse. Il est vrai qu’on ignore qui elle est. C’est l’argument qui avait été avancé par les défenseurs du ministre pour décrédibiliser la plaignante – la fameuse Sophie S. dont tout le monde connaît désormais le nom - aux yeux de l’opinion publique. En effet, la dame avait été condamnée en 2003 et 2005 pour « chantage », « trouble à la tranquillité d’autrui par appels téléphoniques malveillants réitérés » et « menace de crime ». Et, comme on sait, qui a bu boira, etc.

Le premier cas – on le répète, classé sans suite - vous avait un côté panthère synthétique et bas résille plutôt émoustillant pour les nostalgiques de ballets roses et autres parties fines. Cela a même inspiré ce conseil étonnant de l’ancien ministre et philosophe Luc Ferry à ses filles sur LCI : "Si vous voulez éviter les ennuis, ne vous retrouvez pas à poil, dans la salle de bains d’un type, après être allé dans un bar à putes et être monté à l’hôtel avec lui." Le second cas, en revanche, aurait plutôt des relents de Fantine sur fond de misère sociale. Pour entretenir sa petite Causette, en pension chez les Thénardier, Fantine vendra ses cheveux, ses dents, son corps. Aujourd’hui, on n’irait pas aussi loin dans l’abnégation et ce serait plutôt - plus prosaïque ! - pour obtenir une HLM. C’est vrai, aussi, que la queue est longue avec toutes ses demandes insatisfaites.

Donc, l’un des deux ment. Et celui qui ment doit faire preuve d’un sacré aplomb, compte tenu de la pression médiatique.

L’aplomb, indéniablement, M. Darmanin, le petit Sarkozy des corons, n’en manque pas. Avoir étrillé méchamment Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle 2017 et le rejoindre avec armes et bagages en moins de temps qu’il en faut à une strip-teaseuse pour faire glisser sa paire de bas, il fallait le faire. Affirmer, l’an passé, que "le budget 2018 va protéger les plus populaires" alors qu’on connaît maintenant la réalité, la bise venue, il fallait le faire aussi. Mais M. Darmanin ment-il ? En politique, peut-être. Ce ne serait pas le premier. Pour le reste, nous n’en savons rien. Et n’oublions jamais l’affaire Salengro.

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26 février 2018 à 17:26

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