Depuis octobre 2022, la Commission temporaire fin de vie du CESE (Conseil économique, social et environnemental) avait pour mission de produire « un projet d’avis » pour « nourrir ce grand débat sociétal ». Et, bien sûr, se parant des plus belles intentions, ce projet de la Commission se devait d'être « humaniste d’une société solidaire, inclusive et émancipatrice » pour les personnes les plus vulnérables.

Des mots aussi fourre-tout qu’hypocrites, aux accents francs-maçons pour désigner un faux-semblant de compassion, une main tendue pour aider, mais à mourir : l'euthanasie deviendrait « un acte fraternel au plus haut degré », on pourrait « donner la mort avec amour comme on a donné la vie ».

Une société qui se revendique solidaire et inclusive peut-elle cautionner, légiférer et, demain, encourager l’euthanasie ou le suicide assisté ? Jusqu'à faire passer la mort pour un soin ? De quoi s’agit-il de s’émanciper au juste ? De la mort dans l’indignité ? Où est l'humanisme quand la personne fragile est devenue indigne ? Après nous avoir imposé une société hygiéniste, n'est-on pas tranquillement en train de s'installer dans une une vision eugéniste ? À quand une injection létale pour supprimer de la Terre ce trop-plein de gens un peu gênants : les pauvres, les malades mentaux, les personnes handicapées ou les sans-abri ?

L'issue est sans surprise puisque le projet de loi est promis d'ici la fin de l'été par Emmanuel Macron. Au nom de « la liberté individuelle » qui a remplacé le sacré, l’homme omnipotent refusant le vieillissement et la vulnérabilité, pourrait bientôt choisir l'heure de sa mort.

C’est ainsi qu’au terme d’auditions et d’entretiens auprès de professionnels de santé, de philosophes et de sociologues, mais aussi d’associations, le CESE a voté, ce mardi 9 mai, en présence d'Agnès Firmin Le Bodo, ministre délégué chargé de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, son projet d’avis préconisant la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Après ceux du Comité consultatif national d’éthique et de la Convention citoyenne, tous les voyants sont donc au vert pour que la France morbide bascule dans « l’aide active à mourir », créant bientôt, selon les craintes du maire de Pau, « un service public pour donner la mort ». Réunis en assemblée plénière, les membres de la Commission ont donc voté pour l'évolution de la loi à 98 voix sur 116 votants (6 contre et 12 abstentions).

« Je vois bien combien le choix de mort des uns va entraîner le choix de vie des autres dans sa lancée », s’inquiète Cédric de Linage. Celui qui témoigne au nom d’Amélie, sa femme qui a survécu à un protocole de fin de vie, nous confie, au sujet des plus fragiles : « Demain, la loi ne leur donnera qu'une seule perspective : quand il sera établi que leur seul intérêt, le meilleur "soin" qui leur est accessible, c'est la mort, il deviendra impossible de choisir notre voie. Si j'ai pu faire appliquer ses directives anticipées (au prix de combien d'effort et de quinze jours de dénutrition), il est certain que, demain, cela deviendra impossible. Il n'y aura plus d'autre Amélie. Peu de gens mesurent l'extrême gravité de ce qui arrive. »

Contactée par BV, Pascale Morinière, médecin et présidente de la Confédération nationale des AFC [associations familiales catholiques, NDLR], dénonce quant à elle « une mascarade de jeu démocratique et une vision dévoyée de l'égalité ». Elle met en garde contre « l'envie de répondre à toutes les situations : on ne répond jamais à toutes les situations car la vie est toujours plus large ». Enfin, Pascale Morinière rappelle que « la loi change les mentalités et lève l'inhibition sur le fait de donner la mort, l'interdit est levé ».

Si Dominique Joseph, qui rapportait cet avis pour la Commission du CESE, a déclaré fièrement : « Une société s'honore toujours en octroyant solidairement des droits à "cellezéceux" qui souhaitent librement y recourir sans pour autant renier ceux des autres », rappelons cette maxime empreinte de sagesse du professeur Lejeune : « La qualité d'une civilisation se mesure au respect qu'elle porte aux plus faibles de ses membres. » Le déclin de la nôtre ne semble plus très loin.

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09 mai 2023 à 20:24

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40 commentaires

  1. Expérimentation actuellement en cours dans les quartiers nord de Marseille et dans toutes les zones de reconquête républicaine avec l’aide du bon docteur kalashnikov

  2. Je l’ai déjà dit ici , et je précise que je suis de droite , l’euthanasie doit être permise , n’en déplaise à tous les esprits chagrins ! Afin que chacune et chacun puisse mourir dans la dignité , ce qui est très loin d’être le cas pour tous les malades du cancer et autres … les soins palliatifs n’ont de palliatifs que le nom . J’invite tous ceux qui sont contre à visiter les hôpitaux et voir toutes ces personnes décharnées , réduites à l’état de légume ! Je suis navré mais je ne veux pas de ça pour moi et les gens que j’aime .

  3. Ne serait-ce pas là une façon de rétablir par la bande la peine de mort ? De limite bientôt il n’y aura plus.

    1. Pour les assassins, les criminels sûrement pas!!Pour les bébés et les vieillards pas de problème…pour les bébés cela permet de faire des économies, pour les viellard cela permet aux uns de capter l’héritage et à l’Etat de faire des économies de soins medicaux

  4. « Emancipatrice ». S’émanciper par la mort. On ne peut plus répugnant que les termes que vous citez. Il faut espérer que les médecins réaliseront l’horreur qui se prépare, et refuseront de donner la mort. N’importe quel voyou peut tuer, il n’est nullement besoin d’un médecin pour de telles basses besognes.

  5. Le CESE, ça existe encore? je pensais que le ratio coût-utilité l’avait envoyé ad patres. On pourrait d’ailleurs y joindre quelques comités Théodule et autre conseils nationaux du n’importe quoi, voir quelques agences publiques.

  6. L’euthanasie est une revendication maçonnique de base bien ancienne. Beaucoup de parlementaires francs-maçons sont déjà prêtes à appuyer cette revendication et se préparent à lancer la loi en Septembre. Le C.E.S.E., non élu, et nommé par un gouvernement et un Président de sensibilité maçonnique se doivent de préparer l’affaire en prétextant éventuellement d’une pétition de quelques centaines de milliers de signatures, comme ils sont accoutumés de le faire. Par contre, ils ne pouvaient évidemment pas faire droit à la revendication légale de 700.000 signatures authentifiées qui leur avait été adressée, sous contrôle d’huissiers, contre le mariage pour tous. C’est ce qu’on appelle la démocratie

  7. Chers amis de B.V. La seule de vos prises de position sur laquelle je ne vous suive pas. Et rien ni personne n’oblige quiconque à me suivre. Faites ce que votre coeur et votre conscience vous dictent.

  8. J’ai bien aimé qu’il soit mentionné dans l’article « Des mots aussi fourre-tout qu’hypocrites, aux accents francs-maçons ». Enfin on sort du secret dans lequel agissent ces Loges au dessus des Partis, qui tiennent toutes les Commissions, Institutions….et en particuliers celle en liens avec d’autres Frères et Soeurs de pays étrangers, par le Monde, pour leur hégémonie planétaire Woke, sans garantie de mieux être…Les Mondialistes, les français ne les intéressent pas…
    J. Attali pendant 10 ans avait déjà harcelé à l’Elysée F. Mitterrand pour que la Loi Euthanasie soit votée. Sans résultat donc.
    L’Euthanasie qui serait votée ça serait des milliards d’euros et retraites et pensions qui seraient économisées par Bercy de la France devenue Woke, mais sans garantie qu’étant au Pouvoir ils ne continuent pas à dépenser par ailleurs, en immigrations par exemple, afin de garantir de rester au Pouvoir en acquérant des électeur(trice)s incultes, crédules…
    De plus je ne suis pas du tout sûr que cette Loi Euthanasie reste la même au fil des années, des quinquennats, permettant plus tard bien plus de dérives, de toucher des personnes pas trop à l’article de la mort, sans doute de leurs Agences s’emparent du sujet en faisant publicité….La Guerre au Covid a démontrée tous leurs excès possibles. Que les pays du Monde à forte densité de population commencent (du côté de l’Asie par exemple !)

  9. Plaçons les instruments de la mort entre les mains de ces personnages favorables à l’euthanasie. Bien sûr, sous surveillance d’un comité étranger à la famille. Rendons-les responsables de leurs actes au lieu qu’ils se voilent derrière un service médical. Responsables du décès de leur enfant, de leur père, de leur mère. Seront-ils tout autant adeptes enthousiastes de l’euthanasie?

  10. L’excès de lois alimente et atteste le rejet de la LOI transcendante. Ce qui se nomme « lois » à présent ne relève que du registre de mise en application de décrets servant une idéologie « sans Idéal » au sens noble du terme. La « fin de vie » est une expérience ultime, individuelle, voir de choix à préserver qui ne peut en aucun cas relever d’un « traitement  » généralisable à un « pour tous » avec la « bénédiction  » d’une soi-disant « LOI » pour le Bien de Tous !

  11. De l’avortement à l’euthanasie, Nous rejoindrons tous, un jour ou l’autre, la cohorte des inutiles.
    les camps de la mort ont de beaux draps blancs et des intentions louables.
    Je vois de moins en moins ce qu’il faut sauver de cette civilisation.
    Mais ils ont voté Macron!!!

  12. un scandale de plus. Mais, dans sa grande sagesse, le CESE prévoit une clause de conscience… qui dan sl’absolu est inutile car les médecins ont pr^té le serment d’hippocrate qui devrait leurs interdire de tuer quelqu’un.
    En revanche, il serait salutaire de publier la liste des médecins s’autorisant à tuer des gens. En effet qui a envie de faire confiance à un tueur pour le soigner?
    Hors de question qu’un assassin s’approche de moi !

  13. Le suicide assisté ne me dérange pas. Quand une personne malade n’en peut plus de souffrir, se sait de toute façon condamnée et qu’avec toute sa raison, elle souhaite en finir, je trouve humain de l’y aider. Mais surtout pas en la laissant mourir de faim et de soif !!!

    1. On pourrait imaginer que vous êtes sincère, si vous aviez assisté effectivement des mourants, mais ce serait sans doute trop vous demander. Moi, j’en ai assisté des centaines au sein d’une aumônerie catholique, et à 86ans, et croyant, je suis d’âge à assumer pleinement les conséquences de mes choix. C’est sûrement toute la différence.

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