Pascale Morinière : « Il est plus urgent que jamais de réveiller les consciences sur ce marché de la chair »
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Ce samedi 10 octobre, des manifestations ont lieu dans toute la France à l’appel du collectif Marchons enfants ! pour alerter l’opinion publique sur les enjeux de civilisation que représente le projet de la loi bioéthique. Outre la PMA pour toutes, cette loi prévoit la possibilité de créer des chimères animal-homme et des embryons transgéniques, de modifier des embryons pour obtenir des bébés-médicaments ou sur-mesure et la possibilité d'interrompre la grossesse (IMG) jusqu'à la veille de la naissance. Jusqu'où ira-t-on dans l'expérimentation humaine ? Réponses avec Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholiques.
Des mobilisations s’organisent dans toutes les villes de France pour tenter de faire barrage à la loi bioéthique. Est-il encore temps de faire entendre la voix des familles catholiques dans ce débat ?
Il est encore temps et plus urgent que jamais de faire prendre conscience de ce « marché de la chair » - je cite une expression de Sylviane Agacinski - que cette loi organiserait. 61 manifestations sont organisées dans toute la France pour interpeller, une nouvelle fois, les Français et les sénateurs sur les dérives de la loi de bioéthique. Il ne s’agit pas de porter seulement les voix des familles catholiques mais celles de toutes les familles. Il faut réveiller l’opinion publique qui pense depuis trop longtemps que les choses sont jouées alors qu’elles ne le sont pas. Il s’agit de montrer que nous sommes toujours là et résolument opposés à cette loi choquante et scandaleuse. Notre objectif est de réveiller les consciences.
Quels sont les enjeux de cette loi « bioéthique » ?
Cette loi organise le rapprochement entre deux domaines : la technique et le marché. Cela signifie que tout ce qui est techniquement possible doit devenir faisable, parce que tout est commercialisable. Jusqu’à présent, nous étions assez fiers de l’éthique à la française depuis la première révision de lois bioéthiques en 1994. Régulièrement, on vérifiait que les avancées techniques étaient compatibles avec l’éthique. Mais tout cela a complètement volé en éclat depuis deux ans. Le Comité consultatif national d'éthique, dont le président ne sait plus dire « qu’il y a un bien et s'il y a un mal », ne fait qu’entériner des « avancées » mais ne joue plus du tout son rôle. On ne l’appelle plus, d’ailleurs, dans les médias le Comité des sages. L’expression a disparu et c’est assez parlant. Cette loi donne un cadre législatif pour promouvoir un business de la procréation, une chaîne de production qui va depuis les gamètes jusqu’à l’enfant qui répond aux désirs, aux volontés des personnes, en passant par l'embryon manipulable, expérimentable et jetable à loisir.
Jeudi 8 octobre, les députés votaient l’allongement du délai légal de l’avortement et, le même jour, un texte sur la condition de vie des animaux. Notre société n’est-elle pas en train d’inverser l’ordre naturel des choses en versant dans l’antispécisme ?
Il est certain que le rapprochement de ces deux textes est assez éloquent. Nous avons assisté à des débats assez choquants sur le passage de 12 à 14 semaines. Il y a une inversion complète des valeurs. Nous ne savons plus ce qu’est une personne humaine ni sa dignité. Ne sachant plus cela, nous ne savons plus quelle est notre place par rapport au monde animal ou végétal. Ce qui aboutit donc à une confusion complète dans l’ordre des priorités.
Entretien réalisé par Iris Bridier.
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