Cela n’a sans doute l’air de rien, une billevesée, une peccadille, une broutille sans intérêt, mais il est d’apparentes insignifiances qui en disent long sur l’esprit de notre époque. C’est ainsi que la chanteuse planétaire Madonna a cru opportun de débarquer « incognita » en niqab à l'aéroport JFK de New York, ce 7 mai.

Celle qui enflammait les stations de radio, il y a plus de trente ans, avec des titres aussi connus que La Isla Bonita, Like a Virgin, Papa Don't Preach ou encore Who's That Girl, désormais passés au rang de tubes incontournables de la musique pop, n’a eu de cesse de se singulariser par des accoutrements, des comportements ou des prises de position dont la variété et l’inconstance ont toujours, manifestement, révélé une réelle volonté de scandaliser.

Sur le plan de la religion, par exemple, son catholicisme presque militant des années 1980 lui a inspiré des chansons aussi explicites que celles citées plus haut dans lesquelles, au surplus, elle n’hésitait pas à faire montre d’une sensualité quelque peu exacerbée et inappropriée (seins nus, représentations sexuelles du Corps du Christ, poses lascives, danses devant des croix en feu, etc.) au point de se faire taxer, par certains catholiques sourcilleux, de satanisme. Vraisemblablement en quête de mysticisme, celle qui, nonobstant, incarna magnifiquement Evita Perón au cinéma s’en ira également chercher du côté de la Kabbale des réponses qu’elle n’a sans doute encore jamais trouvées.

À tout le moins doit-on lui reconnaître une certaine audace créatrice conjuguée à une insolente indifférence au qu'en-dira-t-on. Il fallait s’en moquer éperdument pour oser camper le rôle de la reine des « descamisados » argentins, tandis que même les péronistes parmi les plus modérés la jugeaient peu digne de personnifier leur sainte patronne laïque !

Son arrivée forcément remarquée dans l’un des aéroports les plus fréquentés du monde, lors même qu’elle prétendit le contraire, justifiant son attifement loufoque par une volonté d’anonymat savamment orchestrée (elle fut tout de même trahie par « ses sandales monogrammées Louis Vuitton et manteau à blason “New York Yankees” aux manches en dentelle », selon le Daily Mail du 7 mai), participe de cette même intention décomplexée d’attirer uniment le regard sur elle.

En l’espèce, la madonne sexagénaire – de son vrai nom Madonna Louise Ciccone – n’a dupé personne, à commencer par les tabloïds et autres feuilles de chou du même tabac qui ont aussitôt rapproché cette tapageuse fanfaronnade promotionnelle de la sortie imminente de son nouvel album, prévue le 14 juin prochain, sobrement et tout aussi mystérieusement intitulé Madame X.

Reste, en effet, une inconnue.

Après les excès et autres extravagances de la convertie chrétienne des années quatre-vingt, cette dernière partirait-elle, dorénavant, cimeterre au clair et Coran en bandoulière, à la conquête de l’Oumma ? L’islam a la cote, nul ne peut le contester. Du halal soft au djihad dur, il y en a pour tous les goûts, en ce mois de ramadan ! Et, après tout, si Paris valait bien une messe, La Mecque peut bien avoir sa madone en niqab.

Quoi qu’il en soit, cela nous ferait presque regretter les temps sympathiquement grivois de la petite culotte de la donzelle qui aurait atterri entre les mains d’un certain… Jacques Chirac !

9340 vues

10 mai 2019 à 17:52

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.