Coronavirus, ou le jacobinisme démasqué

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En pleine « crise sanitaire », la toute fraîche polémique autour des vacances d'été et autres réouvertures de plages, pour futile qu'elle puisse paraître, aura peut-être eu le mérite d'attirer l'attention des esprits légitimement chagrins sur les motivations d'un gouvernement infligeant en matière culturelle, cultuelle et touristique une batterie de dispositions confinant, pour quelques-unes, à l'ubuesque, et faisant fi des disparités régionales.

L'analyse des données de l'INSEE relatives à la mortalité sur la période début mars à début mai, publiées le 15 mai dernier, révèle en effet que pour plusieurs régions du littoral, à savoir la Normandie, la Bretagne, les Pays de la Loire, la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie, le nombre de décès cumulés de chacune se situe exactement dans la fourchette des années 2018 et 2019. Ainsi :

Normandie : 6.587 (1er mars au 4 mai 2020), à comparer à 5.988 de l'année 2019 et 6.675 de l'année 2018. Bretagne : 6.496, à comparer à 6.253 et 7.018. Pays de la Loire : 6.812, à comparer à 6.313 et 6.799. Nouvelle-Aquitaine : 11.641, à comparer à 11.698 et 12.623. Occitanie : 10.955, à comparer à 10.747 et 11.146.

Cependant que le nombre de décès, toutes causes confondues, est donc, peu ou prou, le même chaque année pour une région donnée, comment expliquer qu'avec l'arrivée du coronavirus auquel ont été imputées plusieurs centaines de morts au sein de chacune de ces régions, ces dernières n'aient pas, cette année, enregistré de surmortalité par rapport à 2018/2019 ?

Comment concilier ces deux informations, sinon en admettant que les décès attribués au coronavirus concernent des victimes ayant succombé « avec » le coronavirus, mais pas « du » coronavirus ? À moins de soutenir que le virus, hégémonique, soit parvenu, méthodiquement et mathématiquement car quasiment à la victime près, à faire reculer, pour prendre leur place, les autres pathologies et accidents mortels : hypothèse empreinte d'irrationalité.

Quoi qu'il en soit, les statistiques sont là : dans les cinq régions citées, qui se trouvent être hautement touristiques - atout maritime oblige -, aucune surmortalité n'y est observée en dépit de l'irruption, depuis quelque six mois, d'un agent hautement indésirable sur leur sol.

Le corollaire coule de source : quid, dans ces contrées, de la légitimité de la non-réouverture des établissements de séjour et de restauration, des musées ou encore de l'interdiction des rassemblements, qu'ils soient festifs, touristiques, culturels ou cultuels, puisque de brassage de population impliquant les autres régions il ne saurait actuellement être question, eu égard à la limite de déplacement de 100 km ?

Qu'il y a donc loin du discours officiel et de façade, prônant une plus grande liberté d'action accordée aux pouvoirs locaux en matière de gestion du déconfinement, aux mesures effectives observées sur le terrain frappées, elles, du sceau d'un diktat tout étatique !

Au royaume de France, « tout village est une capitale », disait Richelieu, qui s'exprimait ainsi dans la première moitié du XVIIe siècle. De fait, dans les siècles précédant une certaine Révolution drapée de la valeur « liberté », c'était au sein des assemblées de village que les habitants délibéraient de leurs affaires, soit sur la place commune, soit dans l'église, cependant qu'« aujourd'hui, ces villages sont absorbés par la centralisation et ressentent tous au même moment la même impulsion bureaucratique. Ils ont perdu leur vie propre et leur relief », pour reprendre les termes employés à la fin du XIXe siècle par l'ingénieur et professeur d'économie politique et sociale Émile Cheysson, dans l'appendice de L'Organisation de la famille publié par l'économiste et sociologue Frédéric Le Play.

Établi voici plus de deux siècles, l'État jacobin sévit toujours, et ce que le bon sens n'aurait pas commandé, les chantres d'une centralisation aveugle l'ont sans scrupule édicté.

Valéry Vigan
Valéry Vigan
Responsable d'édition dans le domaine de l'Histoire depuis plus de 20 ans

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