Ralliement à Macron de 72 élus de « la droite et du centre » : bon dieu, mais c’est bien sûr !

72 maires et élus locaux de « la droite et du centre » viennent de signer une tribune dans le JDD dans laquelle ils se rallient à Emmanuel Macron. Nous eûmes, en 1971, le manifeste des « 343 salopes », il se trouvera bien un mauvais esprit pour parler du manifeste des 72 salopards !

Ce serait vraiment injuste, car ces 72 élus ne veulent qu’une chose : « la réussite impérative de la France ». Parce qu’on imagine qu’il y a des responsables politiques qui souhaitent l’échec de la France, c’est bien connu. On en a connu qui voulaient la victoire de l’Allemagne, mais jamais la défaite de la France. Bon, passons. Et pour ces soixante-douze, cette réussite passe par celle d’Emmanuel Macron. Ils viennent de découvrir ça. Tout d’un coup. « Bon dieu, mais c’est bien sûr », s’exclamait le commissaire Bourrel au bon temps de l’ORTF dans « Les Cinq Dernières Minutes ». Une révélation, l’esprit de Pentecôte, peut-être ? Voilà pourquoi ce ralliement ne vient que maintenant et ne s’est pas fait plus tôt. Par exemple, lorsque Nathalie Loiseau patinait dans la semoule ou, mieux, lorsque les gilets jaunes faisaient monter la pression à travers nos « territoires ». L’esprit de Pentecôte, vous dis-je. « Rien ne se construira sur leur [le Président et le gouvernement] échec », écrivent-ils des deux mains, l’une sur le cœur, l’autre sur la couture du pantalon.

Peut-être, aussi, mais c’est une pure supposition, en pensant échec du gouvernement, ont-ils d’abord songé à leur éventuel échec aux élections municipales en 2020. On ne va pas, ici, faire l’inventaire des 72 collectivités où sont élus ces nouveaux convertis des cinq dernières minutes. Ce serait fastidieux. Mais curieusement, parmi ces signataires, on trouve les maires de Tours, Angers, Orléans, Quimper, Amiens, Roubaix, Nancy, Albi, Vesoul ainsi que le président du conseil départemental du Morbihan. Dans ces collectivités, la liste de Nathalie Loiseau a obtenu, en moyenne, 25 % des suffrages (19,56 % à Roubaix, moins bon score ; 28,27 % à Angers, meilleur score). Elle est arrivée en tête de partout, sauf à Roubaix, où elle est à 0,73 point derrière le Rassemblement national. La liste de François-Xavier Bellamy obtient une moyenne de 6 % des suffrages exprimés (meilleurs score à Orléans, avec 10,38 %, pas un triomphe romain ; moins bon résultat à Amiens avec… 2,52 %, un score digne du Parti communiste). Cela dit, modérons ces résultats de maréchal d’Empire de La République en marche. 12,27 % : c’est le pourcentage des inscrits obtenu par le parti présidentiel. À Roubaix, LREM capitalise… 5,73 % des inscrits. De quoi s’inquiéter sur la santé de notre démocratie représentative. Que feront les abstentionnistes de mai 2019, en mars 2020 ? C’est toute la question, quand on sait que la participation est plus importante aux élections municipales.

Alors, est-on en train d’assister à la résurgence du courant « opportuniste » qui qualifiait, aux débuts de la IIIe République, ceux qu’on appelait les « républicains modérés » ? Léon Gambetta, qui en fit partie, déclarait : « En politique, les transactions seules peuvent amener des résultats. » Quelles transactions ? Quels résultats ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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