Autoroute sans péage, arnaque au virage
Il est bien loin, le temps de la nationale 7 chantée par Charles Trenet. C’était l’époque où les autoroutes n’existaient pas et où les morts sur la route se comptaient par dizaines de milliers, chaque année. Pour améliorer la circulation et la sécurité, il fut décidé de construire des autoroutes.
Elles n’ont pas le charme des nationales bordées de platanes, mais reconnaissons qu’elles sont plus sûres. Au début de l’ouverture des premières autoroutes dans les années soixante, les péages n'étaient censés être que des dispositions temporaires. C'est avec cette promesse qu'en juillet 1961 était ouverte la première autoroute payante. Hélas, en France, les promesses politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent. Évidemment, les autoroutes sont toujours restées payantes et l’octroi est loin d’être insignifiant. Leur privatisation n’a rien arrangé et a été l’objet de polémiques justifiées, car l’État aurait bradé à trois exploitants des équipements très rentables.
Aujourd’hui, sous prétexte de fluidité et du sacro-saint « geste pour la planète », les sociétés gérantes des autoroutes remplacent le péage physique par un système kafkaïen à la limite du piège à gogos. Elles appellent cela « le péage en flux libre » - comme c’est beau… La A79 a été conçue ainsi et la A14 va s’y soumettre dès le mois de juin de cette année, pour s’étendre progressivement à toutes les autoroutes de France. On vous incite à prendre un abonnement, évidemment payant, ou de régler avant de réaliser votre trajet sur un site Internet. Si, entre-temps, vous changez d’avis, est-on tout de même prélevé ? Mystère. Fini les petits boulots d’étudiant, fini les improvisations, adieu la liberté ! Un portique bourré de caméras capte votre plaque d’immatriculation et vérifie que vous vous êtes acquitté de votre droit de passage. Vous pouvez aussi payer après votre trajet dans les 72 heures, à condition de trouver un commerce relais équipé d’une borne de péage. Vous pensiez être arrivé à bon port sur votre lieu de villégiature, oublier les soucis et avoir l’esprit serein ? Que nenni ! Il vous faudra régler la facture dans le temps imparti, sans quoi elle sera majorée de 90 €. 72 heures, soit trois jours à vous tracasser pour vous souvenir du nom de votre sortie d’autoroute pour régler le juste prix. Quel avantage de ne plus s’arrêter au péage, lorsque l’on sait par expérience que les bouchons sont presque toujours dus aux départs en vacances, aux accidents et aux travaux ?
Évidemment, le véritable but n’est pas de faire gagner quelques minutes à l’automobiliste mais de le rendre captif d’un prélèvement automatique. Les sociétés d’autoroutes vous incitent à souscrire un abonnement par prélèvement, au départ pour un prix modique, ce qui leur permettra, de façon indolore, de réviser progressivement les tarifs à la hausse. On nous prend vraiment pour des con-conducteurs !
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46 commentaires
Vive la Bretagne seule région qui a su s’émanciper de la privatisation ( et la trahison) par l’état