Livre : Petit dictionnaire historique et insolite du 11 novembre 1918

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Un Petit dictionnaire historique et insolite du 11 novembre 1918 : un ouvrage de plus sur la Grande Guerre, me direz-vous, en cette année qui clôt le centenaire ? Peut-être, mais cette journée du 11 novembre 1918 mérite bien ce dictionnaire.

Dictionnaire historique : car Christophe Soulard, qui nous a déjà offert un beau Clemenceau au fil des jours en 2013, et un passionnant Parlementaires morts pour la France en 2017, récidive avec bonheur et rigueur dans ce livre, véritable trésor d’informations puisées aux meilleures sources. Dictionnaire insolite, aussi : car Christophe Soulard, qui fut naguère journaliste, sait saisir les anecdotes, fixer les instants comme le fait la pellicule du photographe. Dictionnaire, tout court, enfin : ce qui est bien pratique, avouons-le, aujourd’hui, dans notre monde de gens pressés où un pavé peut rester des mois entiers sur la table de nuit ! Lisez tous les soirs quelques pages de ce dictionnaire, pas forcément dans l’ordre alphabétique, et vous deviendrez incollable sur ce onzième jour du onzième mois où, à la onzième heure, les clairons déchirèrent le ciel gris du front pour annoncer, enfin, un cessez-le-feu tant espéré.

À 11 heures précises. Pas avant. En témoigne ce récit d’un sergent : "3 minutes avant l’armistice, j’étais avec mon commandant et mon capitaine, l’agent de liaison et un sergent observateur du bataillon. Les Allemands nous ont envoyé une volée d’obus. Trois sont tombés dans la Meuse, un est tombé sur la rive mais le sergent observateur s’est écroulé. Il était mort. C’était notre dernier tué…" Comment, donc, fut vécue cette journée par les soldats dans les tranchées, à l’arrière, par nos grands chefs, Clemenceau, Foch, Pétain, Joffre, par nos ennemis, par ceux qui feront l’Histoire lors du second conflit mondial et qui étaient, alors, des inconnus : de Gaulle, Mussolini, Hitler ? Nous le découvrons dans ce dictionnaire.

Les hommes, dont le nom est gravé sur nos monuments aux morts, retrouvent un visage dans ces pages. Justement, parlons-en, de ces monuments aux morts. On apprend, ainsi, que près de 200 communes, en France, n’ont pas de monument aux morts. Pourquoi ? On y apprend qui furent les derniers survivants de cette guerre : nos contemporains. Bien sûr, en France, nous connaissons tous le nom de Lazare Ponticelli (1897-2008), mais qui fut le tout dernier soldat au monde de cette guerre ? Où et quand mourut-il ? On y évoque ces familles qui laissèrent au champ d’honneur plusieurs fils. Et puis les « gueules cassées » dont certains furent sélectionnés pour assister à la signature du traité de Versailles le 28 juin 1919. Les politiques faisaient déjà de la com’ ! Et l’Alsace et la Lorraine dont, paradoxalement, on parle peu lorsqu’on évoque cette guerre ? Sait-on, par exemple, que, le 13 novembre 1918, alors que les Allemands se repliaient et que les Français n’étaient pas encore arrivés, le drapeau rouge flotta sur la cathédrale de Strasbourg ?

Mais autour de cette date du 11 novembre, pivot de l’Histoire européenne et mondiale, c’est aussi tout un ancien monde qui disparaît, comme nous le rappelle l'auteur. À la rubrique « Monarchies », beaucoup découvriront que c’est toute une myriade de rois et grands-ducs qui fut engloutis avec l’abdication du Kaiser, empereur d’Allemagne, mais aussi roi de Prusse. En 1918, il y avait encore un roi de Bavière et un roi de Wurtemberg, qui abdiquèrent respectivement les 8 et 10 novembre.

En 1932, le général Maxime Weygand, ancien chef d’état-major de Foch, avait signé un petit livre, intitulé tout simplement Le 11 novembre, dans lequel il évoquait une cérémonie commémorative sous l’Arc de Triomphe : "Un ciel de novembre, un léger brouillard à travers lequel transparaît la pâle lueur du soleil d’hiver. La sonnerie aux champs retentit." Cette pâle lueur du soleil d’hiver, pour qui a assisté au moins une fois à une cérémonie de commémoration de l’Armistice, évoque forcément quelque chose. Christophe Soulard, qui est aussi un officier de réserve très actif, y a certainement songé en écrivant ce beau dictionnaire.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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