7 octobre : les œuvres de P. Relkin dénoncent « la barbarie toujours vivante »

© D.R.
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« Pogrom il y eut en terre d’Israël, le sept octobre deux mille vingt-trois. » Sur ces sobres mots s’ouvre l’exposition de Pierre Relkin. Une peinture à l’huile chante la danse et l’insouciance d’avant - allusion à la rave-party qui tournera en bain de sang. Une autre, où un héron blanc représente le futur, dit l’espoir d’après. Ces peintures encadrent dix-huit gouaches qui sont autant de cauchemars. « Pour raconter cette histoire ténébreuse, explique l’artiste, les mots demeuraient paralysés. Il fallait inventer un autre langage, un langage qui associe beauté plastique et tragédie. Une forme audacieuse et risquée. »

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Des hommes émergent des flammes et de la fumée, réduits à leur statut d’écorchés, de décharnés ou de gisants comme en une de nos danses macabres médiévales. Femme enceinte éventrée, personnes décapitées, nul n’échappe aux lames sanglantes… L’artiste nous confie : « Nos ancêtres ont subi les pogroms et cela est inscrit dans nos gènes. Le 7 octobre, tout cela est remonté à la surface. Comme c’est étrange, ce télescopage du passé et du présent à notre époque ! Il fallait que je témoigne de ce choc émotionnel. » Ces scènes de cruauté sont-elles une nouveauté, dans son œuvre ? « J’avais déjà peint des choses aussi dures, nous dit-il, mais pas sur un sujet précis et politisé comme celui-ci. Chez le Juif, il y a toujours une part de tragédie, qui coexiste avec une part d’humour qui panse les blessures de cette tragédie. C’est un moteur à deux temps. »

Lors du vernissage, le maire du XVIe arrondissement, Jérémy Redler, regrette qu’il existe des « territoires perdus de la République », c’est-à-dire où les Juifs sont désormais indésirables. Paris, précise-t-il, n’échappe pas à ce phénomène. Il constate que depuis un an, des Juifs font en quelque sorte leur « alya » en emménageant dans un arrondissement où ils se sentent protégés. Des paroles fortes approuvées par deux invités de marque : l’ambassadeur d’Israël Joshua Zarka et l’imam Hassen Chalghoumi.

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À sa suite, Pierre Relkin regrette « la timidité, pour ne pas dire la prudence coupable » et « l’abdication face aux forces du mal ». « Les images exposées ici nous invitent à invectiver la lâcheté. Elles œuvrent modestement à nous faire prendre conscience que la barbarie est toujours vivante et ne cesse de se ranimer. » À ce conseil pratique tiré du Talmud : « Ne fais pas de faveurs aux méchants, et aucun mal ne t’arrivera », le peintre ajoute cette invitation biblique à se relever : « Car le juste tombe sept fois mais se relève, alors que les méchants sont culbutés dans le malheur » (Proverbes, 24, 16).

Présente également au vernissage, Fadila Maaroufi, co-fondatrice de l’Observatoire européen des fondamentalismes et du « Café laïque », dont le but est de recréer un débat sur le sujet tabou qu’est l’islamisme. Au micro de BV, elle souligne l’importance des peintures de Relkin dans le nécessaire exercice de la mémoire. « Les partis de gauche et d’extreme gauche, et tous ceux qui sont pro-Hamas, ont tenté d’effacer le 7 octobre. Il faut donc sans cesse rappeler ce qu’il s’est passé ce jour-là, et l’art est un moyen de le faire. » Au-delà de cette date, continue Fadila Maaroufi, « Israël est un bouclier pour nous qui sommes, en Europe, totalement gangrenés par l’islamisme. Soutenons Israël, car il en va de notre civilisation occidentale. »

Cet aspect politique des choses, les peintures de Pierre Relkin en sont remplies mais l’art leur impose une hauteur et une espérance: « Oui, dit-il, l’artiste a étrangement pour mission de métamorphoser quelquefois la cendre en lumière. »

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Exposition Pierre RELKIN. Jusqu’au 29 novembre 2024. Mairie du XVIsup>e arr., 71, av. Henri-Martin, 75016 Paris. Lundi, mardi, mercredi, vendredi 8h30-17h30. Jeudi 8h30-19h30. Samedi 9h-13h. Entrée libre.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 20/11/2024 à 21:12.
Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

11 commentaires

  1. La question, ici, est : sur le choix que l’artiste a fait sur un événement précis, a-t-il su, oui ou non, en représenter avec force toute l’essence ? Pour moi, c’est oui.

  2. Pour les personnes qui voudraient en savoir plus sur les pogroms du 7 octobre, Pierre Rehov a fait un film- documentaire de 1h26. Ce film a été rejeté par youtube et Amazon et les télévisions françaises n’en ont pas voulu. En désespoir de cause, il l’a placé gratuitement sur X (tweeter). Je me permets de le recommander à tous les lecteurs de BV, y compris à ceux qui attendent la même chose pour les « massacres » de Gaza et du Liban.

    • Et aussi pour les guerres du Moyen Âge, celles des Espagnols contre les Amérindiens puis tiens aussi celles des hommes préhistoriques tant que vous y êtes .
      Vous confondez guerres et dommages collatéraux avec massacres en temps de paix d une population parce que juive, chrétienne ou autre.

    • Gaza serait toujours debout sans le 7 octobre. Ne confondez pas attaque et défense. Que ferait la France dans un tel cas, ce qu’elle a fait de tout temps se venger de l’affront.

    • Si les terroristes de Gaza s’étaient abstenus de faire ce massacre inhumain le 7 Octobre l’Israël ne serait pas obligé de se défendre. Les rapports entre les Palestiniens et l’Israël se normalisaient progressivement en l’absence de politiciens seul le progrès social ne peux pas passer avec la politique.

    • Ce qui se passe dans ceux que vous citez sont les dégâts collatéraux d’un pays qui joue sa survie et je parierais bien volontiers que si votre pays avais subit ce que l’Israël a enduré vous en feriez sans doute tout autant.

    • Ouf, c’est ce que je pensais en lisant l’article. Vous m’avez devancée et en plus je ne suis pas seule à penser de cette façon, bien qu’étant européenne d’origine.

  3. Force d’impression de l’artiste dans une « volupté’ contrôlée malgré un sujet tragique et suffocant. Rien de tel que de subjuguer en opposant beauté et laideur. Bravo !

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