1.000 premiers jours de l’enfant : l’OPA du gouvernement !
C’était le 19 septembre dernier. Dans les salons feutrés de l’Élysée, Emmanuel Macron annonçait le coup d’envoi de la « Commission des mille premiers jours de l’enfant » afin de lutter contre « les inégalités de destin ».
Une commission composée d'experts chargés, sous la houlette d’Adrien Taquet, secrétaire d'État à la Santé et à la Protection de l'enfance, de réfléchir à une politique publique pour accompagner les parents et leur bébé « depuis le 4e mois de grossesse jusqu'à l'âge d'environ 2 ans et demi ». Une tranche de vie bien ciblée, encore en friche, semble-t-il, pour Emmanuel Macron qui dit regretter qu'elle demeure « un impensé de l’organisation sociale, qui n’existe pas comme politique publique ». Un langage typiquement macronien flou et indolore. À première vue seulement...
Les parents auraient pu se croire plutôt vernis, côté encadrement de la jeunesse par l'État : depuis la toute nouvelle scolarisation désormais obligatoire dès les 3 ans de l'enfant, les onze vaccins d'Agnès Buzyn pour les bébés et la prise en main des jeunes de 16 à 18 ans par le service national universel (SNU), dont on ignore encore, au passage, le devenir et le financement, le sujet paraissait bouclé !
Sans parler, bien sûr, du renforcement des contrôles chez les parents disparus des radars de l'Éducation nationale qui ont le toupet de choisir la scolarisation à domicile. Le coup d'échapper à l'endoctrinement des manuels scolaires ou à l'appauvrissement du niveau de l'enseignement, pourquoi pas, mais il faut rendre des comptes !
Restait donc ce dernier espace de liberté laissé aux jeunes parents : la prime enfance, depuis la vie in utero jusqu'aux dernières couches-culottes. Mais ça, c'était avant : car, depuis, Emmanuel Macron a eu comme une sorte de « révélation » surprenante pour quelqu'un qui n'est pas père.
Selon le magazine La Vie, ce serait le neuropsychiatre Boris Cyrulnik qui l'a, apparemment, convaincu que « beaucoup se joue dans les premières jours de la vie, parfois même avant ». De quoi faire redoubler d'ardeur le gouvernement bien décidé à « surinvestir cette période où tout se joue ». Quel zèle !
Ce Boris Cyrulnik nommé président de la commission est un personnage qui doit avoir de l'humour. Interrogé par le magazine La Vie sur la fragilité du développement de l'enfant in utero, il déclare : « Le rôle du père est d’ailleurs beaucoup plus important et précoce qu’on ne le croyait, notamment pour sécuriser la mère. » À l'heure où on s'apprête à priver de père des enfants dans le cadre d'une PMA, cocasse, non ? On croirait entendre un militant de la Manif pour tous... Mais que font les services de l'Élysée, pas de relecture ?
Soyons juste : les grandes priorités données aux 17 membres de la commission scientifique paraissent louables : « Élaborer un corpus de règles, organiser un nouveau parcours parents, réfléchir aux congés de naissance et se pencher sur les modes de gardes. »
Adrien Taquet nous rassure : « L'État ne va pas instaurer un code du bon parent, mais leur donner confiance en eux, et faire d’eux des parents aimants, bienveillants. »
Il faudra donc compter sur la bonhomie du gouvernement qui se veut rassurant : « L'idée est de forger des repères, pas d'être dans la coercition... » Pas de camisole de force, donc, pour les parents réfractaires, pas de contrôle intempestif, pas de mise sous tutelle ? On respire, quoique...
Si l'on s'en tient à l'expérience toute récente des parents réfractaires aux onze vaccins obligatoires, par exemple, le constat n'est pas très engageant. Car pour leurs chérubins, pas de possibilité d'inscription en crèche ni de recours à une nounou agréée sans le précieux sésame. Ne pas respecter à la lettre les « préconisations gouvernementales » coûte un prix : celui d'une exclusion sociale qui ne dit pas son nom. Une inégalité, en quelque sorte. Mais pas de celle que l'État veut combattre.
La Commission des mille premiers jours de l'enfant rendra les résultats de ses travaux en janvier 2020. À suivre, donc, et même de très près.
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