Raphaël Glucksmann : avenir radieux de la gauche ?

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Pour tenter de sauver un système manifestement en dépôt en bilan, on ne sait décidément plus quoi inventer. Jadis, il y avait eu le BBZ, pour Bleu Blanc Zèbre, machin fondé par Alexandre Jardin, petit-fils du « Nain jaune », soit Jean Jardin, ancien secrétaire particulier d’un Pierre Laval (1883-1945) qu’on ne présente plus en ces temps d’« itinérance mémorielle ». En 2017, Alexandre Jardin entend concourir à la magistrature suprême. Faute des cinq cents signatures nécessaires, il doit en rabattre. Un peu comme un autre fantaisiste, l’irremplaçable Henry de Lesquen, sa Némésis droitière.

Aujourd'hui, c'est au descendant d'une dynastie tout aussi illustre qu'il appartient de relever le gant : les Glucksmann dont l'ancêtre éponyme participa à la croisade de mai 68. En ces colonnes, le camarade Jany Leroy évoquait-il récemment cette échappée digne du Tour de France : « Une sorte d’hébergement, un orphelinat destiné à recueillir des personnalités politiques de gauche qui ont perdu leurs papas et leurs mamans électeurs. » Ce n’est pas très gentil, mais assez bien observé.

Ces nouveaux partis, donc, qui en refusent le nom ne sont pas chose nouvelle en politique. À chaque fois, l’inébranlable antienne voulant que les formations politiques puissent faire figure de structures caduques et qu’il faille enfin libérer les « énergies citoyennes »… Et, à chaque fois, ces électrons libres de plonger, les bras en croix, dans une piscine que, fortuitement, personne n’a songé à remplir. Michel Noir et Bruno Mégret, Michèle Barzach et Florian Philippot, Harlem Désir et Charles Millon en savent quelque chose. Mais revenons-en à l’homme qui nous occupe. Si Alexandre Jardin avait, manifestement, des comptes historiques à régler avec son grand-père collabo, au moins Raphaël Glucksmann n’en a-t-il manifestement pas à solder avec son papa mao.

De son côté, le député socialiste européen Guillaume Balas, naguère chef de file du courant Un monde d’avance – si, si, ça existe –, réagit : "Nous accueillons favorablement les choses qui bougent dans un sens commun au nôtre [jusque-là, voilà qui ne devrait pas trop bousculer la vertu progressiste de nos rosières en perpétuelle indignation, NDLR]. Que cent fleurs s’épanouissent. [maoïste un jour, maoïste toujours, NDLR]. Mais il faudra que cela converge."

Fortuitement, ça converge un peu moins du côté écologiste, à en croire Yannick Jadot, tête de liste EELV aux prochaines élections européennes, qui assure seulement être « complémentaire » avec Raphaël Glucksmann ; ce qui n’engage finalement à tout juste moins qu’un peu. Du côté de Jean-Luc Mélenchon, l’ambiance n’est pas exactement au réchauffement climatique, La France insoumise n’ayant manifestement pas apprécié les déclarations du nouveau venu ayant stigmatisé les récentes sorties médiatiques du même Mélenchon comme étant assez peu compatibles avec une « gauche d’intelligence ».

Il est vrai qu’à défaut d’incarner une « gauche d’intelligence », Raphaël Glucksmann paraît être autrement mieux placé en termes de « gauche de connivence », et donc médiatique, puisque père de l’enfant porté par Léa Salamé, damnée de la Terre bien connue de nos lecteurs. Une précédente union l’a vu convoler avec Eka Zgouladze, vice-ministre de l'Intérieur de Géorgie sous la présidence de Mikheil Saakachvili, avant d’être nommée à un poste quasi similaire, vice-ministre de l’Intérieur, en Ukraine. De là à imaginer que Raphaël Glucksmann puisse avoir la fibre atlantiste, il n’y a qu’un pas.

Voilà qui pourrait donc être le prochain avenir d’une gauche française, en même temps que celle d’un humour radiophonique un brin orphelin depuis la mise à la retraite de Jean Roucas. Mais ne cherchez plus : avec Raphaël Glucksmann, la relève est enfin assurée !

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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