SOS Méditerranée (et son navire phare l'Aquarius) est une organisation ambiguë. Elle sauve de nombreuses vies humaines, car les esquifs où s’entassent les migrants seraient incapables de gagner l’Italie. Le nombre de morts (3.500, en 2017) prouve que l’association remplit un vide et, à moins d’être un salaud, on ne peut pas souhaiter que des enfants, des femmes ou des hommes se noient.

Mais d’un autre côté, SOS Méditerranée encourage (et surtout enrichit !) les passeurs. Le Président Macron a accusé, avec justesse, un autre bateau sauveteur d’être complice des trafiquants d’êtres humains. Si nous étions cyniques, nous avancerions que s’il n’y avait aucun bateau pour recueillir les migrants, les passeurs cesseraient vite leur odieux trafic, car ils ne trouveraient plus personne pour monter dans leurs barques, mais après combien de morts ? Cette voie est donc à écarter. Néanmoins, l’Europe a mis fin à sa mission humanitaire qu’elle a menée en 2015 et en 2016, car du fait de la présence de bâtiments de guerre, le nombre de voyages en mer augmentait et le nombre de noyades explosait. SOS Méditerranée a pris le relais quand cette opération a pris fin.

La solution pour concilier respect de la vie humaine et fermeté contre l’immigration économique serait d’appliquer une politique inspirée par celle de l’Australie. En échange d’une aide économique substantielle, il faudrait créer des camps tout confort en Tunisie et en Lybie. Comme ces camps seraient gérées par la Croix-Rouge, la Libye redeviendrait un pays sûr. L'Aquarius n’aurait plus le droit d’accoster en Europe, mais au Maghreb, où les personnes recueillies en mer seraient prises en charge. Il en serait de même pour toutes les personnes qui auraient gagné l’Espagne ou la Grèce. Elles seraient rapatriées en Afrique du Nord. Tous les migrants présenteraient dans ces camps leurs demandes d’asile. On ferait le tri entre les personnes qui fuient la guerre ou la dictature (Soudanais, Érythréens, Éthiopiens…) qui seraient répartis ensuite en Europe et les réfugiés économiques qui seraient renvoyés chez eux. On pourrait même reprendre l’opération Mare Nostrum pour décharger SOS Méditerranée de sa mission.

Cette organisation vit de dons et elle vient de rendre publics ses comptes pour 2017. Parmi les généreux donateurs, on trouve une région (l’Occitanie), une ville (Paris !), une banque (BNP Paribas), mais aussi des télévisions, des radios et des journaux : Amaury Média (l’Équipe TV), Canal+, M6, NRJ, Virgin, Europe 1, Radio, TF1, Sciences & Vie, Chasse et Pêche. Ceux-ci sont des organismes privés et ils font ce qu’ils veulent de leur argent. Ils n’ont de compte à rendre qu’à leurs actionnaires (et à leurs clients), et si des auditeurs les désapprouvent, ils peuvent toujours les boycotter en représailles.

Bien plus problématiques sont de mystérieux dons en nature non valorisés provenant de France 2, France 3, RMC, BFM Business, Radio France et Skyrock. Que signifie un don en nature ? Pourquoi cette distinction étrange et non chiffrée ? Parce qu’un don en numéraire de la part d’entreprises publiques serait illégal et impliquerait peut-être des poursuites judiciaires pour abus de biens sociaux ? Je ne pense quand même pas qu’une telle qualification serait retenue par la Justice, mais sait-on jamais. Ou s’agit-il de contreparties payantes en échange des nombreux reportages effectués par les rédactions sur l’Aquarius ? France 2, France 3, Radio France sont financées par la redevance et la publicité. En principe, elles n’ont pas le droit d’aider une association qui, certes, poursuit un but noble, mais qui, pour finir, se fait complice de criminels (selon M. Macron lui-même !). Il y a donc une anomalie qu’il faut corriger rapidement ou, du moins, éclaircir pour 2017 et 2018.

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16 août 2018 à 20:07

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