« L’affaire de la note Kermiche, c’est une misérable petite guéguerre entre services »

Xavier Raufer, spécialiste du renseignement, revient sur la polémique soulevée par Mediapart. Par ailleurs, des "ratés" dans le monde du renseignement, il y en a sans cesse et c'est inévitable.

Xavier Raufer, selon Mediapart, les services de renseignements auraient étouffé un raté sur l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray en postdatant une note d’information. Confirmez-vous cette information ?

Mediapart fait souvent des enquêtes très sérieuses, mais là, c’est n’importe quoi.
Le service en cause est le service de renseignement de la préfecture de police. Ces gens s’occupent de la sécurité antiterroriste de Paris et de la petite couronne. J’ai une bonne expérience du fonctionnement de ce service et du grand professionnalisme des policiers qui y travaillent. Il s’agit de personnes à qui sont données les enquêtes les plus difficiles et les filatures les plus incroyablement complexes. Ils ne s’amusent pas à faire ce genre de choses.
C’est une petite guerre des services. Ils feraient mieux de faire de la lutte contre le terrorisme plutôt que de se mettre des peaux de banane sous les pieds les uns les autres. Il s’agit donc d’un petit épisode méprisable, rien de plus.
Je rappelle que l’appareil de sécurité de l’État est en charge d’assurer la sécurité du territoire français. Tous ces gens feraient mieux de travailler à ce que la France soit en paix à l’intérieur plutôt que de se quereller comme dans une cour de récréation.

Selon vous, serait-ce juste une querelle des services ?

Il y a sans cesse des ratés. Si par raté on entend qu’une note a été émise et n’a pas été lue au bon moment, il y en a une fois par semaine.
Si vous voulez un exemple de succession de ratés magistrale, il suffit de se rappeler ce capitaine de police qui a été tué sur les Champs-Élysées. Il y a eu, dans cette affaire, cinquante ratés en enfilade. C’est ça, un raté grave.
Dans le cas de Saint-Étienne-du-Rouvray, il y a eu plusieurs notes. La première n’était pas complète, il y en a eu une deuxième et on a fait croire qu’on a tripatouillé la date de manière à ce que la deuxième devienne la première.
Je ne crois pas que ce soit cela. Mais dans ces matières, j’évite de parler quand je ne sais pas.

Xavier Raufer
Xavier Raufer
Docteur en géopolitique et criminologue - Il enseigne dans les universités Panthéon-Assas (Paris II), George Mason (Washington DC) et Université de Sciences politiques et de droit (Pékin)

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