Face au nouveau péril jaune, Emmanuel Macron semble faire feu de tout bois, même si tout cela paraît aussi partir un peu dans tous les sens. Il y a déjà la liste des gilets jaunes, sujette à caution, alors qu’elle n’en est encore qu’au stade d’embryon. Comme l’écrivait hier Floris de Bonneville, certains profils des colistiers ont de quoi inquiéter quant à l’indépendance et la spontanéité de cette dernière. Un Marc Doyer, tout d’abord, encarté à LREM, tel qu’en témoigne une photo remontant à 2017 où il arbore un tee-shirt « Emmanuel Macron président » du plus bel effet.

Mais il y a encore Brigitte Lapeyronie, ancien membre du conseil national de l’UDI, sans oublier le porte-parole et directeur de campagne, Hayk Shahinyan, issu des Jeunes Socialistes. Personnalité plus intrigante encore : Ayouba Sow, l’un des organisateurs de la récente réunion d’une frange des gilets jaunes dans les locaux de La Provence, quotidien appartenant à Bernard Tapie. Un Bernard Tapie dont une rumeur de plus en plus persistante dit qu’il serait derrière cette nouvelle liste. Le 24 janvier dernier, Hayk Shahinyan prétend évidemment le contraire sur RTL : « Bernard Tapie ne finance pas notre liste, il n’est pas à la tête de cette initiative. »

Un démenti qui serait plus convaincant si l’homme d’affaires n’avait connu quelques précédents en matière de coups électoraux plus ou moins tordus. Lors des élections européennes de 1994, sa liste, Énergie radicale, fait chuter celle que menait Michel Rocard. En 2002, Christiane Taubira, quatrième de cette même liste européenne, est la principale responsable de l’échec de Lionel Jospin à l’élection présidentielle. Cinq ans plus tard, Bernard Tapie est l’un des premiers soutiens à Nicolas Sarkozy, avant de prêter main forte à Emmanuel Macron en 2017. En admettant qu’il y ait manipulation, on a connu plus discret en la matière et, surtout, manipulateur éventuel moins voyant.

Pareillement, une autre initiative paraît avoir été ficelée avec le même amateurisme : le mouvement des foulards rouges et leur contre-manifestation prévue le dimanche 27 janvier prochain. À l’origine, l’Élysée pilote l’affaire, rêvant d’un rassemblement façon gaulliste, millésime 1968. Aujourd’hui, le rétropédalage serait plutôt de rigueur. Aux dernières nouvelles, « seules neuf mille personnes s’étaient inscrites à l’événement sur le site Facebook qui lui est dédié », dévoile Le Canard enchaîné. Et l’hebdomadaire de poursuivre : « Macron a d’abord hésité, avant de réaliser qu’il était trop tard pour tenter de stopper cette résolution. »

Résultat : Stanislas Guerini, délégué général de LREM, qui croyait dur comme fer au triomphe annoncé, appelle aujourd’hui ses adhérents à ne pas participer à cette manifestation dominicale. Pour tout arranger et en rajouter dans l’actuelle cacophonie, certains marcheurs persistent à vouloir marcher. Anne-Laure Cattelot, députée du Nord, affirme ainsi, non sans lyrisme : « Je salue cette initiative, qui répond à une volonté de protéger nos valeurs républicaines face aux divisions auxquelles notre société doit faire face. » À haute dose, la méthode Coué a des vertus hallucinogènes. La preuve par François Patriat, vieux cheval de retour rallié au macronisme, qui lance ce cri poignant : « Il faut dire ça suffit ! J’espère qu’on sera cent mille ! »

Et un million, une fois arrivés au port de Marseille ?

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25 janvier 2019 à 17:48

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