Après les dernières révélations sur l'affaire Benalla par le journal Mediapart, Emmanuelle Ménard, députée de l'Hérault, donne son point de vue sur cette affaire qui met en cause, au premier chef, le président de la République. Pour Emmanuelle Ménard, "Emmanuel Macron ment aux Français".


Emmanuel Macron avait déclaré en 2017 que l’année 2018 serait celle de la réconciliation nationale.
Croyez-vous qu’il doive changer de boule de cristal ?

Je pense qu’en effet il devrait en changer. On finit malheureusement l’année avec une discorde et une fracture en France, de plus en plus flagrante. Elle existe depuis longtemps, mais elle continue à se démontrer.
Même avec les mesures votées juste avant Noël, les gilets jaunes, avec qui j’étais il y a quelques jours, ne veulent pas entendre parler d’un quelconque arrêt de leurs revendications. Ils seront donc malheureusement encore pour longtemps dans la rue.

On pensait que le fait le plus marquant de l’année 2018 d’un point de vue politique était l’affaire Benalla. Mais finalement, les gilets jaunes l’auront marqué davantage...

Les deux auront marqué cette année. L’affaire Benalla n’est d’ailleurs pas encore terminée. On le constate avec les derniers rebondissements et déclarations de monsieur Benalla. Il explique que, contrairement à ce qu’a prétendu l’Élysée pendant deux semaines, il continue à avoir des conversations avec Emmanuel Macron. Cela veut dire que monsieur Macron ment aux Français. Comme il prétendait détenir des preuves, je crois que monsieur Macron ne va pas s’en sortir aussi facilement cette fois-ci.
C’est la décrédibilisation totale de la parole publique et de la parole du président de la République. Le problème n’est pas Benalla en soi. On sait tous à quoi s’en tenir depuis quelques mois à son sujet. Le vrai problème, ce sont les contacts qu’il continue à avoir avec l’Élysée.

Les journalistes ont été surpris d’apprendre qu’Alexandre Benalla avait conservé son passeport diplomatique, alors qu’il avait déclaré sous serment l’avoir rendu.
Il y a donc violation de la parole sous serment et, en même temps, des liens entre l’Élysée et Alexandre Benalla. C’est assez incompréhensible...

Ce qui est encore plus incompréhensible, c’est que Benalla disait vrai devant la Commission d’enquête parlementaire lorsqu’il déclarait sous serment que ses passeports étaient restés sur son bureau à l’Élysée. Sauf qu’après la Commission d’enquête, ils lui ont été rendus, alors qu’il avait été mis à pied et qu’il avait été limogé. C’est inimaginable et incroyable. Je ne peux pas comprendre cette histoire.
Cela veut dire que monsieur Benalla sait des choses qui lui donnent un poids et une impunité totale. C’est pour cela qu’il se croit tout puissant et qu’il commence à faire du chantage. Je pense que l’on ne fait pas de chantage lorsqu’on n’a rien à monnayer en échange.


Quel souhait formulez-vous pour l’année 2019 ?

J’aimerais que cette année 2019 soit celle de la réconciliation. La France a besoin d’aller de l’avant. Elle ne peut pas le faire tant qu’elle n’aura pas réglé le problème de toute cette partie de la population qui est restée sur le côté et qui pour l’instant, n’a toujours pas le sentiment d’avoir été entendue. La fracture est vraiment très profonde. Elle l’est tellement que maintenant les revendications se portent sur les institutions de la République. Il va donc falloir entamer un véritable dialogue, non pas un pseudo dialogue pendant trois mois. Il faut prendre en compte les revendications des gens, les écouter dans tous les domaines, sans exclusivité et sans tabous. Il ne faut pas commencer à mettre sur le tapis des sujets qui ne seraient pas, selon certains, politiquement incorrect, à commencer par l’immigration évidemment.

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31 décembre 2018 à 16:00

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