Zemmour : le sondage que tout le monde attendait
Enfin ! Il est arrivé, le sondage qui teste Éric Zemmour. C'est l'IFOP qui s'y est collé pour Le Point. L'hypothèse de la candidature Zemmour n'ayant cessé de prendre corps, jusqu'à faire réagir Le Pen père et fille, et même à attirer la curiosité du Monde. Zemmour est dans toutes les têtes et toutes les conversations. Et pas qu'à la droite de la droite.
Verdict de l'IFOP : 5,5 %. Pour certains, cela réglera définitivement la question. Pour d'autres, au contraire, cela alimentera la réflexion et confortera l'existence d'un créneau. En effet, comme toujours avec les sondages, il faut lire les petites lignes, comparer, suivre les dynamiques, observer les blocs qui se dessinent.
D'abord, 5,5 %, pour un premier test d'un candidat hors système et sans parti, c'est un seuil, un socle qui est loin d'être ridicule, surtout à une présidentielle. Le seuil qui vous permet aussi d'être remboursé.
Ensuite, politiquement, cela met Éric Zemmour au même niveau ou plus qu'un Yannick Jadot et une Anne Hidalgo (5 %). Figures bien connues de la gauche adossées, elles, à des partis historiques. Pour un candidat nouveau et sans parti, c'est une base tout de même remarquable. Dit par Jérôme Fourquet, cité par Le Point : « Ce n’est pas faramineux, mais c’est un point de départ non négligeable dans un paysage politique totalement éclaté. »
Mais l'enseignement le plus étonnant de ce sondage, déjà pressenti par Jean-Yves Le Gallou et quelques autres, c'est que, contrairement aux craintes des Le Pen, le score de la candidate du RN ne subit pas d'érosion, avec une candidature Zemmour, et se maintiendrait à 28 %. « Le sondage balaie une idée reçue : s’il surfe sur les mêmes thèmes (sécurité, immigration, déclin de la France) que Marine Le Pen, Éric Zemmour n’ébranle presque pas l’électorat de la candidate du RN. » En effet, Éric Zemmour « engrange davantage de soutiens dans l’ancien électorat fillonniste et chez les partisans d’une droite décomplexée, qui vivent mal le positionnement "ni droite ni gauche" de Marine Le Pen. Il siphonne des voix aussi bien chez LR (Xavier Bertrand atteint ici tout juste 13,5 %) que chez les partisans de Nicolas Dupont-Aignan (à 3,5 %, son plus faible score mesuré depuis des mois). »
Cette situation, pour Jérôme Fourquet, est « l’illustration supplémentaire d’un vaste mouvement de glissement à droite du paysage politique. Avec Zemmour, Le Pen et Dupont-Aignan, on voit se dessiner un bloc de droite nationale très important qui atteint 37 %, c’est spectaculaire ! » Le célèbre mouvement dextrogyre cher à Guillaume Bernard.
De fait, la candidature Zemmour drainerait un électorat urbain, aisé et cultivé qui échappe à Marine Le Pen ; elle aurait l'autre avantage de parachever la déliquescence LR et d'obliger ses rescapés à se positionner. Incontestablement, elle donnerait à la campagne et au débat une autre tournure.
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