Les éditorialistes politiques devraient remercier Xavier Bertrand. Réussir à créer une actu politique un 30 juillet alors que les eaux sont basses et que Macron est à Brégançon, il faut le faire. Il l'a fait. Mais ladite actu n'a malheureusement pas de quoi nourrir à elle seule l'édito. Jugez plutôt : Xavier Bertrand, qui s'était mis en réserve de la République, avait quitté son parti LR avant d'y revenir pour participer à la primaire. Xavier Bertrand y était arrivé quatrième. Humiliant. Depuis, l'évolution à droite a été spectaculaire : des LR marginalisés jusqu'à tomber à moins de 5 % à la présidentielle, une compétition à droite entre Zemmour et Le Pen, avec les résultats que l'on sait.

C'est dans ce paysage qui n'est pas spécialement porteur pour lui que Xavier Bertrand a décidé de se relancer : il a annoncé, samedi, la création, en octobre, d'un nouveau parti - associé à LR - « Nous France ». Le communicant à l'origine du concept a pioché un peu chez Macron - « Avec vous » - et n'a pu éluder le sujet longtemps boudé mais désormais incontournable à droite : la France. Selon Le Figaro, ce mouvement sera « républicain, populaire et humaniste, de la droite et du centre ». Du déjà-vu. Il se concentrera sur trois « axes forts » : « le régalien et l'ordre comme conditions de la croissance, la valeur travail et l'ascenseur social, puis la question territoriale ». Sera-t-il candidat à la présidence du parti ?

Éric Ciotti devrait l'être, lui. Ce qui explique que le challenger de Pécresse à la primaire et la nouvelle icône de la droite identitaire dans le parti, qui était allé jusqu'à affirmer sa proximité avec Éric Zemmour (« Contre Macron, je voterais avec clarté pour Éric Zemmour »), prend désormais ses distances. Dans Nice-Matin, il l'a fait avec d'étranges arguments, prétextant qu'il ne connaissait pas ses propos sur Pétain... Éric Ciotti ignore que l'élégance en politique ne se limite pas à une affaire de cravate. C'est ce que lui a rappelé Guillaume Peltier, toujours dans Nice-Matin : Éric Ciotti a été, aux législatives de juin, l'un des rares candidats LR à ne pas se voir opposer un candidat Reconquête, dans une circonscription où Zemmour avait fait un très bon score...

Donc revoilà les LR repartis pour une énième élection à la présidence, toujours coincés dans leurs contradictions, jouant à front renversé, comme le soulignait avec humour Marc Eynaud dans un tweet.

Mais désormais, l'avenir de la droite s'écrit ailleurs. On voit mal comment ce parti, désormais endetté, à la base militante étriquée et âgée, pourrait remonter la pente. Laurent Wauquiez n'a d'ailleurs pas voulu de la présidence. Avec une implantation territoriale certes encore solide, mais sans dynamique, leur seul espoir réside dans les contre-performances de leurs adversaires : si le macronisme venait à s'effondrer (ce qui n'est pas exclu) ou si le RN peinait à s'organiser et à faire fructifier son succès aux législatives, ce qui n'est pas le cas pour le moment.

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31 juillet 2022 à 10:00

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