[VU D’ARGENTINE] Javier Milei a remis l’Argentine sur le chemin de la croissance

Dix-huit mois après son élection, l'inflation et la pauvreté régressent; la croissance est attendue à 5,5 % !
Capture d'écran Casa Rosada
Capture d'écran Casa Rosada

Javier Milei vient de fêter sa première année et demie de mandat. Au vu du rythme frénétique de la vie politique et économique en Argentine, établir un bilan tous les six mois peut être considéré comme une bonne pratique pour suivre l’évolution des affaires. C’est ce que nous proposons au lecteur.

Cette date lui a apporté deux satisfactions. La première, fort attendue, est l’arrêt de la Cour suprême confirmant la condamnation de Cristina Kirchner à six ans de prison et une inéligibilité perpétuelle. La deuxième, de beaucoup, la plus importante : le chiffre de l’inflation mensuelle du mois de mai tombé à 1,5 %.

Condamnation de Cristina Kirchner

Au terme de 17 ans de procédure, la Justice argentine n’a certes pas battu des records de célérité et rien ne semble indiquer une soudaine fulgurance pour le traitement des trois autres procès fleuves que doit affronter l’ancienne présidente. La loi argentine prévoit qu’au-delà des 70 ans, la peine peut être domiciliaire. Mme Kirchner devra en principe renoncer à son mandat de présidente du Parti justicialiste, ce qui lui donnera du temps libre pour affronter la Justice.

Au niveau politique, il est encore trop tôt pour savoir si, dans les bases traditionnelles du kirchnérisme (en gros 25 % des électeurs), la figure de la pauvre victime d’une atroce erreur judiciaire va prévaloir sur le soulagement de l’élimination d’un personnage devenu trop encombrant. En d’autres termes, déterminer si le péronisme traditionnel va se fracturer, qui va en récupérer les morceaux et quel va être le prix à payer pour l’éventuel vainqueur. La bataille a déjà commencé, elle s’annonce féroce et le mieux que pourra faire Javier Milei sera de prendre de la hauteur. Suivant ses termes, il pensera certainement qu’une bande de « babouins » sauraient faire preuve de plus de civilité que cette armada en déroute, mais il serait préférable qu’il se retire sur l’Aventin.

Les Argentins ont coutume de dire que le péronisme est comme les chats et qu’il dispose de sept vies. Cependant, pour une résurrection politique, il faut de l’argent, beaucoup d’argent et, pour ce faire, de la corruption. Javier Milei a éliminé l’un et l’autre. Dansez, « babouins » !

Et l'inflation ?

Au niveau du bilan économique et pour un esprit européen, un chiffre d’inflation de 1,5 % mensuel, qui équivaut pratiquement à 20 % par an, ne paraît pas particulièrement sympathique. Cependant, si l’on remonte un an et demi en arrière, le taux de 25,5 % du seul mois décembre 2023 (54 % en prix de gros) projetait le pays au niveau stratosphérique de 18.000 % d’inflation annuelle. Nos lecteurs se souviennent des treize zéros amputés à la monnaie, et les Argentins aussi. Il y a donc un rapport direct entre les dixièmes de point d’inflation et le vote populaire… Les élections de mi-mandat sont dans moins de quatre mois.

Par définition, tout bilan est basé sur des chiffres, nous ne souhaitons cependant pas saturer le lecteur. Nous ne reviendrons pas sur la stricte discipline fiscale avec la fin de l’émission monétaire, base d’un budget excédentaire, sur la libération quasi complète du marché des changes, sur le dégraissage du mammouth de l’appareil de l’État, sur l’élimination de milliers de normes bureaucratiques de type presque soviétique qui paralysaient le fonctionnement du pays, ou sur la réduction drastique de 30 % des dépenses publiques. Il faudrait encore ajouter l’élimination presque complète des subventions aux services publics. Une mise en marche d’un plan de privatisations lent mais solide… La liste serait interminable.

Baisse historique du taux de pauvreté

Ces réformes, qui sont aussi le fruit de la capacité de résilience du peuple argentin, et en particulier de la petite classe moyenne, ont permis que le taux de pauvreté, qui était de 42 % en 2023, tombe à 33 % au début 2025. Ces chiffres sont indignes d’un pays du potentiel de l’Argentine mais vont dans le bon sens. En attendant, la croissance est estimée par le FMI à 5,5 % pour l’année 2025.

Pour le proche avenir, la tâche est immense. L’urgence est de consolider définitivement le secteur externe avec une recapitalisation de la Banque centrale et aussi d’engager une réforme fiscale profonde qui seule peut baisser le coût argentin et permettre ainsi aux entreprises de supporter une inévitable et nécessaire ouverture de l’économie.

Javier Milei doit, plus que jamais, agir avec décision, pragmatisme mais aussi prudence. Surfant sur la vague actuelle, et avec l’aide de ses alliés de centre droit, au mois d’octobre, une majorité à la chambre basse semble lui être promise. Pour l’instant, il souffle les bougies.

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Michel de Saizieu
Essec, vit en Argentine depuis 1973, CEO d’entreprises agricoles, ancien Conseiller du commerce extérieur de la France à Buenos Aires.

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Le monde entier le critiquait, c’était l’homme à abattre… et bien voilà, il risquait de montrer l’exemple et c’est exactement ce qu’il a fait. Les argentins en ont bavé, certes, mais ça n’a duré que 18 mois ! Et la nôtre de galère, elle va durer combien de temps ? Est-ce qu’il existe un Milei français ?

  2. Comme quoi, après une (longue) période de chienlit, seule une dictature s’impose ! . Pour la France, plus on attend, et plus la reprise en main sera difficile…. et douloureuse.

    • Dire que Milei est un dictateur, il fallait oser… Et c’est même plus que déplacer. C’est surement le plus démocrate des président argentin depuis 50 ans.

  3. La recette de Milei: il a mis fin à l’hypersocialisme redistributeur, celui-là même qui ruine la France. Malheureusement, ni homme ni femme politique ne brandit la tronçonneuse dans notre pays. Le déclin arrive à son terme: nous sombrons.

  4. Ce qu’a fait ce Président donne de l’espoir pour nous. Nous en avons cruellement besoin pour l’après Macron
    pion du mondialiste.

  5. Il a pris les mesures qu’on devrait prendre chez nous mais pour ça il faut du courage et ça en France, les politiques n’en ont pas et ne voient que leur intérêt

  6. 30% de baisse des dépenses publiques ! Et en France on dépense toujours plus, infichus de faire le moindre centime d’économie …

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