Dimitris Avramopoulos, vous connaissez ? Sans doute pas. Tout comme moi jusqu’à ce matin. C’est le commissaire européen chargé des migrations, des affaires intérieures et de la citoyenneté. Membre de la Nouvelle Démocratie, un parti de centre droit grec, il fut jadis maire d’Athènes, député, ministre du Tourisme et de la Santé (successivement !) puis ministre des Affaires étrangères avant de rejoindre en 2014 la Commission européenne.

Il vient de donner une tribune dans la revue de la très européiste Fondation Robert Schuman, reconnue d’utilité publique en France (cela va sans dire) et présidée par Jean-Dominique Guiliani, rond de serviette de vermeil sur le plateau de C dans l’air sur France 5. Titre de cette tribune : « Il est temps de construire une politique européenne d’immigration et d’asile pour l’avenir ». Autant vous dire que c’est total raccord avec le Pacte de Marrakech.

Étonnement, cette tribune, véritable ode à la migration, commence par tout un chapitre sur la lutte contre la désinformation. On dirait que cela devient une obsession. Avramopoulos part d’un constat : « Les citoyens ont de réelles préoccupations quant à l’impact de la migration sur leur entourage et voisinage ». Chirac, dans un autre siècle et d’autres circonstances, disait cela avec des mots plus explicites. Autres temps, autres mots.
Donc, c’est bien, on se dit que voilà un technocrate qui est conscient du problème. So What ? «Nous devons écouter, agir et expliquer…» On croirait du Macron dans le texte.
Et pourquoi faut-il écouter, agir et expliquer ? « Parce que les populistes et les nationalistes exploitent déjà largement la question migratoire, répandant souvent la peur et la désinformation ».

Au fond, le problème, ce n’est pas la question migratoire, c’est les populistes. Or, en 2019, vont avoir lieu les élections européennes. Et là, on sent la frousse qui gagne les immeubles de verre bruxellois : « Il est urgent de mobiliser et d’empêcher que de sinistres forces extérieures n’influencent notre débat européen par le biais de faux messages et de tweets frauduleux ». Qu’est-ce à dire ? Qui sont ces « sinistres forces extérieures » ? Vous avez dit complotiste ? C’est pas un peu celui qui dit qui est, non ?

Alors, poursuit le commissaire européen, « Il est de notre responsabilité d’assurer un débat de qualité et d’expliquer clairement la différence entre la réalité et la fiction ». On imagine que M. Avramopoulos va venir expliquer aux braves citoyens, qui ne comprennent rien à rien, cette différence entre réalité et fiction en certains quartiers de notre belle Europe, par exemple en France, où, paraît-il, on envisage une « reconquête républicaine ». Et pour les nostalgiques du Mur de Berlin, notre Hellène bruxellois n’hésite pas à enfiler sa salopette et faire tourner la bétonnière : « Nous devons ériger un mur contre les forces populistes et nationalistes qui cherchent à nous isoler et à nous diviser ».

Plus loin, entrant dans le vif du sujet du problème migratoire, M. Avramopoulos dévide le catéchisme onusien sur les migrations : « Nous devons reconnaître la migration et la mobilité humaine comme faisant partie de notre histoire et comme une réalité de notre avenir ». Ainsi est résumée la construction européenne que l’on nous promet : un mur pour les populistes et nationalistes, les portes ouvertes pour les migrants.

Car il s’agit que la migration « soit perçue comme un avantage pour notre économie et notre société ». On notera que l’économie passe avant la société : question de priorité, évidemment. Plus loin, du reste, le commissaire européen insiste bien sur ce besoin de migration pour nos économies. Entre nous, quel paradoxe ! Ce commissaire européen, citoyen grec, se fait le chantre de la migration, forcément extra-européenne, alors même que son pays a connu ces dernières années une émigration, notamment de ces jeunes diplômés, après les mesures budgétaires draconiennes imposées par l’Union. Ainsi, entre 2008 et 2016, selon Libération, ils auraient peut-être été 427 000 à s'exiler. Pour un pays de moins de 11 millions d’habitants… C’est ce qui doit s’appeler marcher sur la tête.

Pas une seule fois, évidemment le mot "civilisation" n'apparaît dans cette tribune. Et une précision pour terminer : M. Dimitris Avramopoulos est donc issu du Parti grec Nouvel Démocratie, lui-même affilié au Parlement européen au Parti populaire européen. Comme le parti français LR…

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18 décembre 2018 à 18:57

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