La guerre d’Ukraine produit une réaction surprenante de l’Allemagne en matière de défense. S’en remettant depuis des lustres à l’OTAN et son grand parrain américain, elle consacrait son budget à d’autres options favorables à son économie et sa balance commerciale. Ce temps de la bonne conscience - et de la repentance pour les actions guerrières du XXe siècle ? - s’est achevé avec l’agression brutale de Poutine. Les appels du Président français pour une défense européenne ont été entendus, mais en échos, provenant en retour de Moscou.

Ainsi, Berlin va débloquer une enveloppe qualifiée d’« exceptionnelle » de 100 milliards d’euros pour moderniser ses armées dès cette année. En outre, le chancelier Olaf Scholz vient de déclarer, lors d’un séance spéciale à la Chambre des députés : « Nous allons, à partir de maintenant, d'année en année, investir plus de 2 % de notre produit intérieur brut dans notre défense. » Elle rejoint ainsi des pays européens, dont la France, qui consacre depuis 2020 ce niveau à la défense, suivant les ardentes prescriptions de l’OTAN.

Pour l’Allemagne, une décision immédiate est d’acquérir 35 chasseurs F-35 américains, rejoignant ainsi le club des neuf pays européens ayant opté pour cette solution, dont récemment la Suisse et la Finlande. Notre Rafale est donc l’exception dans le ciel communautaire – exception faite de la Grèce.

Plus grave est le risque qui menace corollairement le projet SCAF – système de combat aérien du futur - impliquant une coopération tripartite France, Allemagne, Espagne, les industriels concernés étant Dassault et Airbus, et la Française maître d'œuvre pour la réalisation du prototype. Cependant, des requêtes et contestations concernant les charges de chacun dans cette première phase perturbent la validation définitive de ce concept très novateur au plan opérationnel, et conséquent pour les entreprises et sous-traitants concernés.

Au point qu’un doute gagne les acteurs pour sa poursuite, ce qui est commenté par Éric Frappier, PDG de Dassault-Aviation : « Si la situation ne se dénoue pas, il y aura des plans B. »

Des plans B, ce qui sous-entend d’autres partenaires. À l’Ouest, en Asie ?

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17 mars 2022 à 12:57

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24 commentaires

  1. La France totalement indépendante et neutre , ni Otan ni UE, et donc fabriquant seule son armement et libre de le vendre , favorisant l’industrie nationale ainsi que son agriculture. Pas de solidarité obligée envers ses voisins, qui, s’ils le désirent, batailleraient contre la Russie. Une neutralité qui a bien réussi aux suisses. Il n’y a que France qui m’arrange, il n’y a que Versailles qui m’aille, Bruxelles sans nous et le site de Strasbourg transformé en palais d’exposition de nos produits.

  2. Dans le contexte de la guerre froide, le projet, qui est esquissé en septembre-octobre 1950, ne devient un traité, signé par 6 États, que le 27 mai 1952. Ratifié par la République fédérale d’Allemagne (RFA ou Allemagne de l’Ouest), la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, le traité instituant la CED sera rejeté par l’Assemblée nationale française le 30 août 1954 par 319 voix contre 264.
    Nous avons donc un vieux serpent de mer, couvert de poussière, qui n’a jamais vécu.

  3. Berlin est devenue la « Taupe militaire » de l’OTAN en Europe… Soumise, et désormais Active ! On peut craindre le Pire pour l’avenir…

  4. Le choix Des Allemands n’a rien de surprenant; ils ont toujours agi contre nos intérêts. L’Eurofighter Typhoon en était déjà un exemple. Sauf que, en choisissant le F 35, tout comme les Suisses, ils vont s’apercevoir que cet avion coute X fois son prix en maintenance. Par ailleurs, sa supériorité sur le Rafale n’est toujours pas prouvée, bien au contraire.
    Le « couple franco-allemand » = une chimère.

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