Visite de Macron en Algérie : le grand rabbin de France qui l’accompagne ciblé sur les réseaux sociaux
Alors que les relations franco-algériennes sont loin d’être au beau fixe, Emmanuel Macron se rendra en Algérie, jeudi, afin de s’entretenir avec son homologue Abdelmadjid Tebboune. Au programme, des discussions autour de l’économie et de la situation géopolitique au Mali. Un détail a toutefois soulevé l’indignation de quelques dignitaires algériens : Haïm Korsia, le grand rabbin de France, fera partie de la délégation française. En apprenant la nouvelle, Abderrazak Makri, chef du parti algérien du Mouvement de la société pour la paix, très proche des Frères musulmans, s’est empressé de dénoncer la présence prévue du grand rabbin qui « soutient l’entité [l’État d’Israël] ». Dans la foulée, un torrent d’insultes antisémites a déferlé sur les réseaux sociaux contre Haïm Korsia, mais aussi contre une jeune journaliste d’i24 qui a eu le malheur d’évoquer ces attaques.
Je suis la cible d'une vague de harcèlement depuis la diffusion de cette chronique qui est partagée dans des groupes qui puent. Drapeaux algériens, insultes antisémites en rafale. Je m'en tamponne le coquillard, c'est juste que si j'avais su, je me serais mieux coiffée. https://t.co/Xmz2YA2NpV
— Noémie Halioua (@NaomiHalll) August 23, 2022
L’Algérie et les juifs : une histoire douloureuse
L'Algérie, depuis son indépendance, n'a jamais reconnu l'État d'Israël. Elle avait même envoyé un corps expéditionnaire pour combattre les Israéliens en 1967, lors de la guerre des Six Jours, et en 1973, lors de la guerre du Kippour. Les critiques et les invectives envers l’État juif de la part de l'Algérie n'ont du reste jamais cessé.
Parallèlement à cette crispation diplomatique, un sentiment antisémite sévit au sein de la population algérienne. Il remonte sans doute à la période coloniale durant laquelle les juifs jouissaient d’un statut plus favorable que celui des musulmans (décret Crémieux de 1870). Ils ont été, en outre, des soutiens permanents de la présence française. C’est donc sur ce terreau fertile qu’Abderrazak Makri s’en est pris publiquement au grand rabbin de France, Haïm Korsia. Sur sa page Facebook, le leader du Mouvement de la société pour la paix écrit : « Après le scandale impliquant des joueurs de football pour visiter l'entité [Israël, allusions aux internationaux algériens de l'OGC Nice qui ont disputé à Tel Aviv un match de la Coupe de l'UEFA, NDLR], voilà encore la France officielle qui ramène le grand rabbin de France qui soutient l'entité et qui dénie leurs droits aux Palestiniens. » Il s’en prend alors à la France, « chef de file de la laïcité et du jacobinisme qui combat tous liens entre religion et politique, mais qui les pratique finalement : la laïcité en France ne concernerait que l'hostilité contre l'islam. »
Le grand rabbin de France en visite avec Emmanuel Macron : une provocation ?
Pourquoi donc Emmanuel Macron a-t-il jugé bon de s’entourer d’une personnalité religieuse particulièrement contestée dans les pays musulmans pour sa visite en Algérie ?
Rappelons d’abord qu’Haïm Korsia est lui-même d’origine algérienne. Le grand rabbin de France est très concerné par la question mémorielle des juifs d’Algérie et milite activement pour la préservation des cimetières juifs, régulièrement profanés, au même titre que les cimetières chrétiens. Interrogé par Radio J sur la raison de sa présence au sein de la délégation d’Emmanuel Macron, le rabbin répond : « J’espère que les juifs pourront pèleriner [en Algérie] comme ceux du Maroc et de la Tunisie. » Selon lui, l’invitation de Macron « signifie que le chef d’État est très concerné par cette question ».
La présence d’Haïm Korsia aux côtés d’Emmanuel Macron pose aussi la question d’une hypothétique normalisation des relations entre l’Algérie et Israël : un sujet de tension avec son voisin, le Maroc, qui s’est rapproché de l’État juif en 2020 sous la pression de Donald Trump. Le gouvernement algérien, quant à lui, condamne fermement tout rapprochement diplomatique entre les pays arabes et Israël. Haïm Korsia, lors de ses interventions médiatiques, défend régulièrement la légitimité d’Israël à exister en tant qu’État et a fait de la lutte contre l’antisionisme son cheval de bataille. Sa visite officielle en Algérie est donc inédite. Elle pourrait annoncer un futur apaisement entre les deux pays.
En attendant, une pluie d’insultes s’est abattue sur les réseaux sociaux à l’annonce de la venue du rabbin. Sur Twitter, un internaute écrit : « Haïm Korsia ne vient pas en tant que rabbin ou Français d’Algérie mais en tant que soutien de la politique expansionniste du régime d’apartheid sioniste ! » Une autre ajoute, très énervée : « J’aime mon pays mais si cette personne met un pied en Algérie, je renierai ce pays à vie ! » Le tout, pour l'instant, sans aucune réaction officielle du gouvernement algérien.
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
21 commentaires
Encore une escapade en grandes pompes de notre président dont le résultat n’aura comme effet, comme d’habitude, d’encore plus d’humiliations, de repentances, de soumissions, d’une énième perte de notre indépendance.
Curieux que personne ne s’étonne ni ne soulève la « coïncidence » de ce déplacement ait lieu au moment où doivent enfin prendre fin les accords- mortifères- d’Évian.
Je crains fort qu’au prétexte de notre besoin de gaz, la prétendue fin de ces accords ainsi que le « modèle » des exigences imposées par les pays arabes lors de la crise pétrol!ère de 1973 , dont le regroupement familial, n’aboutissent à un chantage et à une pleïade d’avantages colossaux revendiqués par un pays qui nous méprise, nous voue une haine éternelle, figé dans le passé, incapable de repentance, de pardon, d’ouvertures quelles qu’elles soient, ce qui soumettra totalement notre pays.