Verdun : ils voulaient convertir des carmélites. Pas de quoi fouetter un chat, dit la Justice

Le Coran est tolérant à l’égard des conversions au christianisme, n’est-ce pas ? En revanche, n’hésitez pas à vous convertir à l’islam. C’est même bien vu, surtout si vous êtes carmélite, et recommandé pour ne pas aller en enfer. Oyez donc ce qui se passa, mercredi, au tribunal de Verdun !

Le 10 novembre 2017, deux individus de confession musulmane se présentent au carmel, pendant une prière. Ils viennent, disent-ils, pour parler religion. Ils prient à haute voix pendant l’office : une prière œcuménique, sans doute ? L’un deux dit à une nonne que, si elle ne se convertit pas, elle ira en enfer. L’autre déclare venir "en annonciateur, en avertisseur". Très gentiment, avec le sourire. Ils veulent sauver des âmes.

L’abbé, qui dirigeait la cérémonie, les a trouvés "très doux", sans "mauvaise intention". Ils ont même remercié, en partant, pour l’accueil. Les religieuses ont été un peu inquiètes : un an après le drame de Saint-Étienne-du-Rouvray, cela leur rappelait de mauvais souvenirs. Le lendemain, elles ont préféré fermer les portes de la chapelle.

L’affaire était donc traitée, mercredi, devant le tribunal. Les prévenus comparaissaient pour « faits de violences psychologiques ». Le procureur, réaliste, explique que cet incident "heurte, choque, sidère, terrorise" et qu’écrire "Allahu akbar" dans le livre d’or du couvent, "c’est une forme d’humiliation". Il requiert dix mois avec sursis pour les deux. Quelle sévérité !

Les avocats ont une vision plus angélique des inculpés. D’abord, ils ont des circonstances atténuantes : l’un, suivi pour schizophrénie depuis quatorze ans, l’autre, avec de lourds problèmes de drogue. Ils plaident donc la relaxe. Quoi de grave, dans cette histoire ? L’invocation à Allah, "ça veut dire Dieu est grand. Ce n’est pas une insulte" ; et puis, point "d’éléments intentionnels". Tout cela est un malentendu ! Bref, les faits n’étant pas établis, les deux accusés sont relâchés.

Quel que soit leur degré de responsabilité, cette affaire est instructive. Pas question, selon nos lois, de traiter la religion musulmane différemment des autres. Même pas ses versions salafistes, comme le souhaiterait, entre autres, Manuel Valls. Il est vrai que, quand on commence à s’attaquer à une idée, on ne sait pas où on s’arrêtera. Mais au moins pourrait-on expliquer clairement les dangers du salafisme ou de ses avatars et inciter à s’en méfier.

Ces apôtres de l’islam sont presque présentés de façon sympathique. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! Ils voulaient convertir des carmélites, voyez-moi ça ! Pas de quoi fouetter un chat ! Ça partait d’un bon sentiment, que diable ! Ils ont des problèmes psychologiques, en plus ! Mystiques, peut-être ? Les sœurs, malgré leur frayeur, leur auraient pardonné. Le pardon est, sans doute, dans leur nature, même si cette sympathie universelle pour le prochain ne doit pas s’apparenter à de la naïveté.

Mais quand on voit les autorités publiques et certaines associations bien-pensantes prendre prétexte de la démocratie, de la laïcité et d’une conception rousseauiste de l’homme pour mettre le Coran et les sourates les plus contestables sur le même plan que le Nouveau Testament et les préceptes des Évangiles, on peut s’interroger sur le discernement de ceux qui nous gouvernent.

La meilleure arme des musulmans les plus radicaux, c’est de nous désarmer.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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